Les évènements de la mi-février au centre du pays, avec les affrontements meurtriers entre éleveurs transhumants et populations autochtones, sont venus rappeler que la gestion actuelle de la transhumance n’avait pas encore apporté de solutions pérennes. Pourtant, il est impérieux que des réponses définitives soient trouvées à cette situation qui, de façon récurrente, donne lieu à des batailles rangées. Reportage sur les routes de la transhumance.
Le 16 février dernier, dans le canton de Tchalo, à 10 kms de le ville de Sokodé, une simple dispute entre un agriculteur et un bouvier peulh va servir de prétexte et de déclencheur à un affrontement meurtrier entre deux communautés. Très vite, gourdins, massues et machettes ont été sortis, comme si les protagonistes s’étaient préparés à cette situation, devenue presque inéluctable et quasi rituelle, en cette période de la haute saison de la transhumance.
Le motif du conflit est toujours le même : les agriculteurs accusent les bouviers de laisser leurs animaux ravager leurs champs. Tchalo n’a pas dérogé à la règle. Bilan : des blessés graves et une cinquantaine de bêtes tuées. Essohanam, propriétaire d’un champ de manioc, victime comme sa femme des affrontements et hospitalisés en urgence tous les deux, témoigne : « alors que j’interpellais le bouvier sur les ravages que causaient ses animaux à mon champ, il sortit son coupe-coupe et a failli m’égorger. Ma femme qui s’était interposée a été également blessée. » Le couple porte d’ailleurs les stigmates de l’agression.
Le 24 février, c’etait à Blakpa dans la préfecture d’Agou, qu’ un éleveur est décédé des suites de profondes blessures causées par des coups de couteau que lui auraient assénés un bouvier peulh, pour s’être plaint là également des ravages causés par les bêtes de ce dernier. Même scène dans les cantons de Tokpévia et de Gamé dans le Zio. Dans ce dernier, il a fallu l’intervention des forces de l’ordre pour évacuer les bouviers et les mettre en sécurité, face à la furie des populations de la zone.
Bilan de ces jours d’affrontements : trois morts, plusieurs blessés graves et des dizaines de bêtes tuées ou en fuite.
Les peuls, boucs émissaires ou vandales avérés?
Accusés d’être à l’origine de la situation conflictuelle, les bouviers peulhs s’en défendent. Ils se considèrent comme des boucs-émissaires, victimes de stigmatisation et d’exclusion. «A Tchalo, on a prétexté une dévastation. Il n’y avait même pas de champ » s’étrangle par exemple Hassane ABOUBAKARI, le représentant du chef peulh de cette localité. Parmi les premiers arrivés sur les lieux après les affrontements, il regrette que sa communauté soit diabolisée dans une situation où il estime pour sa part, que les torts sont partagés.
«Les agriculteurs étaient également armés et ce sont eux qui ont ouvert les hostilités » accuse-t-il, dénonçant des provocations subies par les éleveurs. «Les bouviers peulhs ne fuient pas lorsqu’ils savent que leurs troupeaux ont ravagé les champs d’autrui. Ils nous alertent et nous y allons négocier avec les paysans. Si les négociations n’aboutissent pas, alors nous avons recours à la gendarmerie qui sollicite les encadreurs pour l’estimation des dommages », explique-t-il. De là à soupçonner les agriculteurs de vandaliser leurs propres champs, il n’y a qu’un pas que certains franchissent. Comme Gado IDRISSA, un des responsables de la Fédération Nationale des Professionnels de la Filière Bétail et Viande du Togo (FENAP-FIB).... suite de l'article sur Focus Infos