Le gouvernement chinois a annoncé, le 26 novembre, avoir conclu un accord avec Djibouti pour la construction d'une base militaire navale dans ce petit pays de la Corne de l'Afrique. Cette première base militaire de l’empire du milieu à l’étranger servira, selon le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei, à «effectuer des missions navales anti-piraterie au large de la Somalie et de fournir une assistance humanitaire». Elle facilitera aussi, selon lui, la participation des troupes chinoises aux missions de maintien de la paix de l'ONU en Afrique.
Mais pour les experts, cette première base navale en Afrique, un continent devenu en 2009 le premier partenaire commercial de la Chine et où Pékin investit massivement depuis plusieurs années, servira aussi à sécuriser les importants intérêts commerciaux de la deuxième puissance économique mondiale dans la région et à positionner le géant asiatique en tant que grande puissance mondiale, au même titre que les Etats-Unis ou la France et le Japon. Cela est d’autant plus vrai que Djibouti, un petit pays de moins d’un million d’habitants, est situé dans la corne de l’Afrique à la rencontre du golfe d’Aden et de la mer Rouge, entre l’Érythrée et la Somalie. Ce pays est ainsi très proche du détroit de Bab Al Mandab, une voie par laquelle transite 40 % du trafic maritime mondial.
«Djibouti est pour la Chine une porte d'entrée idéale vers l'arrière-pays africain, où ses activités commerciales prospèrent : en Ethiopie surtout, mais aussi au Sud-Soudan, et jusqu'aux Grands Lacs», assure Valérie Niquet, maître de recherche et responsable du pôle Asie à la Fondation française pour la recherche stratégique (FRS). «De même la Chine entend rassurer ses travailleurs expatriés, qui commencent à être victimes du terrorisme, comme récemment au Radisson Blu de Bamako, où trois Chinois sont morts», ajoute Mme Niquet.
Pour Antoine Kernen, chercheur à l'Institut des sciences sociales de Lausanne, s'implanter militairement à Djibouti est aussi «un moyen de jouer dans la cour des grands, sans que cela soit une provocation belliqueuse».... suite de l'article sur Autre presse