Qu’est-ce qu’elles ont, ces personnalités allemandes à se fondre systématiquement en éloges pour la dictature héréditaire chaque fois qu’elles débarquent au Togo?

Politique

Publié le lundi 11 janvier 2016 | Liberté

© aLome.com par Parfait
Günter Nooke, Représentant spécial de la chancelière Angela Merkel a effectué une nouvelle visite à Lomé où cours de laquelle il s’est entretenu avec le président Faure Gnassingbé.
Lomé, le 31 mai 2015. Ambassade d`Allemagne au Togo. Conférence de presse de Günter Nooke pour détailler les contours de son nouveau séjour diplomatique, en présence de plusieurs membres du corps diplomatique accrédité au Togo.

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« Il est toujours à craindre que le panégyrique d’un monarque ne passe pour une flatterie intéressée » (Voltaire)

A les entendre, le Togo serait une oasis enchantée, un éden de verdure en Afrique. Il ne leur reste qu’à demander la nationalité togolaise pour venir s’y installer.

« Le Togo dispose d’un grand potentiel de ressources naturelles et humaines et a tout le potentiel pour devenir dans peu de temps l’un des cinq principaux pays émergents du continent africain », c’est la nouvelle trouvaille du ministre allemand de la Coopération économique et du Développement, Gerd Müller en visite dans notre pays. Il s’est également félicité du renforcement de la démocratie dans notre pays avec la tenue en avril 2015 d’une élection présidentielle libre et transparente, la lutte contre la corruption, les efforts déployés en matière de bonne gouvernance etc.

En tout cas, ce sont ces genres de propos flatteurs qu’aiment entendre le jeune Empereur et sa cour de roitelets, et Gerd Müller semble bien avoir appris la leçon.

Il nous souvient qu’au cours d’une visite à Lomé en mai 2015 pour, dit-on, « transmettre les félicitations d’Angela Merkel à Faure Gnassingbé pour sa réélection à la présidentielle », le représentant personnel de la chancelière pour l’Afrique, Günther Nooke et l’ancien diplomate allemand Volker Berresheim et s’étaient inscrits dans la même dynamique en tenant des propos qui avaient suscité l’indignation et la consternation dans l’opinion.

« Où en Afrique vous avez sur le plan politique, de la paix, du processus de démocratisation, du développement économique, un seul pays qui fait mieux que le Togo ? », avait dardé Volker Berresheim. Et Günther Nooke d’embrayer : « De notre point de vue, le Togo est sur le point de devenir un modèle pour la démocratisation en Afrique ». Des déclarations qui avaient suscité un tollé dans le pays et certaines formations avaient même émis de vives protestations auprès de l’ambassadeur d’Allemagne au Togo.

Aujourd’hui, c’est Gerd Müller qui en remet une couche. D’après lui, notre pays sera dans peu de temps sur la « short-list » des pays émergents. En Afrique quatre Etats sont considérés comme émergents : l’Afrique du sud, l’Egypte, le Maroc et la Tunisie. Selon le classement établi en 2014 par l’assureur crédit Coface, le Kenya, la Tanzanie, l’Ethiopie et la Zambie sont les quatre nouveaux relais de croissance en Afrique. Ces Etats justifient, d’après Coface, d’une croissance potentielle élevée, d’une économie diversifiée et résiliente aux chocs de croissance.

Dans le starting-block se trouvent également des pays prometteurs comme le Botswana, l’Angola, l’Ile Maurice, le Rwanda, la Tanzanie, le Ghana, le Nigeria, le Botswana, la Côte d’Ivoire, etc., des pays qui sont de plusieurs année-lumière en avance sur le Togo. Par quelle alchimie Gerd Müller réussira-t-il à faire de ce grand corps malade, cette « corruptocratie » incurable l’un des cinq pays les émergents en Afrique ?

On imagine que Faure Gnassingbé et ses apparatchiks ont dû afficher un sourire large jusqu’aux oreilles lorsque le ministre allemand leur a servi un si joli mensonge. On connaît la morale : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ».

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