Le Directeur de Cabinet du Parti des Togolais,regardant sur les questions sécuritaires publie en cette fin date une tribune traitant des enjeux de la sécurité nationale particulièrement en cette période de fêtes. Lisez...
Les périodes de fêtes débutent. Même si la morosité des ménages liée à un pouvoir d’achat de plus en plus bas fera qu’encore une fois la majorité des togolais n’auront pas le cœur à la fête, cette période reste très meurtrière pour nos concitoyens en raison de l’effervescence populaire.
Aux divers risques d’agression généralement dénombrés, s’ajoutent les nouvelles menaces dont celles relatives aux extrémismes conduisant au terrorisme planant globalement sur l’Afrique de l’Ouest.
Les autorités administratives et politiques togolaises ont malheureusement l’art de l’éloquence silencieuse, y compris lorsqu’il s'agit de menaces asymétriques sur les populations. Le moment n’est-il pas venu pour que les premiers responsables commencent à sensibiliser les populations, et à les informer sur les comportements à adopter en cas de menace réelle, ou de doute sérieux ?
Les campagnes de sensibilisation préventives opérées à juste titre pour faire face aux menaces du virus Ebola, ne peuvent-elles pas être envisagés dans le cas présent ?Le débat sur les actions de prévention et les mesures idoines est lancé par les chefs d’Etat au sommet de la CEDEAO et dans certains pays de l’espace communautaire. Le Togo ne doit pas fairel’économie de cette démarche préventive au risque de devoir courir derrière les événements au lieu d’anticiper. Le travail en profondeur pour identifier et neutraliser, le cas échéant, ceux qui distillent subrepticement les idées haineuses et d’incitation à la violence n’enlève rien à la nécessaire action publique à destination des populations.
Nos autorités prennent généralement des dispositions, avec circulaires et informations précises, pour protéger les institutions, les représentations diplomatiques et les lieux de vie des diplomates. Ceci est indispensable. Toutefois, les mêmes efforts doivent être déployés pour la protection des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national. Certes on ne peut mettre un policier derrière chaque citoyen, mais il serait inconcevable que ces mesures préventives ne s’étendent pas aux populations en les y impliquant activement, entre autres par une sensibilisation aux comportements appropriés.
Par les temps qui courent, l’action du gouvernement en faveur de la sécurisation des populations doit être clairement perçue par ces dernières dans un souci d’apaisement général. Cela contribuera indéniablement à une perception d’un bon niveau de sécurité qui conduit à la sérénité et à l’éveil de la conscience de chaque citoyen sur son rôle et sa contribution à endiguer ce fléau.
En ce qui concerne la gestion internationale de la sécurisation de la sous-région et de la lutte contre le terrorisme, les actes qui devront être posés par le gouvernement togolais se doivent d’être mûrement réfléchis tant du point de vue de l’opportunité que des conséquences potentielles.
C’est ainsi avec beaucoup de surprise que nous avons appris que le Togo s’est engagé aux côtés d’une coalition menée par des pays arabo-musulmans pour la lutte contre le terrorisme et les activités de L’Etat Islamique.
Cette décision a été prise de façon unilatérale sans concertation avec la représentation nationale, ni explication par les plus hautes autorités des implications liées à cet engagement. Les vies de nos troupes engagées à l’extérieur et de nos citoyens sur le territoire en cas de représailles, ne peuvent être mises ainsi dans la balance sans que nous n’ayons au minima été avertis, ni consultés à travers
l’Assemblée Nationale.
La lutte contre les menaces asymétriques repose en bonne partie sur la collaboration de la
population avec les forces de sécurité. Au moment où les événements de Mango viennent nous rappeler cruellement la nécessité d’œuvrer davantage pour une bonne intelligence entre les différentes composantes de la Nation, le gouvernement doit redoubler d’efforts pour amener la population elle-même à participer à sa propre sécurisation en étant un acteur de la chaîne sécuritaire
dans sa dimension informationnelle.
Cependant, pour qu’il en soit ainsi,il faudrait que le régime en place ait le courage de s’avouer que la démocratie est un rempart contre cette menace et que la considération accordée aux populations par le pouvoir est un facteur de succès ou d’échec de la politique sécuritaire, voire de la politique tout court. L’axe sécuritaire si cher au gouvernement, ne pourrait-il pas être un canal pour relancer les fondamentaux de la démocratie participative en remettant le citoyen au centre des
préoccupations ?
L’Absence de justice pousse trop souvent la population à vouloir se faire justice elle-même. Ce n’est pas ce que l’on attend des populations. Une véritable campagne de prévention et de sensibilisation doit être menée pour faire comprendre aux contrevenants que les peines encourues pour des faits de lynchage, coups et blessures aggravées pouvant donner la mort sont passibles de peines très lourdes.
Ensemble, œuvrons pour une vie paisible au Togo, sans privation de jouissance de prérogatives pour personne et chacun exerçant pleinement le rôle que lui confère la démocratie. Il est temps !