Le ministre de l’économie et des finances n’entend rechigner à ses objectifs même si funestes doivent-ils se présenter. On ne refuse rien au gourou de la finance togolaise. Pour Adji Otèth Ayassor , ça sonne comme un sacrilège que de dire du mal en des termes pourtant avérés que l’Office Togolais des Recettes (OTR) comporte des insuffisances qui pourraient porter des coups fatals aux résultats attendus. Sachant que tout le monde surtout les esprit avertis ne voient pas l’OTR avec un regard de complicité ou de complaisance, l’argentier sort de son mutisme pour clamer haut et fort que rien n’entamerait sa détermination à voir son bébé chéri qu’est l’OTR connaître une gestation jusque l’accouchement même si les dégâts seront colossaux.
Ce qui fait la différence entre Dieu, symbole et seul détenteur de la perfection à l’homme qui est pourtant à son image, c’est que les humains, peuvent se tromper sur leurs choix. Et l’humilité voudrait qu’on accepte s’être trompé et repartir sur des bases plus saines. A ce que l’on sache, Ayassor n’est pas un dieu pour que ses options ne soient pas contestables Nous sommes de ceux-là à avoir décrié cet OTR les tout premiers avec des arguments qui, sont loin de fortuites attaques. S’ensuivront une pluie et mieux une avalanche de critiques qui au lieu de faire rectifier le tir, braquera le puissant ministre contre ceux-là qui émettent des réserves sur les résultats un peu trop sublimes qu’on vante de l’OTR qui n’est même pas opérationnel.
L’ancien ministre de l’économie et des finances et également ancien DG des douanes Elom Dadzie s’est prononcé sur l’OTR dans une interview à laquelle il s’était prêté. Avec force et conviction, il a relevé des manquements qui malheureusement ne seront pas pris en compte. Pour le président du Parti pour le Renouveau et la Rédemption (PRR) Nicolas Lawson, cet office togolais des recettes consacrera la mise sous tutelle de l’économie nationale. Les viviers de notre économie seront désormais dans les mains d’un illustre étranger qui arborera le prestigieux titre de commissaire général et les autres probablement des nationaux commissaires des trois directions ne seront rien d’autre que des commis sous l’étranger.
La douane et les impôts étaient-ils défaillants par rapport aux missions qui leur sont assignées ? Tout se passe au mieux. La douane et les impôts sont cités en exemple quoi qu’on dise dans la sous-région. Non content de cela, Ayassor veut lancer l’économie du Togo sur le chemin de l’inconnue et de l’incertitude. Comme un taureau blessé, il fonce. L’on pense que les conséquences vont mieux corriger que les conseils. L’argentier ne sera pas le plus grand perdant, il trouvera des arguments pour se dédouaner de son échec. Par contre, l’économie aura reçu un sérieux coup et il faudra du temps pour tout remettre à niveau et repartir sur des bases plus saines.
A quelle sauce le ministre Ayassor mangera-t-il les agents de la douane, des impôts et des services généraux qui ne seront plus bons à rien ? On parle de la réinsertion de certains dans le circuit de la fonction publique. C’est trop facile et simpliciste de voir la chose ainsi. Ces employés à ce que l’on sache ne sont pas des colis qu’on va déplacer d’un point à un autre. Il y aura des paramètres à respecter pour leur nouvelle insertion. Et naturellement, de cette opération, naîtront des ratés qui donneront lieu aux frustrations. Ayassor prépare ainsi un autre terrain qui sera fécond en ébullitions sociales.
Il se révèle d’une indécence morale que de dire qu’on aime autrui plus que soi. Quels sont les réels intérêts du ministre Ayassor dans cette aventure ? Loin d’être un philanthrope, le ministre à la rigueur sélective comme on aime l’appeler dans certains milieux sera le maître à bord du navire économique. Tous les labyrinthes du non-droit en matière économique seront explorés et exploités à fond. D’ailleurs, il se susurre que le cabinet commis pour poser les bases de l’OTR a été grassement servi et que la manne est passée de la main droite pour retomber dans la gauche.
La volonté de la mise sous tutelle de notre économie nous interpelle et la complicité d’avoir donné les coudées franches à une aventure aussi hasardeuse qu’incertaine ne nous honorera pas.
Ben TCHAK
Courrier de la République N°340 du 03 décembre 2013
![](http://news.aLome.com/img_photos/M/mini.jpg")
