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TOGO: Les raisons qui démentent Georges Aïdam et rendent improbable une victoire du parti UNIR
Publié le mardi 23 juillet 2013  |  LIBERTE HEBDO TOGO




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Jour J-3 et les Togolais se rendront aux urnes pour élire leur nouvelle Assemblée nationale. Mais en attendant, les pronostics les plus fous, la surenchère politique et les opérations de charme se poursuivent. Au parti UNIR, on parie déjà sur une victoire incontestable. Seule reste à déterminer son ampleur. Mais UNIR, au-delà de tout discours politique, a-t-elle actuellement le vent en poupe ? Focus sur ces faits et événements qui démentent la foi inébranlable de Georges Aïdam en une victoire du parti présidentiel.

Officiellement, il reste trois jours pour que les Togolais se rendent aux urnes. Mais les forces de l’ordre et de défense accompliront leur devoir civique aujourd’hui, par anticipation. Que ce soit du côté du pouvoir ou de l’opposition, on déploie les dernières stratégies afin de grappiller quelques voix sur le terrain de son adversaire politique et rallier à sa cause, les indécis. Meetings politiques par-ci, caravanes par-là, il n’y a point de doute, la campagne électorale bat son plein. Lors de l’une de ses activités, jeudi dernier, Georges Aïdam, premier Vice-président du Parti UNIR a déclaré : « Nous ne doutons pas de la victoire, il s’agit de savoir quelle va être son ampleur». Propos qu’il a réitérés à maintes reprises déjà. Cependant, une victoire de l’UNIR lors des prochaines législatives est-elle probable ?

Pour répondre à cette question, il convient de rappeler que la souveraineté appartient au peuple et que c’est lui qui la délègue à ses représentants, par le jeu électoral. En désignant donc ceux qui devront le représenter et défendre ses intérêts face à l’Exécutif et en régulant et contrôlant les actions de ce dernier, le peuple participe lui aussi à la gestion des affaires publiques et à la vie de la nation. Et pour un parti au pouvoir, ces occasions sonnent comme l’heure pour le peuple de dresser son bilan, de lui renouveler sa confiance si nécessaire, ou de le sanctionner en cas d’insatisfaction vis-à-vis de sa gouvernance. A travers les élections à venir, c’est donc la gouvernance du RPT/UNIR qui devra être jugée ; et selon Georges Aïdam, c’est un satisfecit que les Togolais, dans leur majorité, vont exprimer vis-à-vis de la gestion du pays par son mentor, Faure Gnassingbé. Voilà pourquoi il mise sur une victoire. Pourtant, plusieurs faits et événements démontrent qu’entre le régime et la plupart des Togolais, c’est beaucoup plus la lune de fiel.

Au plan politique, la tension est demeurée palpable. Le reliquat des réformes politiques prévues de longue date par l’Accord Politique Global est renvoyé aux calendes grecques. Depuis la création du CST et de la Coalition Arc-en-ciel, le pouvoir n’a eu de cesse d’être vilipendé. En cause, son refus d’accéder aux revendications politiques somme toute légitimes des deux fronts de l’opposition. Le compromis politique auquel sont parvenus récemment pouvoir et opposition ne permet de nuancer en rien cette réalité.

Au plan économique, la croissance inclusive et partagée promise est demeurée une promesse de Gascon. S’il y a eu croissance, on parle d’une prévision de 4,2%, c’est Faure Gnassingbé et ses collabos qui en sont les seuls et vrais bénéficiaires. Le Chef de l’Etat en est lui-même conscient. Dans l’un de ses rares discours à la nation, il a reconnu officiellement cette injustice institutionnalisée : « c’est une minorité de gens qui accaparent les ressources de l’Etat ». Mais depuis lors, il est resté timoré et un spectateur médusé de cette situation. A preuve, il n’a entrepris aucune démarche pour redresser la barre et rapprocher les Togolais de l’objectif d’une croissance inclusive et partagée. Aujourd’hui plus que jamais, la course à l’accaparement des richesses nationales et à l’enrichissement illicite a le vent en poupe. Au nom de l’impunité dont jouissent ceux qui la perpétuent. Les multiples réformes économiques que le gouvernement déclame avoir engagées restent un mirage si près de dix ans après, le Togolais lambda reste le grand oublié et que seuls Faure Gnassingbé et ses amis amassent tout pour eux.

L’autre événement que l’on qualifie de tragédie économique et qui révèle l’incurie avec laquelle le pays est géré reste le double incendie qui a ravagé les marchés de Kara et de Lomé avec quarante-huit heures d’intervalle. A ce jour, les vrais coupables restent inconnus. Le Collectif « Sauvons le Togo » qui a payé le plus lourd tribut lors de l’enquête-croisade ouverte par Essolissam Poyodi, Procureur de la République, suite à ces drames paraît plutôt blanchi par les fameuses mesures de mise en liberté provisoire de ses responsables, au nom, a-t-on dit, de l’apaisement politique.

