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Alassane Ouattara et Jonathan Goodluck occultent le hold-up en préparation et chantent la non violence L’affaire Kpatcha Gnassingbé aussi au menu des discussions
Publié le lundi 22 juillet 2013  |  Togo infos


© Présidence par C I bou T
Togo : les Présidents Alassane Ouattara et Goodluck Jonathan animent une conférence de presse
Vendredi 19 juillet 2013. Togo (Lomé)


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Annoncés en visite surprise dans notre pays, les Togolais voyaient en eux des messies, par rapport aux élections législatives au pas de charge du 25 juillet prochain. Ils croyaient sincèrement que les deux hommes allaient pouvoir faire entendre raison à leur homologue togolais opaque à tout. Mais leur déplacement n’aura été d’aucune utilité. Au contraire, ils n’ont fait que perdre du temps aux leaders du Collectif « Sauvons le Togo » et de la Coalition Arc-en-ciel. Eux, ce sont les chefs d’Etat ivoirien et nigérian, Alassane Ouattara et Jonathan Goodluck.
Processus électoral au menu
Les sources officielles ont juste parlé d’une visite de travail, au cours de laquelle Alassane Ouattara annoncé dans la capitale togolaise dans la soirée de jeudi et Jonathan Goodluck le lendemain matin et leur hôte devraient évoquer des questions bilatérales, sous-régionales et d’intérêt commun comme la lutte contre la piraterie maritime, entre autres ; et en rapport avec le processus électoral, le communiqué officiel annonçant leur venue a simplement évoqué un certain enchantement des chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) lors du 43e sommet à Abuja pour le « consensus sur les conditions d’organisation des élections législatives en cours au Togo » à la suite du dialogué initié par Mgr Nicodème Barrigah. Mais les Togolais qui savaient lire entre les lignes étaient certains que le processus électoral de tous les risques devrait également être évoqué, ou même était l’objet principal de leur visite. Et ils ont vu juste.
La question était bien au menu des entretiens entre Ouattara et Goodluck et leur hôte. Les deux hôtes ont même rencontré vendredi les leaders de la classe politique (Unir, Ufc, Cst et Coalition Arc-en-ciel). « Les deux chefs d’Etat sont venus d’abord d’enquérir de la situation qui prévaut dans notre pays. Ils nous ont entendus avec beaucoup d’attention. Ensuite, nous leur avons raconté tout ce qui se passe au Togo et les problèmes qui empoisonnent la situation politique togolaise. Ils ont pris note de tout ce que nous leur avons dit. Ils nous ont exhortés à continuer la campagne électorale. Ils nous ont aussi félicités d’avoir accepté de nous engager dans ces élections et ont promis de discuter avec le chef de l’Etat pour certaines questions cruciales qui nous tiennent à cœur. Nous avons vu devant de nous, des gens très attentifs, des chefs d’Etat qui comprennent les problèmes du pays. Nous avons évoqué le report de la date des élections avec beaucoup d’insistance. Nous avons demandé que ces élections soient reportées, du fait qu’il faut apaiser les cœurs avant ce scrutin. La paix se prépare avant les élections. Nous avons demandé qu’on nous donne le temps suffisant pour que nous préparions justement la paix avant d’aller à ces législatives. Ils nous ont compris. Ils nous ont dit qu’ils vont s’organiser pour que les élections se passent dans un climat apaisé », a confié le Coordonnateur du Cst, Me Zeus Ajavon. Et Me Dodji Apévon de la Coalition Arc-en-ciel de renchérir : « …Nous avons évoqué les difficultés tout en déplorant que cette mission n’arrive que maintenant. Elle aurait pu venir plus tôt pour nous aider à trouver des solutions, afin que ces élections se préparent de manière consensuelle. On aurait souhaité que la CEDEAO intervienne avant que les choses ne se dégradent. Cette intervention qui précède des difficultés est salutaire pour les démocraties fragiles que nous sommes en train de construire (…) Ce que nous craignons et qu’on leur a exprimé est que ces élections ne débouchent sur de la tricherie, parce que si ces élections ne sont pas bien organisées, cela va poser plus de problèmes pour le pays. Cela va même aggraver la crise. Ils ont promis attirer l’attention du chef de l’Etat sur les difficultés que nous avons soulevées pour voir quelles solutions apporter. J’ai senti qu’ils ne sont pas dans la logique du report des élections (...) ».
La paix, l’éternel refrain
C’est un secret de Polichinelle, même si toute la classe politique, et même les entités qui dénonçaient la préparation et menaçaient de boycotter le scrutin ont finalement décidé d’y participer, les conditions sont loin d’être remplies pour un scrutin transparent, équitable et apaisé. Le Togo retient simplement son souffle, raison pour laquelle un certain nombre d’associations de la société civile dont le Groupe de réflexion et d’action pour le dialogue, la démocratie et le développement (Grad) et Solidarité et action pour le développement durable (Sadd) insistent véhément sur l’arrêt du processus.
