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Togo: les forces de sécurité ont tiré à bout portant sur des manifestants non armés à Mango
Publié le dimanche 13 decembre 2015  |  Amnesty International


© aLome.com par Parfait
Les populations de l`Oti continuent de décrier le projet de résurrection de la faune dans leur préfecture
Lomé, le 30 novembre 2015. Centre communautaire de Tokoin. Conférence de presse des ressortissants de la Préfecture de l`Oti résidant dans la capitale togolaise, pour dire catégoriquement "non" au projet de faune.


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Les forces de sécurité togolaises ont tiré à bout portant et battu des personnes non armées, en tuant deux et en blessant 87 autres, y compris des femmes enceintes, au cours de représailles sur des habitants de Mango au nord du pays, après qu’un commissaire de police a perdu la vie dans des manifestations liées à l’installation d’une aire protégée, les 26 et 27 novembre derniers, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.

Cela s’ajoute à un bilan déjà sanglant dans la ville où, entre le 6 et le 7 novembre, cinq personnes ont été tuées, et plus de trente blessées, sévèrement réprimées par les forces de sécurité. Ces dernières, y compris les « bérets rouges », une unité d’élite de l’armée, ont battu le 27 novembre des femmes enceintes, des enfants et des personnes âgées avant d’incendier des véhicules. 117 personnes, y compris celles qui ne prenaient pas part aux manifestations, ont été blessées dont huit par balles réelles. Plus de 60 personnes ont été arrêtées et sept d’entre elles sont toujours en détention.

«La mort du commissaire de police est déplorable et ne doit pas rester impunie. Déployer des forces de sécurité, dont une unité d’élite de l’armée, qui ouvrent de manière arbitraire le feu sur une population constitue aussi un mépris flagrant pour la vie humaine et une violation du droit international », a déclaré François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest chez Amnesty International, actuellement au Togo.

«Les représailles collectives que les forces de sécurité ont fait subir à la population de Mango constituent une atteinte à l’état de droit au Togo. Une enquête impartiale et des poursuites devant un tribunal pénal ordinaire doivent être menées. Des mesures pour fournir réparation et toute autre assistance aux victimes doivent également être prises ».

Sévèrement roué de coups de bâtons au cou


Le 26 novembre dernier, les forces de sécurité ont commencé à lancer des grenades lacrymogènes et charger la foule à coup de matraques pour disperser des manifestants qui, selon des informations recueillies par Amnesty International auprès de témoins et de sources médicales, étaient pacifiques. Un commissaire de police était alors pris à partie par la foule en colère et tué le même jour.


Le lendemain, les forces de sécurité ont été déployées dans la ville de Mango. Des témoins interrogés par Amnesty International ont déclaré les avoir vues tirer à bout portant sur la population qui s’était déjà regroupée pour tenter de contenir leur progression dans la ville.
Un jeune de 19 ans, non armé, est décédé le 27 novembre d’une blessure par balle au flanc droit. Un homme d’une cinquantaine d’années a succombé à ses blessures le 6 décembre aprés avoir été frappé à coup de bâtons par les « bérets rouges» pendant l’intervention du 27 novembre.
Amnesty International a recueilli des témoignages confirmant que les militaires avaient mis le feu à sa maison et l’ont roué de coups de bâtons, lorsqu’il est sorti pour éviter les flammes, lui brisant le cou. Il a été conduit à l’hôpital où il est décédé, laissant derrière lui une femme et trois enfants.
Une grande partie des blessés sont des femmes victimes de fractures et de contusions. Plusieurs d’entre elles ont rapporté que les forces de sécurité avaient lancé des grenades lacrymogènes dans leurs maisons et les attendaient à l’extérieur pour les battre.


« Les militaires ont défoncé ma porte, m’ont battue à coup de matraques »
Une femme qui portait encore les traces des coups reçus a déclaré à Amnesty International :
« J’étais dans ma chambre quand les militaires ont défoncé la porte. Ils sont entrés et ont commencé à me battre à coup de matraques. Ils me frappaient sur tout le corps et à la tête. Ils hurlaient en disant : vous avez tué un commissaire et toi tu viens dormir ici ! Aujourd’hui nous allons te tuer toi aussi. J’ai perdu connaissance. Ils ont pris tout mon argent. Ce sont des voisins qui m’ont emmené à l’hôpital où je suis restée pendant six jours».


Des balles en caoutchouc tirées à bout portant sur des manifestants ont également été extraites des plaies des personnes transférées dans les hôpitaux de la ville. Selon des sources médicales, la plupart des blessés ne sont arrivés dans les centres de santé que le 28 novembre par peur des militaires qui sillonnaient la ville la veille.


Dix personnes ont été arrêtées à la suite de la mort du commissaire de police. Trois sont toujours en détention sans accès à un avocat. Elles ont été inculpées, entre autres, pour violence contre un représentant de l’autorité publique ayant entrainé la mort et risquent la prison à perpétuité. On leur a demandé de signer un procès-verbal sans qu’elles n’en comprennent le sens du contenu.
Plusieurs d’entre elles ont été victimes de mauvais traitement au moment de leur arrestation. Un des détenus rencontré par Amnesty International lors d’une visite à la prison de Dapaong, une autre ville du nord, portait des plaies ouvertes au niveau du dos, des poignets, de la main et des bras.

Ces blessures ont été observées et confirmées par une source proche de l’enquête.
« Ces détenus ont droit à un avocat pour contester la légalité de leur détention. Ils ont aussi droit à un procès équitable qui doit être organisé dans un délai raisonnable. Ceux qui en ont besoin doivent avoir accès à un traitement médical adéquat et les responsables de leurs mauvais traitements doivent être identifiés et punis », a déclaré François Patuel.

Complément d’information

Les manifestations ont commencé dans la ville de Mango où les populations protestaient contre le projet de création d’une aire protégée. Les manifestants considèrent qu’ils n’ont pas été consultés lors de la mise en œuvre de ce projet qui, pour eux, menace directement leurs habitations et les champs. Parmi ceux qui sont toujours en détention, trois sont membres de l’association locale dénommée « One Block » qui représente les intérêts de la communauté. Cette association a lancé des appels à des manifestations pacifiques.

Sadibou MARONG

Pour obtenir de plus amples informations, veuillez contacter le Service de presse d’Amnesty International pour l’Afrique occidentale et centrale, à Dakar (Sénégal) au +221 33 869 30 03, ou la Section d’Amnesty International au Togo +228 92263454
Courriel : sadibou.marong@amnesty.org; press@amnesty.org
Twitter : @amnestyWaro

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