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Liberté N° 2101 du 31/12/2015

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Création d’une armée de réservistes, pourquoi faire?
Publié le lundi 4 janvier 2016  |  Liberté


© aLome.com par Parfait
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L’annonce a été faite jeudi dernier en conseil des ministres. Il a été pris un décret formalisant la constitution d’une armée de réservistes. Si ce corps existe dans plein de pays, cette décision d’en créer un au Togo a de quoi interpeller, surtout que le pays n’est pas officiellement en guerre et a déjà un effectif pléthorique des corps habillés, et par rapport au timing.


Faure Gnassingbé prépare-t-il une guerre ? Que cache cette idée de créer une armée de réservistes ? Les observateurs avisés s’interrogent sur les réelles motivations de cette initiative.

Des réservistes constitués au sein des FAT

La fin de la semaine passée a été sans doute marquée par la décision de la réduction des prix des produits pétroliers à la pompe prise par le conseil des ministres du 24 décembre. Mais cette nouvelle a relégué au second plan une autre assez sensible. Il s’agit de la création d’une réserve opérationnelle au sein des forces armées togolaises en vue, dit-on, de prêter main forte aux forces de défense et de sécurité en cas de besoin.

Cette question était au centre du 5e décret pris ce jour par le conseil des ministres présidé par Faure Gnassingbé himself. Selon le communiqué tenant lieu de compte rendu, il vise à :

«donner une pleine capacité à l’armée togolaise de pouvoir, en cas de besoin, mobiliser les ressources humaines supplémentaires pour accomplir les missions de défense ou de service public sur toute l’étendue du territoire national ».

« Cette réserve essentiellement constituée de militaires retraités mais aussi de tous les Togolais qui en ont l’aptitude, en vertu des dispositions de l’article 44 de la Constitution, permet de sortir de la logique d’une armée exclusivement de métier et qui rétrécit les capacités de mobilisation des ressources humaines des Fat, freinant de ce fait, l’élan des citoyens désireux de s’impliquer dans la défense de la Nation. Elle permettra à notre pays de pouvoir répondre beaucoup plus efficacement aux sollicitations qui lui sont adressées pour participer à des opérations de maintien de la paix sur les théâtres internationaux », argue-t-on.

Cette formation de réservistes participerait par ailleurs « de la logique de refondation du dispositif national de sécurité, renforce les capacités opérationnelles de l’armée nationale et concourt à la modernisation de celle-ci en vue de l’adapter aux impératifs sécuritaires de l’heure ».

Un effectif des FAT déjà pléthorique, des charges de plus pour le contribuable.

Une pareille initiative, dans les pays normaux, ne susciterait nullement de commentaire. La création d’une unité de réserviste est bien prévue, et c’est d’ailleurs une fierté pour des citoyens de défendre et servir leur pays en cas de nécessité. Dans le cas togolais, la prise de ce décret est, parait-il, fondée sur des dispositions de la Constitution, notamment l’article 44 qui stipule : « Tout citoyen a le devoir de suivre un service national dans les conditions définies par la loi ». Il faut le constater, cette disposition est déjà travestie et on peut légitimement s’interroger sur les réelles motivations d’une telle initiative.

Loin de faire sourire, la création de la fameuse unité de réserve opérationnelle devrait interpeller les spécialistes de la question militaire et observateurs avisés du cas togolais. D’autant plus que l’armée togolaise est reconnue comme suffisamment pléthorique. Le compatriote Comi Toulabor, Professeur à Sciences Politiques de Bordeaux en France, dans un article intitulé « Les forces armées togolaises et le dispositif sécuritaire de contrôle » publié le 28 décembre 2005 sur le site letogolais.com, relativement à l’effectif des Formes armées togolaises, l’établissait à « 13 074 éléments :

Armée de Terre : 12 212 ;
Armée de l’Air : 636 ;
Marine nationale : 226 (…)

Les Services de renseignement regroupent :

