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Togo : Un îlot de dictature implacable et familiale entouré d’un océan de démocratie
Publié le vendredi 4 decembre 2015  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait
Tradition du défilé du 27 avril respectée ce matin dans la capitale du Togo, en présence du Président Faure Gnassingbé
Lomé, le 27 avril 2015. Site de la Nouvelle Présidence. Hauts cadres du pays, membres de l`exécutif et d`éminents invités ont suivi le bref défilé sous les ovations d`un chaleureux public.


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« Les pays limitrophes du Togo sont : Au Nord par la démocratie, au Sud par l’Océan Atlantique, à l’Ouest par la démocratie, à l’Est par la démocratie, très à l’Est par la démocratie ». C’est par cette touche de raillerie en se rappelant les leçons du cours primaire que certains ont cru bon devoir décrire la situation actuelle du Togo depuis le basculement du Burkina Faso dans la démocratie, avec l’élection sans faute de Rock Marc Christian Kaboré à la Présidence de la République.

Le Burkina Faso, un an après la révolution qui a entraîné la chute de Blaise Compaoré, vient de tourner définitivement la page d’un régime pervers, dictatorial et obscurantiste qui a imposé la loi de la force dans ce pays durant 27 ans . Faut-il le rappeler, l’ancien dictateur du Faso, médiateur de toutes les crises en Afrique de l’Ouest, était en réalité un pyromane. Il n’a jamais voulu par exemple que le Togo, son voisin immédiat du Sud, tourne la page de la dictature des Gnassingbé afin de ne pas être le seul régime peu recommandable dans la région.

Pour ce faire, il a tout le temps usé de son statut de médiateur dans la crise togolaise pour pousser les leaders de l’opposition à signer des accords bidons pour consolider les bases du régime de Lomé. Il n’hésitait pas à mettre la main à la poche pour conditionner certains de ces opposants devenus des visiteurs du soir du Palais de Kosyam. Ironie du sort, c’est son régime qui finit par être balayé par le vent de la démocratie.

Naturellement, du côté de Lomé, la révolution intervenue au Burkina Faso avec la chute de Blaise Compaoré continue d’être perçue comme une mauvaise nouvelle. En effet, avec la démocratie sur les rails au Burkina Faso, le Togo des Gnassingbé de père en fils est désormais pointé du doigt comme le seul cancre de la classe. Un îlot de dictature héréditaire, implacable, hermétique, entouré d’un océan de démocratie.

Le Benin et le Ghana étaient cités depuis longtemps comme des modèles en la matière au vu des alternances successives que ces deux pays ont connues. Après dix ans passés au pouvoir, Boni Yayi va céder le Palais de la Marina de Cotonou à son successeur qui sera élu au mois d’avril prochain.

Au Ghana, la présidentielle est prévue pour l’année prochaine et le jeu s’annonce bien serré entre les deux partis rivaux, le NDC (National Democratic Congress) de John Mahama et le NPP (New Patriotic Party) de Nana Akuffo Addo. Plus à l’Est, le grand Nigeria décrié a connu une alternance historique, devenant du coup un pays cité en modèle.


Dans cette région ouest africaine en plein progrès démocratique avec des pays qui vivent au rythme des alternances pacifiques, le Togo se met au rang d’un pays paria, une sorte de Corée du Nord sous les tropiques. C’est le seul pays de la CEDEAO à refuser ostensiblement de limiter le mandat présidentiel après avoir inauguré la succession de père en fils. C’est aussi l’un des rares pays sinon le seul à s’opposer à la décentralisation, et donc à l’organisation des élections locales dont les dernières remontent en 1987. Enfin, c’est l’un des pays où la violence étatique est constamment utilisée contre les aspirations des citoyens, avec son lot de morts, de massacres, de réfugiés.

Pendant que le monde change, pendant que les peuple saspirent à plus de liberté, de démocratie, de respect des droits de l’Homme etc., Faure Gnassingbé devenu autiste et à la tête d’un système anachronique, rêve d’un pouvoir à vie. La bonne nouvelle venue du Burkina Faso est une source d’espoir pour les populations qui se battent depuis plus de 25 ans pour plus de liberté au Togo. Le régime anachronique incarné par Faure Gnassingbé n’a pas d’avenir dans une zone en pleine mutation démocratique.

Qu’on le veuille ou non, ce système finira par s’écrouler sous l’effet conjugué des forces endogènes et exogènes. Visiblement, ceux qui tiennent les câbles à Lomé, obnubilés par le pouvoir à vie, ne lisent pas les signes du temps.

Mensah K.
L’ALTERNATIVE – N°480 du 04 Décembre 2015


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