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Mal des jeunes entrepreneurs togolais: Claude Grunitzky : «Ils n’ont aucune notion liée à la gestion, ils ne savent pas s’entourer et ils ne savent pas se vendre»
Publié le mardi 8 decembre 2015  |  Telegramme 228


© aLome.com par Lakente Bankhead
Claude GRUNITZSKY, Prẻsident du Comitẻ d`organisation de la 2ème édition du Forum des jeunes à Lomé, centrée sur la thématique des Nouvelles technologies.


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A 44 ans, il traîne derrière lui un titre de serial entrepreneur pour avoir créé la plateforme média TRUE Africa, la revue TRACE, et pour avoir été cofondateur de la chaîne TRACE TV. Lui, c’est le Franco-Togolo-Américain, Claude Grunitzky. Depuis 2013, il s’active aux côtés des autorités togolaises à travers le Forum des Jeunes Entrepreneurs pour aider les jeunes togolais à exorciser leurs difficultés quant à la création de leur business. L’évènement était le week-end dernier (le samedi 5 et le dimanche 6 décembre 2015) à l’étape de sa 3ème édition. A la conférence de presse annonçant l’évènement jeudi dernier, Claude Grunitzky ne s’est pas privé de relever les difficultés auxquelles font face les jeunes togolais du moins ceux qui aspirent à créer leurs propres affaires. Voici les réponses de celui-ci à ces quatre questions qui reviennent souvent à l’ouverture de chaque édition du Forum des Jeunes Entrepreneurs.

Y a-t-il des facteurs qui ne favorisent pas l’esprit entrepreneurial chez les jeunes Togolais ?


Il y a plusieurs facteurs. Le premier facteur, c’est d’abord le manque de confiance en soi, et la manière dont nous Togolais arrivons à lutter contre ce fléau. Je pense que beaucoup de jeunes togolais n’ont pas confiance en eux, n’ont pas confiance en leur projet. Ils ne savent pas que parfois, qu’ils sont la solution, la solution à certains des problèmes est liée au développement de leur pays. S’ils arrivaient à mieux se vendre et à assumer leurs projets, je pense qu’on pourrait avancer.

Le deuxième facteur, c’est que beaucoup de jeunes entrepreneurs qu’on a pu rencontrer sur le terrain pensent toujours que c’est une question de financement. Et qu’à partir du moment où on arrive à trouver du financement pour son projet, ça veut dire qu’on va forcément réussir, construire une maison, nourrir sa famille, jusqu’à la fin de ses jours. Ce n’est pas ça. Il y a certains qui obtiennent des financements mais qui n’arrivent à faire émerger leur projet. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont aucune notion liée à la gestion, ils ne savent pas s’entourer et ils ne savent pas se vendre. Donc, nous ce qu’on essaie de faire dans le Forum en matière de marketing c’est vraiment sensibiliser ces jeunes entrepreneurs, leurs expliquer qu’avant de vendre leur projet, il faut qu’ils se vendent eux-mêmes, qu’ils soient entourés et qu’on gagne toujours avec l’esprit d’équipe.

Les critères ou caractéristiques qui permettent aux porteurs du projet de se distinguer…


Il y a trois caractéristiques qui permettent aux porteurs de projet de se distinguer.
Premièrement, la clarté du projet. Est-ce que c’est clair ? Est-ce que même un enfant de 5 ou 10 ans peut comprendre ce que c’est que ce projet ? Si c’est tellement clair, c’est tellement bien expliqué, tout le monde dans la salle peut le comprendre, on considère que c’est la première étape qui a été franchie.

La deuxième caractéristique, c’est l’originalité du projet. En fait, on aime bien être surpris. Quels sont les projets qui sont tellement différents des autres ? On se dit que pourquoi ne pas miser sur eux parce que finalement c’est de ça dont le Togo a besoin aujourd’hui pour se développer. Parce que c’est différent de ce qui se fait dans les autres pays de la sous-région.

Et la troisième caractéristique, je dirai que ça touche à la personnalité même des porteurs du projet. Il y a des gens qui ont des projets qui au départ n’étaient pas aussi aboutis mais qui ont su écouter les conseils des mentors et des autres participants et même de certains de leurs concurrents parmi les finalistes du forum et qui l’améliorent de façon radicale en un mois, que, une fois qu’ils le présentent sur scène, le projet est complètement transformé et arrivent à faire l’unanimité auprès du jury.

Les secteurs pris en compte…



On arrive toujours à trouver des projets dans les secteurs de l’agriculture, le commerce, l’artisanat et certains des domaines qui ont toujours fait la fierté du Togo. Mais aussi à côté de ça on a vraiment fait attention, à identifier des projets dans le domaine des nouvelles technologies, qui sont ceux qui arrivent à trouver de nouvelles manières de profiter du potentiel d’Internet pour mieux travailler, pour être plus productifs, pour innover. Le problème principal de ce forum c’est qu’il y a beaucoup de projets que moi j’appelle des projets copier-coller. C’est-à-dire qu’ils ont entendu qu’ils pouvaient gagner de l’argent avec de l’huile de nem donc ils veulent faire de l’huile de nem à leur manière. Donc c’est le même projet mais c’est le nom qui a changé et ce sont les porteurs qui ont changé. C’est donc exactement le même projet que celui qui a été présenté dans d’autres régions du pays les années précédentes.

Attentes à la fin de ce forum...


L’idée puisqu’on a rencontré plusieurs centaines d’entrepreneurs sur toute l’étendue du territoire, c’est que chaque personne qui participe à ce forum puisse en tirer quelque chose. Est-ce que c’est un contact ? Est-ce que c’est une piste pour un financement éventuel ? Est-ce que c’est un membre qu’on peut rajouter à son équipe ? Est-ce que c’est une manière d’améliorer son projet ou même de le changer, sachant que certains secteurs sont plus porteurs que d’autres ? Est-ce que c’est une manière de mieux comprendre le potentiel de l’économie numérique, d’internet et la manière dont on peut développer ça ? Est-ce que c’est une nouvelle manière d’aborder le commerce de proximité ? Si chaque personne arrive à tirer quelque chose de concret de ce forum, nous on considèrera qu’on a réussi ce pari. Après, il y a des gens qui sont ceux qu’on a identifié comme étant la fine fleur. Ceux qui se sont distingués pendant les entretiens et aussi pendant les présentations en plénière. Ceux là, on aimerait les accompagner de manière un peu plus précise pour qu’ils s’entourent pour les aider à accélérer la croissance de leur entreprise sachant qu’on mise évidemment sur le fait que eux pourront aussi conseiller les autres, les candidats malheureux, et dans un deuxième temps, aussi conseiller les jeunes générations pour que effectivement le système entrepreneuriat au Togo se développe.


Propos recueillis par Mathias G.
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