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L’étonnante gouvernance par l’handicap, une spécificité RPT/UNIR : Les délégations spéciales, un choix de vie sauvage en cité
Publié le mercredi 24 fevrier 2016  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
La Mairie de Lomé présente pour la 1ere fois ses voeux à ses habitants via des visuels atypiques
Lomé, le 18 janvier 2016. Principales rues de la capitale togolaise, au centre-ville.


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L‘absurde se nomme. Le désespoir se chante. Tout vient se perdre dans les mots et y ressusciter ». Dans Recherche sur la nature et les fonctions du langage, Brice PARAIN montre comment les mots colportent les maux des collectivités, le vécu des hommes, des peuples, leurs peines, leurs angoisses, leurs haines, leurs fantômes, leurs espérances, leurs satisfactions, leurs déceptions, leurs misères… La puissance magique des mots est dans le phénomène d’objectivation, c’est-à-dire, du surgissement de la réalité vivante sans fioriture, sans teinture pour une traduction de l’état d’âme de l’homme, ses motivations, ses mobiles, ses jugements.

Ce que les Togolais vivent, ce que les collectivités locales ressentent au quotidien dans les choix de gouvernance auxquels ils n’adhèrent pas du tout se perçoit dans leur distance vis-à-vis des hommes parachutés dans leurs communes et régions dans une autocratie de vision pour assiéger et ordonner leur vie en communauté sans leur solidarité, leur accompagnement.


Ce mépris des peuples qui entretient le viol de leur âme impose aux collectivités locales une réaction de défense, une résistance civile, la non-coopération qui en trente (30) ans, équivaut à une démobilisation organisée par le pouvoir central et la diagonale qu’on puisse dégager du vécu actuel de nos populations se résume à un désordre de gestion de leur environnement, de leurs cités devenues des coins sauvages d’un monde si civilisé et si propre.


Nos villes, nos communes, nos préfectures et sous-préfectures nous rebutent parce qu’elles sont d’une organisation néolithique avec leurs rudiments d’intelligence, leur absence d’éclat, leurs tristesses infinies, leurs incommodités, leur viabilité manquée, leurs odeurs, leur dégoût, leurs impacts sur les populations. Quand une cité n’est pas aimante, elle n’est pas non plus aimée. Les délégations spéciales ne sont pas faites pour un intéressement de la population à la gestion du vivre ensemble. Elles tiennent les collectivités locales isolées des questions qui les concernent au premier chef. Ainsi, elles ne se sentent pas redevables à leurs régions et communes. Il y a un hiatus d’articulation de l’organisation sociale où la reconnaissance de l’autorité s’évanouit dans la représentation mentale du citoyen à cause d’un narcissisme de régence qui se passe de l’intérêt du groupe, de la concorde nationale.


Ce système de délégations spéciales est la plus grande ankylose étatique de gouvernance dont les résultats résonnent d’échecs au regard du visage de nos communes et de l’incivisme doublé d’immoralité qui se répand dans nos contrées, villages et villes où il n’y a plus un monde qui se consacre à la défense de la terre qui les a vus naître. Le désordre institutionnel génère l’indiscipline et ceux qui ont la faiblesse de croire en la force pour éduquer les peuples se trompent toujours lourdement. Les Togolais se sentent dans une République-boutique où les commerçants du pouvoir les pressent pour leur voler leurs vies dans un total déni de leurs droits. Dans un tel désastre ressenti jusqu’au fond de leur âme, ils n’ont plus de camouflage à leurs peines, à leur désarroi et leur conscience civique se dissout dans l’effervescence de leur bile contre les prédateurs de leurs milieux, de leur cité.


Comment les populations peuvent-elles respecter ceux qui d’un cynisme méprisant les privent de leurs jouissances citoyennes et qui sont dans un entêtement invétéré de protection de leurs intérêts particuliers ?

Si la modernité est une réponse aux attentes des citoyens qui sont dans un monde global, comment les délégations spéciales peuventelles encore se justifier dans un choix morbide de régence publique ?

Le culte du faux qui est le principe du règne de la dynastie GNASSINGBE ne fermente-t-il pas une irritation populaire sur l’exigence des élections locales ?

1) Les délégations spéciales, le mal absolu au Togo

Nos villes, nos préfectures, nos régions n’ont plus un visage humain. La pression démographique n’est pas suivie d’un accompagnement intelligent en infrastructures, en services de base, en investissements. Le peu d’infrastructures éparses qui tenait lieu de provisoire souvent dans l’urgence de service sont en ruines et la plupart de nos contrés, de nos villes ont un visage de zone de guerre.

