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Liberté N° 2085 du 4/12/2015

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Togo, Omerta sur d’éventuels crimes des hommes en treillis : Des militaires détenus «clandestinement » à la prison civile de Lomé
Publié le dimanche 6 decembre 2015  |  Liberté


© aLome.com par Parfait
La 5ème édition de la semaine du détenu appartient à l`histoire.
Lomé, le 11 août 2015. Prison civile de la capitale du Togo. Clôture de la 5ème édition de la semaine du détenu dans la plus grande maison d`arrêt de la République togolaise.


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L’insécurité au Togo n’est plus chose à démontrer, et tous les jours, des vies sont arrachées et des citoyens violentés par des individus qui sont toujours non identifiés. De plus en plus, les malfrats opèrent en toute quiétude. Les témoignages sur les braquages et les vols sont plus étonnants les uns que les autres. Ce qui suscite des interrogations sur le rôle des forces armées et de l’ordre dans cette vague de violences. La prison civile de Lomé abriterait quelques éléments, responsables de braquages et autres crimes.

Qui sont ces braqueurs qui agissent en toute tranquillité sans que leur identité ne soit révélée ? Appartiennent-ils à un gang bien organisé ? Les interrogations sur le phénomène de l’insécurité sont nombreuses. Ce qui amène la population à imaginer les pires scénarii, même celui d’un gang opérant sous le contrôle ou du moins avec la bénédiction de hauts galonnés.

Cette thèse, même si elle n’est pas encore prouvée dans la vague de violences que connaît le pays, est plausible. Ce qui nous renvoie dans les prisons civiles du Togo où certains détenus n’auraient jamais comparu devant un juge et ne seraient sans doute pas jugés avant de recouvrer, un jour, la liberté. Cette catégorie de détenus, ce sont ceux qui seraient impliqués dans les affaires de braquages, de vols ou encore dans les trafics de drogue. Et ce ne sont pas non plus de simples citoyens, mais ils relèvent d’un corps professionnel particulier. « Ici à la prison civile de Lomé, nous avons plusieurs détenus impliqués dans des affaires douteuses. Ils sont un peu plus de quatre-vingts (80) à être détenus sans jugement, ni présentation aux juges d’instructions. Ceux qui les ont amenés ici ne disent rien sur leurs infractions. Ce sont des militaires, gendarmes et policiers qui ont été arrêtés sur le terrain en train de commettre des actes répréhensibles », assure une source au sein de l’Administration pénitentiaire.


Nous avons l’habitude de voir à la télévision publique des individus présentés comme des malfrats. Des présumés innocents que l’on montre à visage découvert alors qu’ils n’ont pas encore été jugés coupables des délits ou crimes dont ils sont accusés. Pourtant, c’est le silence radio sur les crimes et délits qui auraient été commis par les hommes en treillis. Rien n’a jamais filtré sur les actes criminels dont ils auraient été responsables. « Quand on nous a arrêtés, nous avons révélé le nom de l’officier pour qui nous travaillions, mais ce dernier n’a pas voulu reconnaître qu’il nous envoie faire des choses qu’il ne veut pas faire lui-même. Il n’a jamais voulu se salir. C’est pourquoi il nous envoie ici. J’ai travaillé pour de grands chefs, mais ils m’ont tous lâché quand les choses ont mal tourné », nous confie un détenu qui purge une peine indéterminée depuis bientôt neuf ans.

Ce militaire de formation croit connaître les raisons pour lesquelles leur présence dans les prisons du pays, mais surtout les crimes qu’ils ont commis n’ont pas été révélés. « Ce n’est pas une bonne publicité pour eux de dire que nous avons braqué, tué ou mutilé des citoyens puisque nous avons agi selon les ordres que nous avons reçus. Quand vous travaillez pour eux, ils sont contents, mais ils ne vous aident jamais quand vous avez des problèmes. Pour brouiller les pistes, ils vous collent un délit et vous envoient discrètement en prison », soutient-il.

Coller un délit et envoyer le « serviteur » en prison, c’est le sort qui a été réservé à trois militaires aujourd’hui en détention. Pour étouffer le crime dont ils se sont rendus coupables, leur mentor a simplement inventé une affaire d’escroquerie avec un Aladji. « Ils ont dit qu’ils vendent du sang de chèvre à un Aladji en lui faisant croire que c’est du sang humain. Pourtant, c’est pour autre chose qu’ils ont été arrêtés. Et depuis, ils sont ici sans savoir s’ils sortiront un jour. C’est comme ça qu’ils se débarrassent de ceux qui font les sales boulots », s’indigne un proche des détenus.

Ce qui étonne dans ce dossier et milite en faveur de ceux qui estiment qu’on reproche autre chose à ces détenus spéciaux, c’est que leur client qui achetait le sang n’a jamais été inquiété. Ce qui suppose que son commerce de sang humain continue. « Les militaires ont adressé des requêtes à l’administration pénitentiaire pour demander leur libération, mais un des responsables leur a fait savoir qu’ils sont encore trop jeunes pour recouvrer la liberté », insiste une source.

Malgré l’injustice que subissent ces prisonniers pour avoir été jetés dans les geôles sans jugement, nombre de Togolais aimeraient avoir au moins le dixième de leur pouvoir d’achat. D’après certaines indiscrétions, ces détenus ont un train de vie enviable. « Ce sont eux, les grands patrons, les grands hommes d’affaires. Ils sont présents dans tous les commerces et vivent comme des princes. Ils ont pris goût au luxe et vivent dans l’opulence. Ils sont aussi en avant-garde des nouvelles technologies et disposent des outils de communication de dernière génération. Quand leurs amis, surtout les femmes viennent, ce sont eux les détenus qui leur donnent de l’argent alors que c’est le contraire qui se fait d’habitude. Ils sont en prison, mais vivent mieux. Leur slogan, c’est que l’armée ne paie pas assez et ce sont les petites affaires qui font vivre », relate la source.

Il urge que le ministre de la Justice et des Relations avec les institutions de la République, Pius Agbétomey, planche sur cette affaire et fasse la lumière sur les éventuelles implications des agents des forces armées dans la vague d’insécurité. Les Togolais ont le droit de savoir ce qui se passe dans leur pays.

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