BOBIGNY - Violée à plusieurs reprises sous prétexte d’exorcisme, une adolescente de 17 ans a raconté mercredi aux assises de Bobigny la "peur" et les "pressions" infligées par son agresseur et par sa mère, accusée de l’avoir livrée au violeur par superstition.
"Il a essayé de me détruire", a déclaré face à la cour d’assises la jeune femme, cheveux tirés vers l’arrière et visage juvénile. "J’avais peur. Il me disait que si je refusais les cérémonies, j’allais mourir", a-t-elle ajouté, d’une voix posée.
L’adolescente, 14 ans à l’époque des faits, a expliqué comment sa mère, une franco-camerounaise, l’avait convaincue de laisser faire l’accusé, qui allait ainsi la "libérer" d’un mauvais esprit qui habitait en elle.
"J’avais confiance en ma mère. Je ne pensais pas qu’elle pouvait me faire du mal", a expliqué l’adolescente, qui accuse sa mère d’avoir fourni des préservatifs à l’accusé, mais aussi de l’avoir rémunéré, pour mener à bien ces séances d’exorcisme.
"Elle ment", a assuré cette mère de quatre enfants, 41 ans. "Tout ce que j’ai pratiqué avec les enfants, c’était des prières et des purges", a ajouté cette petite femme, décrite comme "influençable" et "vulnérable" par les experts.
Interrogé par la cour, l’accusé, 28 ans, a reconnu avoir violé l’adolescente, assurant avoir agi "sous l’emprise" d’esprits vaudous, sans apporter de réponse claire sur la participation ou non de la mère de la victime à ces séances.
"Les vaudous m’avaient dit : soit tu couches avec une mineure, soit tu tues un albinos", a raconté ce Togolais installé en France depuis 14 ans. "Je ne voulais pas le faire, mais il y a eu des menaces. Nous étions sous leur emprise", a-t-il assuré.
L’adolescente, à l’époque des faits, vivait au domicile de sa tante à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), où elle avait emménagé après avoir redoublé sa classe de collège pour suivre des études dans un établissement jugé plus strict par sa mère.
C’est dans une chambre de cet appartement, situé dans la Cité des Joncherolles, qu’elle aurait été violée par l’accusé, alors concubin de sa tante, à cinq reprises entre fin 2010 et début 2011.
Dénoncé par son beau-frère, lui-même alerté par les soeurs de l’adolescente, l’accusé avait finalement été interpellé le 24 février 2011, moins d’une heure après un dernier viol sur sa victime.
Le procès, qui a début mardi, doit s’achever vendredi.