C’est la question qu’il convient de poser eu égard à ce qui se joue depuis quelques mois dans les radios publiques du pays. En jeu, le sort des pigistes, mais surtout celui des langues nationales autres que le Kabyè et l’Ewé. Dès le 1er janvier 2016, seules ces deux langues seront entendues sur les radios publiques, notamment Radio Kara et Radio Lomé.
Mais bien avant, c’est à travers une note de service que les pigistes en langues locales ont été informés de la fin de leur rémunération. « Il est porté à la connaissance de tous les speakers en langues qui ne sont pas retenus par le concours national spécial de recrutement de fonctionnaires et personnel d’appui pour le compte du ministère de la Communication , de la Culture, des Sports et de la Formation civique, session de juin 2015, que leur salaire ou traitement prend fin à la fin du mois de septembre 2015. Tous ceux qui continueront par prêter leur service à Radio Lomé le feront sans frais », avertissait la note.
Cette mesure intervenue après le concours porte en elle les germes d’une discrimination dénoncée par certains pigistes, surtout ceux spécialisés en langues locales, exceptés le Kabyè et l’Ewé. Et pour cause, à l’issue du concours, seuls les pigistes produisant ou réalisant des émissions en ces deux langues sont retenus. Leurs confrères des langues Nawudam, Sola, Ife, Moba, etc. ont été tous recalés. Ne serait-ce qu’à Radio Lomé, ils sont une demi-douzaine à être ainsi remerciés après de longues années de service. Certains ont déjà effectué 16 ans de service, d’autres 18 voire 23 ans.
Ainsi, les langues autres que le Kabyè et l’Ewé disparaissent des radios publiques. Une évidence puisque ces radios ne disposent plus de speakers dans les autres langues qui seront officiellement supprimées, apprend-on, dès le 1er janvier 2016. Pourtant, les Togolais ne parlent pas que les langues d’origine du chef de l’Etat, Faure Gnassingbé et du Premier ministre, Sélom Komi Klassou !
Comme pour illustrer ces mesures, les avis et communiqués ne sont plus diffusés en Sola, Ife, Moba et autres langues. Pourtant, après son hold-up électoral, c’est dans toutes ces langues que Faure Gnassingbé a adressé des remerciements aux populations. Les affiches géantes sont encore là pour en témoigner.
L’autre aspect de cette suppression, c’est le chômage des pigistes qui, pendant des dizaines d’années ont été traités en deçà de ce qu’ils méritent. Leurs salaires ou traitements ont été réduits de moitié pour se fixer à 23.000 FCFA, loin du SMIG. « Les pigistes de Radio Lomé peuvent prétendre, pour leurs prestations de services, aux rémunérations mensuelles suivantes : 46 000 F pour le pigiste ou le groupe de pigistes qui intervient dans une langue nationale », stipule l’arrêté inter ministériel n°005/MFP/MCFC du 05 novembre 1998. Il nous revient pourtant que les pigistes percevaient moins que ce à quoi ils avaient droit.