«Si je constate que le pouvoir n’exécute pas les engagements qu’il prend…, pourquoi je ferai comme si le pouvoir a un comportement républicain»
Depuis lundi dernier, on connait les obligations et les avantages du Chef de file de l’opposition. Par un décret pris en Conseil des ministres réuni à Kara dans le Nord du Togo, le gouvernement togolais, selon les termes du communiqué ayant sanctionné les travaux, a adopté le décret relatif aux modalités du statut de Chef de file de l’opposition qui a une durée de vie d’une législature. Ainsi, son titulaire, conformément aux règles de protocole d’Etat, a un rang de président d’institution et à dès lors droit à des avantages pécuniaires et matériels y afférents.
Et étant donné que les avantages appellent également des obligations, toute personne qui hérite de ce titre de Chef de file de l’opposition se doit de « veiller, entre autres, à préserver l’intérêt supérieur de la nation dans le cadre de ses activités et de celle de l’opposition en général, à se conformer au devoir citoyen et républicain et participer aux manifestations publiques officielles auxquelles il est invité ».
Ce décret portant modalités d’application de la loi N°2013-015 du 13 juin 2013 portant statut de l’opposition, enfin pris, pour la législature en cours, il incombe au président du premier parti de l’opposition togolaise à l’Assemblée nationale, l’ANC, en la personne de Jean-Pierre Fabre, de se conformer à ces obligations contenus dans le décret pris hier par le Conseil des ministres pour pouvoir jouir pleinement des avantages que lui confère ce statut.
Mais déjà, l’homme pose ses balises par rapport à cette loi que son bloc parlementaire a refusé de voter il y a quelques années pour certaines réserves. « Je ne lutte pas pour être chef de file de l’opposition. Je vois plus loin, parce que j’ai un programme, j’ai des ambitions pour mon pays, et donc Chef de file de l’opposition, j’utiliserai la fonction au mieux pour des intérêts de la lutte que je mène», a-t-il confié au micro de nos confrères de Rfi.
Et à la question de savoir s’il répondra aux invitations à des manifestations publiques officielles, pose une condition, « si je constate que le pouvoir n’exécute pas les engagements qu’il prend de faire en sorte que les élections soient libres, transparentes et démocratiques, de faire les réformes prescrites par l’Accord politique global, pourquoi je ferai comme si le pouvoir a un comportement républicain ».
En tout cas, tout comme Jean-Pierre Fabre n’est pas surpris par l’adoption de ce décret portant modalités d’application de la loi N°2013-015 du 13 juin 2013 portant statut de l’opposition, le gouvernement ne sera pas surpris quant il s’agira de constater qu’il n’honore pas les obligations qui lui incombent conformément à la loi. On peut dès lors prédire sans se tromper le début d’une nouvelle joute entre cet opposant de Faure Gnassingbé et le pouvoir de Lomé.