Sur le plan social où Faure Gnassingbé était très attendu, la désillusion est encore plus frappante. Rares sont aujourd’hui les corps de métiers ou de professions à être épargnés par le syndrome de la grève. En effet, le Togo, depuis les vingt-quatre derniers mois, a enregistré une kyrielle de crises sociales. A l’origine de tous ces malaises sociaux, les revendications de meilleures conditions de vie et de travail pour les uns, et de meilleures conditions d’études pour les autres. Pêle-mêle, l’UNEET à l’Université de Kara, le MEET à l’Université de Lomé sont les mouvements qui se mettent à l’avant-garde de la défense des intérêts des étudiants. Lors de leurs manifestations qui ont parfois dégénéré en des affrontements sanglants avec les forces de l’ordre et en des scènes de guérilla urbaine, il y a eu des interpellations des meneurs, des arrestations dans leurs rangs et des intimidations. Le calme qui règne aujourd’hui dans les deux universités est bien précaire et il suffit d’une étincelle pour que le monde universitaire brandisse à nouveau la menace d’une grève.

Mais au chapitre des déçus de la gouvernance de Faure Gnassingbé, il n’y a pas que les étudiants. Il y a aussi et surtout la Synergie des Travailleurs du Togo qui reste le creuset de tous les agents publics agacés par la duplicité et la « trahison des responsables des centrales syndicales ». Pièces maîtresses de ce mouvement, le corps médical et les enseignants. Leur principale revendication tourne autour du doublement de la valeur indiciaire. Mais leurs multiples discussions avec le gouvernement n’ont accouché de rien du tout, à ce jour. A leur suite, les surveillants de l’Administration pénitentiaire qui, exaspérés par les promesses fallacieuses d’un avenir meilleur dont leur ministre de tutelle les berce, ont effectué l’opération « bruit de bottes » à Lomé et marché jusqu’au ministère de la Justice.

The last but not the least, les magistrats et les greffiers sont venus grossir les rangs des frondeurs. Si pour les premiers, un compromis aurait été trouvé, pour les seconds, les discussions sont au point mort. Aussi ces derniers promettent-ils, après les élections, revenir à la charge. En général, c’est la misère qui bat tous les records, quoique la FAO ait cru bon devoir décerner à Faure Gnassingbé un soi-disant prix pour sa lutte contre la faim au Togo et la réduction de moitié de la malnutrition.

Et comme si ces contre-performances du pouvoir ne suffisaient pas, il y a eu le feuilleton du choix controversé des candidats d’unir à la députation. Une véritable foire d’empoigne ! Dans plusieurs circonscriptions, les populations vouent aux gémonies les candidats de l’UNIR, car ceux-ci leur ont été imposés. Dans plusieurs localités du Nord du pays réputées fiefs du pouvoir, Faure Gnassingbé semble avoir perdu la cote. Et de plus en plus, des populations n’hésitent pas à se saisir du moindre sujet de mécontentement pour faire preuve de défiance vis-à-vis du pouvoir et de ses symboles. Le « Kpatchagate » et le « Bojonagate » ont également été à l’origine de ce désamour entre Faure Gnassingbé, son parti et les populations du Togo profond.

Vraisemblablement, le pouvoir autant décrié sur tous les plans et autant vomi de toutes parts, s’achemine vers une véritable déculottée électorale. Rien d’autre qu’un vote-sanction. Cependant, Georges Aïdam, premier Vice-président de l’UNIR clame d’ores et déjà la victoire de son parti: « Nous ne doutons pas de la victoire, il s’agit de savoir quelle va être son ampleur ». Serait-il déconnecté de la réalité ? Sur qui compte-t-il pour remporter ce scrutin ? Ces millions de Togolais qui maugréent chaque jour et imputent leur misère quotidienne à la mal gouvernance de Faure Gnassingbé ? Il ne serait pas surprenant que, comme feu Eyadéma, son fils fasse appel au vote des bêtes sauvages pour avoir la majorité à l’hémicycle. Selon des révélations d’Yves Ekoué Amaïzo, Coordonnateur général du CVU-Togo, commentées par le site du gouvernement republicoftogo, les dés électoraux seraient pipés d’avance : « Grâce à des « fuites », il est même en mesure de donner les résultats définitifs du scrutin : Union pour la République (RPT/UNIR) : 46 sièges , Union des Forces du Changement (UFC) : 23 sièges, Collectif Sauvons le Togo (CST) : 15 sièges, Coalition Arc-en-ciel (CARC) : 6 sièges , Convergence patriotique panafricaine (CPP) : 1 siège ». Ceci n’expliquerait-il pas l’optimisme à toute épreuve de Georges Aïdam ? Réponse dans une poignée de jours.



Magnanus FREEMAN
LIBERTE HEBDO TOGO

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