Togo. Il faut ouvrir une enquête sur la mort de sept personnes dans le cadre de manifestations
Le Togo doit ouvrir une enquête impartiale devant une juridiction civile indépendante pour identifier, arrêter et juger les responsables de la mort de sept personnes dont trois par balle, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.
Vendredi 27 novembre, une personne a été tuée par balle au cours de nouveaux heurts entre les forces de sécurité et la population de la ville de Mango au nord du pays. La veille, un responsable des services de police a été tué par une foule en colère. Des manifestations avaient commencé depuis fin octobre dans la ville où les populations protestaient contre le projet de création d’une aire protégée. Trois manifestants ont été écrasés par un véhicule blindé de l’armée et deux autres tués par balle entre le 6 et le 7 novembre. Au moins 30 personnes dont deux policiers ont été blessées. 50 personnes ont été arrêtées dont trois sont toujours en détention.
«Rien ne peut justifier les violences graves ayant entrainé la mort de six manifestants et d’un policier. Les responsables, qu’ils soient des manifestants ou des éléments des forces de sécurité, doivent être identifiés, arrêtés et présentés devant la justice civile ordinaire dans le cadre d’un procès équitable », a déclaré François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest chez Amnesty International.
« Les autorités doivent s’assurer que les forces de sécurité ne fassent pas un usage excessif et arbitraire de la force et les manifestants doivent cesser d’avoir recours à la violence pour revendiquer leurs droits ».
Un homme de 39 ans est mort d’une balle au ventre et un jeune de 18 ans d’une balle au front le 7 novembre. Son père a déclaré à Amnesty International : « Le matin, il était parti au travail avant que les manifestations ne dégénèrent. Je ne savais même pas qu’il était dans la foule. On est venu seulement me dire qu’il est mort. J’ai vu le corps, il a reçu la balle au côté gauche du front, ».
Dans un communiqué du gouvernement en date du 28 novembre, les autorités ont annoncé qu’une enquête a été ouverte et que des mesures disciplinaires ont été prises contre des éléments des forces de sécurité.
Elles ont ordonné le repli des militaires déployés dans la ville pour maintenir l’ordre. Amnesty International estime que cette décision constitue une avancée, mais qu’elle n’est en aucun cas suffisante.
« Il faut donner des gages pour que de véritables poursuites criminelles devant la justice civile ordinaire soient engagées contre les responsables des actes de violence ayant entrainé la mort de personnes », a déclaré François Patuel.