Le RPT/UNIR de GNASSINGBE I et II se contentent d’un drame si éprouvant pour nos populations et leur désolation est exploitée en des fins mercantilistes pour des élections à générosité circonstanciée qui exploitent cette misère humaine. Notre République en rebut est un grand chantier commercial juste à des occasions d’élections-brouillards où le gain des résultats est connu d’avance.

Comme les élections locales sont d’une autre teneur de complexité où les gagnants sont connus sur place sans un déplacement d’urnes et un comptage en opération hibou où les forces de sécurité n’ont rien à signaler des manoeuvres couvertes par les tenants du régime, le choix de laisser tous les ressorts de la décentralisation se rouiller et mourir de promesses infinies devient la stratégie la plus insensée de déshumanisation de nos villes, de nos préfectures, de nos populations et de tout un territoire couché dans l’ordre volontaire du désordre absolu. Cette pénalisation collective est l’entreprise la plus idiote, la plus malsaine qui inonde ce pays d’insalubrité politique, un cynisme de gouvernance qui laisse tout un pays mourir de ruines au nom d’un privilège de trône à conserver à n’importe quel prix.

Il faut prendre au sérieux cette séquence de nervosité d’Eyadéma qui traduisait le fond de la pensée politique de la dynastie : « Vous allez reculer cent (100) ans en arrière ». Tout le jeu politique du RPT/UNIR se déroule dans une conception étriquée et dans une vision échancrée où l’humain-patron est une vacuité triomphante. Ils sont prêts à tout détruire, à tout livrer à la mer, à faire disparaître ce pauvre pays tant qu’ils ne sont pas sûrs d’assurer la continuité d’un règne invisible, immoral et en héritage de massacres.

L’hémorragie continue de nos vaillants bras vers l’étranger et les mouvements de renoncement à la nationalité togolaise constatés çà et là avec des drapeaux des pays voisins plantés sur nos régions à l’Ouest comme à l’Est et les mouvements d’humeur qui emmènent les populations de Dapaong à déchirer publiquement les couleurs nationales témoignent du grand malaise d’un pays gouverné. La déréliction dans laquelle ce pays a sombré fermente un chagrin populaire qui étale une rébellion sourde ou ouverte contre l’autorité qui ne peut rien décider pour une proximité de régence publique sur la base du vivre-ensemble qui passe par les aspirations légitimes des masses, le principe d’intégration des considérations sectorielles, régionales, préfectorales, municipales pour que les collectivités locales agissent en leurs propres noms dans la construction de leur milieu et de leur avenir.

Les délégués spéciaux parachutés dans nos communes et régions sont en conflit larvé ou ouvert avec les collectivités pour leur zèle à protéger un régime, un pouvoir, un système, un chef. Les cas de Mango, de Dapaong s’étendent, treize à la douzaine, sur tout le territoire national. Ce bouillonnement populaire entretient une césure irréparable entre nos populations, les citoyens ordinaires et les visages lugubres de représentation du pouvoir qui sont souvent hélas, connus pour les malversations dans lesquelles ils ont trempé çà et là avec des bénéfices de rachat pour d’autres postes sous le parapluie atomique de l’impunité. Les collectivités locales ne se sentent en rien proches des gens à moralité douteuse ou qui n’ont aucune considération pour elles, du simple fait qu’ils ne se sentent nullement liés d’un contrat de comptes à leur ordre.

Les normes d’évolution intégrées des collectivités locales étant si longtemps rejetées de bon gré par un régime de couardise et sans vertu, l’anachronisme de choix de gouvernance avec des normes desséchées d’intelligence politique frappe toute la République d’une nuit de misère trop longue. Il n’y a plus de vie dans nos communes, dans nos préfectures…

Rien qu’à voir l’état dans lequel se trouve la mairie centrale de Lomé, la capitale, on en fait des inférences exactes sur l’ensemble des collectivités locales. Cette mairie a curieusement des ressemblances avec des entrepôts des syndicats de chauffeurs des taxis-brousse des pays comme la Côte d’Ivoire, le Cameroun… Elle est le symbole le plus frappant de l’échec des délégations spéciales, un modèle proprement rétrograde et minable qui inonde nos cités de pourritures immondes. Elle s’éclate dans des structures de location annexes et paie de baux intéressés alors qu’elle a assez d’espace pour ériger un ensemble administratif digne d’une capitale.

2) L’impératif des locales

Nous devons ici et maintenant sortir de l’engrenage politiquement cynique et immoral de déconstruction de notre propre pays et donner un fouet à la conscience nationale en somnolence dans l’asile du désespoir, parce que nous avons le droit d’exister par le vouloir-vivre et le combat pour l’émancipation de notre peuple, pour notre mieux-être et la jouissance des privilèges que notre condition de citoyens nous accorde de fait.

