Récupération politique des évènements douloureux de Mango: Le CAP 2015 organise une marche le 21 novembre pour se faire une santé politique

Politique

Publié le vendredi 20 novembre 2015 | Chronique de la Semaine

© aLome.com par Parfait
Marche de protestation du MMLK -contre les violences à Mango- qui n`est jamais allée à son terme, à cause de tirs de gaz lacrymogène.
Lomé, le 13 novembre 2015. Plusieurs ressortissants de la Préfecture de l`Oti ont répondu à l`appel à manifester du MMLK pour dénoncer les violences meurtrières à Mango et la repénalisation du délit de presse dans le Code pénal togolais.

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«Le malheur des uns fait le bonheur des autres ». Cet adage répond bien à la marche que veut organiser le CAP2015 à Lomé le 21 novembre prochain. En effet, après les évènements douloureux survenus à Mango, le CAP2015 qui est en hibernation depuis sa débâcle à l’élection présidentielle de 2015, semble trouver l’opportunité pour se faire une santé politique.

Alors que les Togolais sous le choc attendent les résultats des enquêtes pour déterminer les circonstances dans lesquelles ces manifestations violentes ont causé la mort de cinq personnes et pour identifier et punir les éventuels coupables, le parti de Jean-Pierre Fabre et ses affidés regroupés au sein du CAP2015 ont trouvé l’occasion de se faire entendre en organisant une marche pour, disent-ils, soutenir la population.

Dans un communiqué rendu public le 17 novembre, les responsables du CAP 2015 « invitent toutes les forces vives de la Nation à prendre massivement part à la Grande marche pacifique suivie d’un meeting qu’ils organisent à Lomé, le samedi 21 Novembre 2015, à partir de 08h00, pour exprimer aux populations de l’OTI meurtries, la compassion et la solidarité du Peuple Togolais ». Cette invite sonne comme l’occasion qu’attendait le CAP2015 pour faire sa rentrée politique.

Après le scrutin du 25 avril dernier où le candidat du CAP2015, Jean-Pierre Fabre, a mordu la poussière, les responsables de cette coalition ont tenté certaines actions qui n’ont rien donné notamment les marches des 27, 28, 29 mai boudée par les militants, la publication d’un mémorandum dénonçant des fraudes imaginaires et qui est passé inaperçu ainsi que le 5éme anniversaire de la création de l’ANC qui a été un non évènement.

Toutes ces actions n’ont rien donné car les militants non seulement sont fatigués d’écouter le même discours mais aussi ils commencent par comprendre que leurs dirigeants sont à court de stratégies politiques pour leur apporter la victoire. On en était là lorsque le problème de délimitation de l’aire protégée a dégénéré à Mango avec à la clé cinq morts.

Au lieu de compatir avec la population en priant pour le repos de l’âme des victimes et pour la manifestation de la vérité afin que les auteurs de violences soient punis, le CAP2015, à court d’idées et de stratégies, annonce urbi et orbi une marche pour samedi, certainement dans le but de prendre le pouls de la situation et de voir si les militants peuvent cette fois-ci répondre à son mot d’ordre.

La population de Mango a-t-elle besoin d’une marche actuellement ? Le hic, c’est que cette population est même méprisée par le CAP2015, car lors du scrutin du 25 avril dernier, les acolytes de Jean-Pierre Fabre ont annoncé sa victoire en excluant le vote des électeurs de Mango. L’on se souvient, en effet, que le premier vice-président de l’ANC avait proclamé les résultats des compilations de ce parti en excluant le vote de 16 CELI (Commission Electorale Locale Indépendante) dont celle de Mango. En clair, pour le CAP2015, les électeurs de Mango n’existent pas.

Face à ce cynisme du CAP2015, le président du MRC, Abass Kaboua, très consterné, est monté au créneau en publiant un communiqué.

Dans ce communiqué, Abass Kaboua dénonce la récupération malsaine de la situation à Mango par les responsables de cette coalition qui « après avoir rejeté les voix des électeurs de toutes les CELI du nord, y compris bien sûr celle de Mango pour cause de contestation lors de la dernière élection présidentielle, tentent contre vents et marées d’intoxiquer les populations. Ce n’est ni plus ni moins que de la récupération malsaine ».

Evidemment le président du MRC a raison car rejeter le vote d’une population au cours d’une élection, c’est faire preuve d’un mépris envers elle. L’attitude du CAP2015 qui attend de voir les fils de Mango tomber avant de compatir à leur situation, n’est que pur cynisme.

Ouattara Fousséni, un fils de Mango résidant à Lomé, est catégorique : « Je ne participerai jamais à cette marche du CAP2015 car dans notre tradition, lorsqu’on est en deuil, on ne manifeste pas bruyamment sur les routes. Je suis en colère contre ce qui s’est passé chez moi à Mango, mais j’attends le résultat de l’enquête que le ministre de la Sécurité a annoncée pour comprendre les circonstances dans lesquelles le drame est survenu. Nous sommes nombreux à rejeter la marche du CAP2015 et nous ne comptons pas prendre part à cette récupération politique ».

En tout cas, le président du MRC, Abass Kaboua, s’interroge dans son communiqué : « Peut-être, veulent-ils voir étendre l’hécatombe sur le pays entier et faire de nouveaux cadavres ? Sinon, quel est l’intérêt du peuple quand le CAP 2015 se déploie à corps et à cris pour récupérer l’événement ?»

Evidemment l’on peut donner raison à Kaboua, car la promptitude du CAP2015 à organiser des marches laisse à penser que Jean-Pierre Fabre et ses affidés attendaient la mort des Togolais pour relancer leurs manifestations. Quelle méchanceté !

Aliziou Dominique

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