Le commun des Togolais préoccupés devrait ainsi s’attendre à ce que les points qui fâchent dont la problématique du découpage électoral, celle des milices du pouvoir qui maintiennent le couperet de la violence, l’invalidation fantaisiste des listes de l’opposition dans certaines circonscriptions etc. soient dénoués, grâce à la médiation d’Alassane Ouattara et de Jonathan Goodluck ; et surtout que ces derniers obtiennent un report conséquent du scrutin. Mais rien de tout cela. Tout ce qui a préoccupé les deux hôtes, c’est la non violence au cours du scrutin, la paix, et RIEN de plus ! L’éternel refrain donc. « Ce qui est important pour le Togo, c’est d’avoir des élections à bonne date, apaisées avec une campagne électorale également civilisée, sécurisée. Il faut surtout faire en sorte qu’il n’y ait pas de violences à l’issue du scrutin. Et que les résultats soient acceptés par tous. Que les recours se fassent par voie légale », a dardé le n°1 ivoirien.
Adoubement tacite du hold-up de Faure, perte de temps aux opposants
On le disait tantôt, pour Alassane Ouattara et Jonathan Goodluck, il faut que le Togo tienne des élections pacifiques et se dote le plus tôt possible d’un parlement, « le centre de la démocratie, l’endroit où les questions institutionnelles et constitutionnelles peuvent progresser et permettre à la Nation togolaise de renforcer son ancrage démocratique et l’Etat de droit ». Les deux invités n’ont donc pas trouvé nécessaire de requérir le report du scrutin, pour permettre de régler les divergences restées entières et qui font planer le spectre de violences pendant et après le scrutin du 25 juillet prochain, la transparence et l’équité des règles de jeu, toutes mesures gage de non contestation des résultats, donc de paix. Ils occultent donc savamment le hold-up électoral en préparation depuis plusieurs mois. Assez incroyable comme logique non ? La non violence justement prêchée aux Togolais par Alassane Ouattara, sans insister sur la transparence, la proclamation par les institutions électorales des résultats du laboratoire du pouvoir, a fait gerber un compatriote. « Alassane Ouattara semble avoir très tôt oublié son passé. Il ne serait jamais parvenu au pouvoir, si la même recette qu’il prône dans le cas togolais, c’est-à-dire la non violence et la contestation des résultats par les voies légales était de vigueur en Côte d’Ivoire lors des élections heurtées dans son pays. Il a fallu que lui, il défende le verdict des urnes et sa victoire à coups de fusils et de morts… », peste-t-il. Une assez bonne piqure de rappel qui vaut la peine.
Il n’est pas superfétatoire de faire remarquer que cette position des deux chefs d’Etat se trouve être, comme par hasard, celle défendue par le pouvoir Rpt/Unir et son alliée de l’Union des forces de changement, et donc les conforte dans leur logique - ce qui justifie l’opacité du gouvernement à toutes les revendications légitimes du Collectif « Sauvons le Togo » et de la Coalition Arc-en-ciel pour des élections démocratiques et crédibles. Et cette sortie ne fera que renforcer Faure Gnassingbé dans sa logique, celle de tenir le scrutin contre vents et marées. Le pouvoir va y trouver une bonne source de motivation supplémentaire ; et la toute première illustration est la convocation des corps habillés à voter par anticipation ce lundi 22 juillet. Toutes choses qui convainquent certains observateurs que Ouattara et Goodluck étaient à Lomé « pour apporter leur bénédiction au hold-up de Faure Gnassingbé », raison pour laquelle ils ont choisi le dernier moment pour débarquer. On peut justement se demander où étaient ces deux hommes depuis l’enclenchement du processus électoral en mars-avril 2012 où le pouvoir et l’opposition se tiraillaient jusqu’à présent.
De facto, cette visite des deux hôtes se révèle comme une grande perte de temps aussi bien aux Togolais qui espéraient un miracle de leur part, que pour les leaders du Collectif « Sauvons le Togo » et de la Coalition Arc-en-ciel. Il est bon de rappeler que ces derniers qui avaient déjà accusé un petit retard à cause du dialogue de Mgr Nicodème Barrigah, étaient en campagne à l’intérieur du pays lorsqu’ils ont été invités à descendre d’urgence à Lomé pour rencontrer Alassane Ouattara et Jonathan Goodluck. Jean-Pierre Fabre était par exemple dans le grand nord du pays où il mobilisait des foules. Croyant sans doute à du sérieux, ils ont suspendu leur campagne ou plutôt quitté leurs équipes respectives pour répondre à l’appel. Pour…RIEN du tout finalement ! Le confrère togoinfos.com parle justement des deux chefs d’Etat comme venus faire « du tourisme à Lomé ».

