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Les journalistes burkinabé crient leur ras-le-bol mais ceux du Togo toujours aux ordres
Publié le lundi 22 juillet 2013  |  liberte-togo




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Le mardi 16 juillet dernier, il n’y a pas eu de détonation de grenades lacrymogènes ni de charges des manifestants par les forces de l’ordre devant le ministère de la Communication à Ouagadougou, capitale du pays des hommes intègres, le Burkina Faso. Et pourtant des fonctionnaires de l’Etat ont manifesté leur mécontentement à l’aide de mégaphones et de pancartes.

En effet, le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (Synatic) a lancé un sit-in devant le ministère de la Communication pour protester contre l’immixtion intempestive de l’exécutif dans le travail des hommes des médias publics. C’est ainsi que munis de mégaphones et de pancartes, vidéastes, techniciens du son et autres rédacteurs ont dénoncé la censure dont ils font l’objet au quotidien de la part de l’exécutif. Selon les propos d’un journaliste frondeur rapportés par Rfi, « les uns et les autres pensent que le travail des médias publics leur est acquis alors que ce n’est pas le cas. Souvent c’est la censure et l’autocensure qui font que les informations paraissent biaisées aux yeux du public », déplore-t-il. Là-bas à Ouagadougou les manifestants ont pu remettre leurs doléances au Secrétaire général du ministère qui, interrogé, s’est voulu assez clair toujours selon Rfi : «On ne leur a pas demandé d’être les griots du pouvoir, d’être les griots du gouvernement et pas non plus d’être les griots de l’opposition. Ce sont des services publics qui doivent travailler pour l’intérêt général. Et c’est ce suivi que nous opérons au niveau des médias publics en leur disant « restez professionnels ! ».
Restez professionnels, une expression qui en dit long sur les pressions auxquelles les journalistes des médias publics peuvent être soumis dans l’exercice de leur fonction. Elisabeth Bryant, journaliste américaine basée à Paris, de passage à Lomé pour la formation en journalisme d’investigation, l’a bien rappelé au cours de son séjour au Togo. Elle disait qu’il revenait au journaliste de découvrir la vérité et d’identifier les défaillances dans la gestion des affaires de la société.
Mais que remarque-t-on dans les médias publics du Togo ? En ces périodes de campagne électorale, un « effort forcé » est fait pour réserver des temps d’antenne aux partis d’opposition. La question est de savoir si c’est seulement en période d’élections que l’impartialité doit être de mise. Il est malheureusement accepté au Togo que les JT de 20 heures sur les médias publics, en l’absence de campagne électorale, ne s’occupent pas des activités des partis d’opposition. Sévère comme constat mais la réalité est cruelle malheureusement. La raison ? Un confrère des médias publics a indiqué lors de la formation à l’Ambassade qu’aucun journaliste de leur rang n’oserait demander du matériel pour aller couvrir une manifestation des partis de l’opposition à moins qu’il n’ait peur de se voir largué dans un coin perdu du pays d’où il ne gênera plus. Comment peut-on rester professionnel lorsque l’autocensure, ajoutée à la censure du directeur de l’organe, plane sur votre tête ?
L’une des fonctions des syndicats est de défendre les intérêts des syndiqués. En avril dernier, lors d’une manifestation des hommes de médias destinée à dénoncer le vote d’une loi liberticide qui restreint la liberté de la presse, des journalistes de plusieurs syndicats dont celui des médias publics, le SAINTJOP (Syndicat des agents de l’information, techniciens et journalistes des organes publics) avaient organisé un sit-in devant la présidence en bordure de la mer. Mais mal leur en prit. Ils ont été attaqués par des soldats qui tiraient des balles en caoutchouc et lançaient des grenades lacrymogènes. Bilan, le Secrétaire général du Saintjop, Younglove Egbéboua Amavi, a eu la mâchoire fracassée par une balle et n’a eu la vie sauve que suite à une intervention chirurgicale dont les frais ont été assumés grâce à une quête instantanée de la part de bonnes volontés dont Amnesty International et la FIDH. L’Etat togolais ne s’est pas prononcé sur ce grave incident à ce jour.

Au Burkina Faso, ils sont des centaines à descendre devant leur ministère sans penser un seul instant que la hiérarchie pourrait les sanctionner. Parce qu’ils connaissent leurs droits et devoirs. Parce qu’ils comptent sur l’impartialité de leur justice si jamais leurs droits étaient brimés. Et parce qu’ils savent que le droit de manifester est inscrit dans leur Constitution. Mais au Togo, où en sont l’impartialité de la Justice, la reconnaissance de la force des syndicats, la valorisation du métier de journaliste, le patriotisme citoyen ?

Godson K.

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