Après une tournée de sensibilisation du ministre Damehane Yark de la Sécurité sur toute l’étendue du territoire national voici deux semaines (tournée qui lui a permis de toucher du doigt l’ampleur de la délinquance routière au Togo), le gouvernement est en train de passer à la vitesse supérieure, dans le cadre de la répression des infractions sur la voie publique.
En Conseil des ministres ce 27 novembre, l’exécutif a planché sur la prochaine opérationnalisation de trois projets de décret qui confèrent la force de la loi au texte voté le 7 juin 2013 par l’Assemblée nationale. Ces trois projets de décret ont été adoptés par l’exécutif hier. Cette loi inédite dans le cadre de la circulation routière prévoit en son article 22 une batterie de mesures répressives contre ses violateurs.
En conseil des ministres hier, sans évoquer l’échéance à partir de laquelle il va recommencer à sévir en matière d’infractions routières, l’exécutif a évoqué la résurrection des amendes fermes et fortes à l’encontre des contrevenants à la loi de juin 2013. Il en va de même pour les usagers de la route (conducteurs de moto et de quatre roues) qui seront surpris en train de faire usage de leur téléphone mobile en pleine circulation.
Casques et ceintures de sécurité vraiment obligatoires ?
C’est depuis 1998, au lendemain de la présidentielle de cette année-là que le port obligatoire du casque et de la ceinture de sécurité a disparu des pratiques quotidiennes des usagers de la route. Le ramollissement de l’Etat vis-à-vis de ce manque de respect de la sécurité routière avait une origine politique et politicienne.
Ainsi, depuis 1998, des habitudes contraires au Code de la route et aux règles encadrant la sécurité routière se sont sédimentées sur le territoire togolais, en coûtant la vie à des milliers de Togolais. Dans un tel contexte, il est aisé de prédire que le chantier de rééducation qui attend le ministère de la Sécurité est immense. C’est surtout l’opérationnalisation de la nouvelle réglementation induite par le texte du 7 juin 2013 qui s’annonce difficile. Comme c’était déjà le cas dans les années 90.
Les policiers togolais ne devraient pas éprouver beaucoup de difficultés pour remettre au pas les usagers d’automobiles (le port de la ceinture). C’est surtout l’encadrement des conducteurs de taxis-motos qui va se révéler l’immense défi. Ces conducteurs eux-mêmes ne se refusent pas généralement à porter le casque, lorsqu’ils y sont obligés, mais ce n’est pas généralement le cas des millions de passagers qu’ils transportent chaque année !
Maladies contagieuses du cuir chevelu, délicatesse des cheveux défrisés pour les dames qui risquent d’être abîmés par le port du casque, sans compter le grand poids de l’incivisme en général dans les faits et gestes des Togolais depuis l’ouverture du débat démocratique en 1190. Ce seront les principales montagnes que les responsables du ministère de la Sécurité devront abattre pour faire appliquer la loi de juin 2013. Au 30 septembre dernier, selon des chiffres officiels, au moins 516 Togolais ont perdu la vie sur les routes togolaises, depuis le début de l’année, dans des accidents ayant fait au minimum 6.345 blessés.