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Les ressortissants de l’Oti disent «NON à la faune»
Publié le mardi 1 decembre 2015  |  icilome


© aLome.com par Parfait
Marche de protestation du MMLK -contre les violences à Mango- qui n`est jamais allée à son terme, à cause de tirs de gaz lacrymogène.
Lomé, le 13 novembre 2015. Plusieurs ressortissants de la Préfecture de l`Oti ont répondu à l`appel à manifester du MMLK pour dénoncer les violences meurtrières à Mango et la repénalisation du délit de presse dans le Code pénal togolais.


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En conférence de presse lundi, les ressortissants de la préfecture de l’Oti ont d’une même voix dit non à la faune dans leur région. Voici leur déclaration liminaire.


Déclaration liminaire : Non à la faune dans l’Oti

Depuis quelques jours, les populations de l’Oti mènent une lutte héroïque contre l’instauration de la faune sur leurs terres ancestrales malgré le lourd tribut qu’elles ont déjà payé en termes de pertes en vie humaine de blessés et d’exilés ainsi que des dégâts matériels.

En effet, depuis la date du 06 novembre 2015, début des grandes manifestations pacifiques contre la confiscation des terres cultivables pour en faire une, sept personnes (six civils et 1 policier) ont perdu la vie.
Les 6 civils ont été tués les uns par balles réelles, les autres écrasés par un char de l’armée.

Ces personnes sont toutes mortes pour une cause juste. Elles sont mortes, parce qu’elles n’avaient pas d’autres choix que de résister à la tentative du gouvernement de les faire disparaître de la terre de nos aïeux. Qu’il plaise à Dieu Tout Puissant de leur accorder sa grâce.

Mais la lutte pacifique que mènent les populations de l’Oti contre la faune pendant que se tient à la Paris la conférence mondiale sur le climat pour rechercher les voies et moyens de mieux protéger notre climat afin de limiter les effets liés à la dégradation de l’environnement. Les médias, notamment internationaux reprennent en boucle des informations alarmantes sur le climat.

Dans ce contexte des esprits mesquins tentent de manipuler l’opinion en insinuant la lutte du peuple de l’Oti est contre la protection de la nature (préservation de nos forêts, des cours d’eau, bref de l’écosystème mondiale. Tout cela n’est en réalité que des apparences ; or tout le monde sait que les apparences ont toujours trompeuses.

 Les raisons de l’hostilité des populations de l’Oti contre l’instauration de la faune
1. Le traumatisme lié à la gestion de la faune dans le passé

Dans les années 70 et 80, certaines populations la préfecture de l’Oti avaient déjà été abusivement spoliées de leurs terres pour instaurer la faune. Dans l’instauration et la gestion de cette faune, les habitants de l’Oti avaient été victimes de toutes sortes d’abus.
Nous sommes en train de documenter tous les crimes que des représentants de l’Etat togolais ont commis sur les populations de l’Oti dans la gestion de la réserve de faune. Pour la circonstance, nous rappelons quelques-uns de ces crimes :
- destruction par le feu de centaines d’habitation ;
- destruction des cultures et des récoltes ;
- interdiction formelle de consommer du poisson et de la viande;
- Interdiction formelle de toucher les animaux sauvages qui dévastaient les champs des paysans ;
- arrestations arbitraires et emprisonnements des personnes accusées ou soupçonnées d’avoir pécher du poisson ou abattu un animal, voire un serpent qui les a mordues ;
- organisation de patrouilles nocturnes régulières par des agents des forêts et des militaires dans les villages environnant la faune pour fouiller dans les sauces à la recherche du poisson ou d’une viande sauvage ;
- suspension des personnes vivantes à l’hélicoptère en vol
- exil forcé des populations vers les pays voisins (Ghana, Côte d’Ivoire, Nigéria) ;
- des tueries massives de personnes surprises dans la faune.

Ces quelques faits font que les populations de la préfecture de l’Oti gardent un très mauvais souvenir de la faune. C’est pour cela qu’elles considèrent la volonté de ramener la faune sur leurs terres comme un désir manifeste de les faire disparaître. Dans ces circonstances, elles n’ont rien d’autre à faire que de s’opposer à l’instauration à nouveau de la faune, même au prix de leur vie

2. Beaucoup de similitudes avec le passé qui confirment la crainte des populations.

On entend le gouvernement dire que la faune de maintenant ne sera pas gérée comme avant. C’est un gros mensonge, car il y a déjà de nombreux faits qui montrent que la gestion de la nouvelle faune ne sera pas différente de celle du passé.

En effet, pour instaurer et élargir la faune dans les années 70 et 80 ona expulsé de force des milliers de populations. C’est le même schéma que le gouvernement veut reconduire ; puisque pour établir la nouvelle faune, soixante-sept villages et hameaux vont disparaître de la carte de la préfecture et leurs habitants jetés dans la nature. Jusqu’ici, le gouvernement ne dit pas où les populations qui seront spoliées de leurs terres vont être.

Aussi, pour instaurer la faune dans le passé, avait-on incendié des villages afin de contraindre leurs occupants à vider les lieux. C’est la même chose que le gouvernement recommence, car en mai dernier plusieurs maisons ont été incendiées par des bérets rouges dans les villages de N’Gambi et Nassikou.

L’ancienne faune avait été mise en place par la force brutale. L’instauration de la nouvelle a débuté avec une force brutale et meurtrière qui a déjà fait six morts parmi les pauvres populations civiles de l’Oti dont le seul tort est de refuser qu’on confisque leurs terres agricoles pour loger des animaux.

Avec tellement de similitudes, on peut légitiment se poser la question de savoir où se trouve la différence entre la faune des années 70-80 et celle que le gouvernement tente d’imposer maintenant à la préfecture. Nous ne voyons aucune différence. Et cela nous fonde à résister à la volonté du gouvernement.

3. La faune dans l’Oti : un facteur qui retarde le développement de l’Oti.

La faune par le passé a retardé de façon sérieuse le développement de l’Oti. En effet, les terres les plus riches et propices à l’exploitation agricole avaient été occupées par la faune reléguant les paysans sur des terres incultes, alors que plus de 90% si ce n’est la totalité de la population vivent de l’agriculture. Les exploitations agricoles étaient régulièrement ravagées par des hordes d’animaux (éléphants, buffles, chimpanzés, singes sangliers etc.). Conséquence, la préfecture de l’Oti dans les années 70-80 rimait avec la pauvreté, la misère.

Plusieurs projets d’exploitation agricoles qui devraient contribuer au développement économique de la préfecture et à l’épanouissement des populations ont vite pris fin pour raison de faune. Il s’agit du projet Universal de culture de riz, de l’exploitation rizicole au niveau de Sadori par la SORAD, de l’exploitation d’arbres fruitiers et de céréales par le projet OPAT à Kokoumbou. La fin de ces projets économiques qui offraient des emplois aux élèves pendant la période des vacances scolaires a contraint des centaines parmi eux à mettre fin prématurément à leurs études. La fin de ces projets a surtout fait grimper l’indice de pauvreté dans la préfecture.
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