Plusieurs leaders de partis se sont prononcés depuis la semaine dernière, à travers différentes sorties politiques, sur l’opérationnalisation de la loi portant statut du Chef de file de l’Opposition au Togo. Dans la majorité de ces sorties médiatiques, on a critiqué sans gants l’ANC de Jean-Pierre Fabre.
«Inopportun», résume Me Tchassona du parti MCD en évoquant le sujet, car «cette loi est inique». Jean Kissi du CAR abonde dans le même sens, en faisant le parallèle entre le Togo et la Tunisie, en matière d’application d’un texte de loi estimé injuste. «Ce décret est un nouveau os lancé à l’Opposition togolaise pour qu’elle se déchire, comme d’habitude», rajoute-t-il.
«Nous qui contestons ce statut ne jalousons point M. Fabre ! Nous vivons dans un régime politique calqué sur le modèle français. Cette loi nous renvoie à une ambiguïté», reprécise Me Tchassona. L’ADDI va plus loin dans sa lecture de la prise du décret d’application de la loi portant statut du Chef de file de l’Opposition au Togo. En estimant que «la prise de ce décret est un signe de mauvaise gouvernance en République togolaise». «Il faut que chacun soit responsable de ses actes dans l’Opposition», réajuste Gérard Adja au milieu de cette polémique.
Ce décret va diviser «davantage l’Opposition togolaise si elle ne se donne pas les moyens de se rassembler à nouveau», poursuit Gérard Adja de l’OBUTS. «Cette loi est perfectible», ajoute-t-il, saluant au passage la prise du décret qui opérationnalise ce texte. «Nous avons un travail collectif à faire. Il faut rappeler que même l’ANC de Fabre a contesté cette loi en 2013, même s’il semble avoir changé d’avis de nos jours», constate ce vice-président de l’OBUTS.
Toujours et encore des critiques ouvertes !
Pour sa part, Gerry Taama du NET prédit l’étalage d’un antagonisme anachronique de la part de Jean-Pierre Fabre, s’il accepte comme telle la mise en branle du décret qui rend opérationnel le statut du Chef de file de l’Opposition.
«Cette loi est scélérate, parce qu'elle autorise tout parti présent à l'Assemblée nationale, de faire simplement une déclaration pour déterminer son appartenance à un courant politique. J'entends des gens dire que c'est un piège pour Jean-Pierre Fabre. Ce ne le sera que s'il accepte ce statut, s'il ne le donne pas à un autre membre de son parti», explique l’ancien officier.
Et de poursuivre en ces termes : «De nous quatre candidats à l'élection présidentielle, il est le seul à avoir revendiquer sa victoire, donc il ne peut pas être président élu, et chef de file de l'opposition. Déjà la lettre envoyée il y a deux semaines au président de la République était une erreur politique. S'il est le président élu, il ne peut pas s'envoyer un courrier. L'opposition togolaise est à bout de souffle, et ne trouvera malheureusement pas de nouveaux leaders de si tôt».
Toutes choses sur la base desquelles il fait une conjecture atypique du sort de l’Opposition au Togo: «Assez curieusement, cette descente aux enfers de l'opposition est une bonne nouvelle pour l'alternance. Ne pouvant plus se cacher derrière son opposition, le peuple va finir par prendre ses responsabilités...... dans les urnes en 2020».
Le débat autour de cette loi a vite fait de ressusciter par ailleurs les conditions dans lesquelles le CST (Collectif sauvons le Togo) a participé aux législatives de 2013. De l’avis de plusieurs contestataires de ce statut du chef de file de l’Opposition, les partis membres de ce Collectif ont participé aux législatives au nom du CST. Et non en leur nom propre.
Abass Kaboua du MCD sur le sujet, va jusqu’à rappeler qu’«après les législatives de 2013, le pouvoir togolais avait projeté de nommer comme Premier ministre Me Zeus Ajavon qui était à l’époque leader du CST, mais des clashes internes au CST ont empêché cette nomination», a rappelé le bouillant leader du MCD !
Le «Togo autrement» de Fulbert Attisso de son côté appelle les uns et les autres à dépasser les clivages politiques sur le sujet pour «aller à l’essentiel», alors que le Parti des Togolais réclame pour sa part un statut de l’opposition qui embrasse aussi bien les partis parlementaires qu’extra-parlementaires.