Le personnel de la SNPT lance un préavis de grève de 72h.
L’histoire de l’exploitation des phosphates au Togo ressemble à celle de la malédiction du pétrole, à la différence qu’ici, il n’y a pas encore eu de guerre pour le contrôle de ce minerai. Les phosphates au Togo depuis la fameuse nationalisation de 1974, c’est le réservoir qui sert à financer les prodigalités du régime Gnassingbé de père en fils pour un règne sans fin. La plupart des Directeurs Généraux et Présidents du Conseil d’Administration qui se sont succédés à la tête de cette société so nt devenus des milliardaires pendant que les populations de la région continuent de côtoyer la misère corrosive.
La gabegie, le pillage, l’enrichissement illicite par l’exploitation des phosphates semblent plus que jamais avoir le vent en poupe sous l’ère du fils. La balade des vautours continue, cette fois-ci avec un réseau d’expatriés israéliens avec à leur tête un ancien du MOSSAD nommé Raphy Edery. De Lomé à Paris en passant par Tel-Aviv, le vrai patron des phosphates togolais, c’est lui. Il est au service exclusif de son mentor Faure Gnassingbé.
Le Président du Conseil d’Administration, Ignace Clomegah , Conseiller financier de Faure Gnassingbé et le DG de la SNPT, Michel Kézié ne sont que des faire-valoir. Raphy Edery qui a obtenu de Faure Gnassingbé le pouvoir discrétionnaire pour gérer le plus important gisement minier de phosphates de l’Afrique Sub-saharienne en a profité pour introduire sa famille dans les arcanes de la société, surtout à des postes stratégiques. Ils sont bien installés à Lomé avec des salaires conséquents comme l’indique le tableau (actualisé des salaires de certains d’entre eux) et des avantages et indemnités à couper le souffle : (logements luxueux, véhicules neufs avec chauffeurs, payement par anticipation tous les deux mois, indemnités de déplacement par avion très élevés 5000 euros pour certains par mois etc.).
Ces expatriés dont les compétences et l’apport à la société sont même mis en doute par des Togolais sont également les premiers responsables de la SNPT à Paris. Ce sont eux qui se chargent de négocier les prix à l’international pendant qu’à Lomé, le fils de Raphy Edery s’occupe exclusivement du tonnage qu’embarquent les bateaux à Kpémé, loin des services des douanes.
En 2013, pour une masse salariale de 6 123 448 386 (six milliards cent vingt-trois millions quatre cent quarante huit mille trois cent quatre vingt six F CFA), le personnel expatrié facturé à l’entreprise revient à 999 174 475 ( neuf cent quatre vingt dix neuf millions cent soixante quatorze mille quatre cent soixante quinze F CFA) sans compter les indemnités. Le nombre des expatriés à ce jour est de 14 personnes et les coûts de leurs salaires et indemnités ont connu une augmentation exponentielle en 2014. La quantité des phosphates exportés à ce jour échappe à tout contrôle. Mais les chiffres fournis par nos sources à la SNPT sur la quantité exportée, les charges personnelles, l’électricité etc et le résultat net sont consignés dans le tableau ci-dessous.
Les avantages des expatriés et des premiers responsables togolais de la SNPT contrastent avec le niveau des salaires et indemnités des employés togolais. Ces derniers ont plusieurs fois protesté par des cessations de travail. Le gouvernement a engagé des discussions qui ont abouti à un relevé de conclusions le 30 janvier 2015.
A ce jour, la plupart des points consignés dans cet accord n’ont connu aucune suite. Une mauvaise foi qui suscite une levée de boucliers des différents syndicats de la SNPT qui lancent un préavis de grève de 72h pour les 24, 25 et 26 novembre 2015. Les différentes revendications des travailleurs de la SNPT sont exposées dans le préavis de grève que nous publions intégralement. Les phosphates au Togo, c’est la vache à lait du régime, et cela risque d’être encore le cas pour longtemps avec les vautours expatriés qui continuent d’exécuter leur danse macabre.