Nous nous rendons compte qu’entre 1960-1970, les villes éclairées du Togo étaient mieux ensoleillés et l’éclairage public couvrait les grandes rues et les rues secondaires au prorata de la densité des quartiers, pendant que nous payions juste une obole de contribution pour l’éclairage public. Aujourd’hui, cette contribution civique est multipliée par dix, la population s’est gonflée sept fois plus, les abonnés connectés au réseau de distribution se sont multipliés par trente, mais la proportion des rues éclairées se réduit au quart par rapport au taux des années 60. A la même période, nous avions construit plus d’écoles municipales, plus d’écoles officielles, plus d’hôpitaux publics que nous l’avions fait en ces trente dernières années.

La gestion du foncier était plus honnête et la question domaniale plus encadrée, à l’abri d’un écheveau d’usurpations imparablement suicidaires à Lomé où les réserves administratives sont presque toutes tombées dans la propriété privée de la « fameuse minorité fauriste ». La rapine par l’appartenance d’un clan, la délinquance autoritaire ont détruit le socle de notre cité, parce que les collectivités locales sont systématiquement exclue de la notion de contrôle et de surveillance de l’action publique. Le mode de régence de nos communes, de nos préfectures et régions par des délégations spéciales est la forme la plus épouvantable du cynisme politique et de mépris pour nos propres concitoyens. Le système de régence en cas de force majeure pour une attente courte en vue du renouvellement des instances provisoires de gestion des populations s’est mué en une trouvaille administrative inscrite dans le drame d’autorité publique pour ensevelir nos collectivités de serpillère qui n’ont droit à rien.

Cet esprit retors de règne diabolique par un vampirisme des droits des hommes, des femmes et des enfants du même pays est d’une primitivité pré-hobbienne où la conflictualité gratuite devient le bon-vouloir du Léviathan, du monstre froid qui ment froidement et tue indistinctement pour faire l’expérience de sa propre force. Nous sommes dans une vacuité conceptuelle, dans une perversion du sens politique où la bassesse éthique aveugle ceux qui se passent du respect de l’autre, de ses droits élémentaires de jouissance de son milieu, de ses richesses. Dans Les chênes qu’on abat, Charles DE GAULLE a tôt fait de dire : « Les choses capitales qui ont été dites à l’humanité ont toujours été des choses simples ». Pourquoi ce régime ne fait-il qu’à sa tête et se plaît à confiner nos populations dans des privations insoutenables ?

L’épreuve de force apparaît apodictique, elle est absolument nécessaire pour notre instinct de conservation, pour briser les exclusions honteuses et bêtes, pour assumer notre responsabilité d’engagement citoyen, parce que la République est un lieu de partage de biens communs. Nous ne pouvons plus perdre notre temps sur ces cercueils ambulants de délégations spéciales qui nous font voir notre propre dépouille de peuple considérée comme telle, du fait de notre apathie à subir des médiocrités incisives qui nous détruisent sans le soupir de liberté qui nous prend au sérieux ou qui impose le respect. Ceux qui butinent au nectar de la vie sur la ruine de nos collectivités sont dans les décombres de leur pauvre esprit. Leurs prétentions folles de règne par effraction et par la rapine doivent trouver une muraille de résistance civique, si nous tenons à défendre notre territoire, nos localités qui ont bercé nos vies d’espérance.

Nous ne demandons pas l’impossible au RPT/UNIR. Nous lui réclamons ce qui est souverainement notre droit. Il est hors de question qu’il continue de se réfugier dans un abri d’autruche par assurance de supercherie dans une niaiserie de camouflage. Le principe national de réclamations s’édifie dans l’ordinaire imposant de notre action à décider pour nous-mêmes ce qui est le mieux sans le moindre complexe de subordination ou de servitude. Mous exigeons en tant peuple l’arrêt immédiat des combinaisons grotesques et les alibis de contournement immensément vil qui ont servi trop longtemps aux pourritures conceptuelles de main basse sur nos communes, nos préfectures. Les délégations spéciales ont trente années de vie continue au Togo sans compter les intermittences sur de longues durées qu’elles ont connues sous le règne d’Eyadéma. Les sottises qui plaisent à un homme, à un régime n’ont plus droit de cité dans un monde si intégré dans un mouvement d’ensemble pour les droits des peuples.

Didier Amah DOSSAVI
L’ALTERNATIVE – N°500 du 23 Février 2016



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