Brigade Anticriminalité (BAC): 60 ;
Brigade de Recherche et d’Investigation (BRI) : 55 ;
Centre de Traitement et de Recherche (CTR) : 35 ;
Service de Renseignement et d’Investigation (SRI): 150 ;

Autres forces :

Forces de police : 2 280 (…)
Sapeurs pompiers: Lomé 300, Kara 50 ;
Effectif douanier: 3 000 ;
Gardes Préfectoraux : 403 ;
Gardes forestiers : 126 ;
Anciens combattants : 4 800 . »

Et de conclure, qu’ « avec un ratio de 1 militaire pour 250/300 habitants environ, le Togo est le pays le plus militarisé du monde ».

Chaque année, des recrutements sont organisés et des agents encore enrôlés dans les différents corps habillés des forces armées et de sécurité. Ces chiffres sont susceptibles d’évoluer.

Le Togo prépare-t-il une guerre ?

Plein de pays au monde disposent de réservistes. Pour la plupart des cas, ils sont constitués de corps habillés retraités ou de citoyens volontaires disposés à défendre l’intégrité du territoire en cas de besoin. Et la nécessité d’en constituer nait souvent après certains événements douloureux, comme une guerre durant laquelle le besoin d’effectif s’est fait rudement sentir ou simplement pour parer à toute éventualité.

En France par exemple, le débat a été relancé suite aux attentats terroristes dont a été l’objet Paris le 13 novembre dernier et qui ont fait plus de 130 morts. C’est François Hollande en personne qui l’a inauguré. Il envisage de créer une garde nationale de réservistes, et au même moment une pétition lancée par des parlementaires de tous partis réclame le rétablissement du service national, sous une forme ou une autre. C’est au regard des effets de cette attaque que l’idée fait son chemin. Déjà en janvier suite à l’attaque contre le siège de Charlie Hebdo, 80% des Français s’étaient déclarés favorables à la création d’un nouveau service national et 40% avaient estimé qu’il devrait être obligatoire.

Tout ce détour pour montrer que la constitution de réservistes répond généralement à une nécessité factuelle. Mais alors qu’est-ce qui justifie la création d’une armée de réserve au Togo ? Aucun élément motivant comme en France en tout cas. Le pouvoir Faure Gnassingbé prépare-t-il alors une guerre – cela s’entend contre un éventuel ennemi étranger, mais aussi interne ? Est-ce simplement pour renforcer la terreur sur les adversaires politiques et maintenir les populations en respect ? On se rappelle que dans le cadre de la résurrection fin 2014-début 2015 des manifestations de réclamation des réformes, dans le cadre de l’élection présidentielle d’avril dernier, des anciens combattants avaient été mobilisés pour la répression. Voilà autant de questions qui restent posées et justifient les appréhensions.

Un aspect des forces armées et de sécurité togolaises posait déjà problème ; il s’agit de leurs caractères non républicain et surtout régionaliste ou ethnique savamment entretenus à des fins politiciennes.

En avril 2005, dans le cadre de la répression à Lomé de la contestation des résultats de l’élection présidentielle du 24 avril, ce sont des éléments convoyés depuis des camps situés dans le nord du pays qui se sont le plus illustrés dans le massacre des populations, et avec un plaisir réel. Et chaque année, des recrutements se font dans les différents corps, avec une bonne place donnée à une certaine région ou ethnie du Togo. Sur ce caractère ethnique de l’armée, voici ce qu’avait indiqué Comi Toulabor :

« Le général Eyadéma a bâti essentiellement les FAT autour de son groupe ethnique. Cela est connu des Togolais que des données chiffrées à la Conférence nationale de juillet-août 1991 sont venues confirmer, lesquelles sont encore valides de nos jours dans leur ensemble. Sur les 13 000 hommes qu’elles comptent, 10 000 viennent de la partie septentrionale du pays et les 3000 restants du Sud. Parmi ces 10 000 hommes du Nord, 7 000 sont Kabyè, et parmi ceux-ci 3000 sont originaires de Pya, le village natal du Président.


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