Aggravation de la crise dans le secteur de l’éducation : Le comité de l’Assemblée nationale confronté à la duplicité de Faure ou est-il au point mort ?
Publié le mercredi 4 decembre 2013 | Le triangle des enjeux
Togo - Depuis plus de trois ans, la récurrence de la crise qui mine le secteur de l’éducation n’a de cesse de défrayer la chronique. Malgré les cris d’alarme des fédérations syndicales des enseignants notamment l’Uset (Union des syndicats des enseignants du Togo), les choses n’évoluent pas entre le gouvernement et les syndicats. Cette situation qui s’apparente à un bras de fer engagé entre les deux partis, a poussé l’Assemblée nationale à s’impliquer dans cette crise pour aider à la recherche de solution définitive aux problèmes qui minent ce secteur très sensible et prioritaire. Malheureusement, le mal demeure et la situation est en passe d’aller au pourrissement avec le nouveau développement dans cette crise. Cet état de fait demande encore plus d’implication de l’Assemblée nationale qui au regard de sa dernière intervention le 12 novembre 2013 pour en savoir plus sur cette crise, laisse dans un vide le peuple.
La situation devient très alarmante et préoccupante ces derniers temps dans le secteur de l’éducation. Il nous en souvient que suite au mot d’ordre de grève lancé par les syndicats des enseignants réunis en six fédérations sur les 04, 05 et 06 novembre derniers, pris de panique, le Ministre des Enseignements primaire et secondaire Florent Maganamé a annoncé la fermeture des écoles tant privées que publiques sur toute l’étendue du territoire national alors que les élèves venaient à peine de reprendre le chemin de l’école. Face donc à cette solution magique du gouvernement par le truchement du fameux ministre à cette crise qui s’’est annoncée et qui bouleversait le déroulement normal des activités scolaires et pédagogiques, l’Assemblée nationale, sous la houlette de son Président, Dama Dramani, s’est investie dans une certaine mesure du rôle de facilitateur pour tenter de trouver entre les deux parties un terrain d’entente.
C’est ainsi qu’elle avait convoqué le 12 novembre dernier, le tonitruant ministre pour l’écouter et savoir les mesures prises par le gouvernement allant dans le sens de l’apaisement. Mais les débats à l’Assemblée nationale ne seront jamais portés à la connaissance des Togolais qui auraient voulu voir clair dans cette situation et les vraies raisons pour lesquelles le gouvernement s’obstine dans son refus à faire évoluer la situation. Après donc la rencontre avec le ministre, le Parlement a décidé d’écouter la fédération des syndicats. Et contre toute attente, le très suffisant et arrogant ministre brandit une étoffe de menace contre les enseignants qui seront considérés comme démissionnaires lorsque ceux-ci ne respecteront pas le contenu du communiqué annonçant la reprise des classes.
Cette nouvelle situation créée par le ministre a failli faire voler en éclat la reprise annoncée des cours n’eût été la sagesse des responsables syndicaux qui ont eu la présence d’esprit de retourner s’indigner de ce comportement répréhensible du ministre auprès du Président de l’Assemblée qui les aurait rassurés. Mais comme il est à le constater, l’année scolaire 2013-2014, connaît toujours des troubles inhérents à l’intransigeance du gouvernement dans son refus de satisfaction des revendications des enseignants pour des raisons lesquelles jusque-là sont loin de convaincre les Togolais. Et, montrant leur détermination face aux mesures de diversion du gouvernement, les enseignants étaient entrés encore en grève les 28 et 29 novembre derniers lorsque les discussions engagées avec le gouvernement ont échoué.
Et c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le gouvernement aurait prélevé des retenues du salaire des enseignants qui ont observé ces jours de grève. Ayant donc passé à la vitesse supérieure, les enseignants n’entendent pas baisser les bras. Les cours pour lesquels des retenues auraient été constatées sur le salaire des enseignants sont supposés faits, telle a été la décision sanctionnant l’Assemblée générale des enseignants le samedi dernier. Notons qu’une assemblée est également prévue le samedi prochain pour décider de la conduite à tenir pour la suite du mouvement.
Dans cette situation d’incertitude totale, que réserve-t-on à la jeunesse pour laquelle aucun sacrifice n’est grand ? Soucieuses donc du devenir des enfants, nombre de préoccupations convergent vers l’idée selon laquelle, l’Assemblée nationale, comme elle s’est investie du rôle de facilitateur qui a permis la reprise dans la sérénité de la deuxième rentrée scolaire le 14 novembre 2013, par le truchement de la commission-éducation, se doit de mesurer la gravité de la situation en prenant en compte, la mise en place des dispositions qui puissent favoriser d’une manière ou d’une autre, la satisfaction des revendications à travers la reprise des négociations entre syndicat et gouvernement. Oui, le Parlement doit s’impliquer davantage pour servir d’arbitre et accomplir avec perspicacité et efficience, cette mission qui s’apparente à une mission rogatoire afin d’empêcher le développement de toute situation devant compromettre l’avenir de la relève dont la débandade scolaire n’est plus à démontrer, vu l’intransigeance des uns et des autres.
Le gouvernement, en soutenant qu’il a le dos au mur ne doit pas évoluer dans le sens de durcissement de sa position par la prise et l’application de décisions qui ne sont pas de nature à contribuer à la résolution de la crise. La prise de décision dans un tel cas de figure doit se faire avec tact, doigté et surtout sagesse si l’on veut éviter le syndrome de l’année dernière aux élèves. Il n’est pas du tout indiqué de camper sur sa position parce qu’on croit avoir à ses côtés, la force de la répression et la puissance de l’argent pour tenter de léser ceux qui travaillent à former les cadres pour la construction de ce pays. La situation qui est quasiment pourrie risque de dégénérer si l’on n’y prend garde. C‘est pourquoi l’Assemblée nationale qui étudie et vote le budget, doit prendre à bras le corps ce problème et aider à ce qu’on n’arrive pas à la situation extrême qui porterait définitivement un coup dur à l’année scolaire. Aux grands maux, les grands remèdes dit-on souvent.