Tino Kossi

L’affaire Kpatcha Gnassingbé aussi au menu des discussions entre les trois chefs d’Etat
L’objet officiel évoqué pour justifier la visite jeudi de Alassane Dramane Ouattara puis de Goodluck Jonathan vendredi à Lomé a surpris plus d’un Togolais. Personne ne pouvait comprendre qu’au moment où tous les acteurs politiques sont dans les arènes pour la campagne électorale, ces deux présidents viennent à Lomé juste pour les exhorter à œuvrer pour une élection pacifique dans le pays.
C’était invraisemblable et très peu convaincant surtout que, jusqu’à preuve de contraire, cette campagne se déroule sans heurts, ni violence même si les conditions d’organisation de ces élections ne sont pas optimales pour garantir leur transparence. C’est donc insatisfait de ce prétexte qui a été servi au peuple togolais qui nous a poussé davantage de curiosité pour en savoir plus sur les raisons de l’arrivée des deux chefs d’Etats au Togo.
Il nous revient donc qu’Alassane Dramane Ouattara et Goodluck Jonathan ont juste habillé le mobile de leur déplacement de Lomé avec le prétexte des élections.
En réalité, leur séjour à Lomé n’avait qu’un seul but, amener Faure Gnassingbé à exécuter l’arrêt de justice de la CEDEAO concernant l’affaire Kpatcha Gnassingbé. Pour l’instant, l’on ne connaît pas avec précision l’interprétation que ces chefs d’Etats de la CEDEAO font vraiment de cet arrêt, mais ce qui est certain, c’est de cela qu’il s’est réellement agi lors de leur séjour au Togo.
Ils ont juste profité de ce séjour pour faire balader les leaders politiques sur le chantier des élections. Il n’y avait pas vraiment matière à en discuter. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils n’ont apporté aucune réponse adéquate aux différentes doléances formulées par les leaders de l’opposition.
Mieux, dans le cadre de la recherche des voies et moyens pour amener l’ensemble de la classe politique à s’entendre sur un minimum avant l’organisation de ces élections, une visite de Saïd Djinnit, réprésentant spécial du secrétaire général des Nations Unies était prévue pour le 18 juillet passé. Mais l’accord intervenu trois jours plus tôt entre les deux regroupements de partis politiques et le gouvernement l’a amené à avorter le voyage.
En clair, il n’y avait donc plus nécessité d’engager une quelconque discussion entre les acteurs politiques avant l’organisation de ces élections à moins d’obtenir un report substantielle de la date de ces élections. Rien ne pouvait alors fonder le voyage de ces deux chefs d’Etats, poids lourds de la CEDEAO au Togo juste pour parler de ces élections.
C’est donc une évidence que c’est le dossier Kpatcha Gnassingbé qui a été au cœur des échanges entre Faure Gnassingbé et ses homologues ivoiriens et nigérians. Mais que fera alors le dictateur du Togo après les conseils avisés de ses collègues de la sous-région?
On se rappelle qu’une polémique puérile et immorale est née au lendemain de l’arrêt rendu par la Cour de justice de la CEDEAO à propos de la libération ou non de Kpatcha Gnassingbé, frère cadet de Faure Gnassingbé et ses coaccusés, condamnés en 2011 dans une affaire de complot contre la sûreté intérieure du pays.
Les maladresses qui ont émaillé leur détention depuis 2009 ainsi que l’injustice dont ils ont fait l’objet au cours du procès ont fondé la Cour de Justice de la CEDEAO à constater la violation flagrante de leur droit à l’intégrité physique, leur droit à la défense et leur droit à un procès équitable.
La Cour a alors ordonné à l’Etat du Togo de prendre toutes les dispositions nécessaires et urgentes pour faire cesser la violation du droit des plaignants à un procès équitable. Près de trois semaines après la publication de cet arrêt, l’Etat du Togo n’a toujours pas encore réagi.
Au contraire, le garde des sceaux, Me Tchalim Tchitchao a plutôt sorti un communiqué pour en rajouter à la polémique alléguant sans honte que la Cour de Justice de la CEDEAO n’a pas demandé la libération des plaignants. Les Togolais attendent donc de voir les mesures nécessaires et urgentes que Faure Gnassingbé entend prendre pour faire cesser la violation du droit des plaignants à un procès équitable.



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