«La vérité existe, on invente que le mensonge », a indiqué Georges Braque dans on ouvrage intitulé «Le jour et la nuit». Le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) est au bord du gouffre. La barque a beau résisté plusieurs années durant entre les turpitudes et les diktats du roublard politique, Maître Apollinaire Yaovi Madji Agboyibo.
Comme on le dit souvent dans nos communautés, « on ne saurait cacher la face de la flamme avec un pagne ». Les murs sont sérieusement lézardés et ne sauraient être rafistolés. Les rumeurs sont devenues clameurs, lorsque Mâitre Yaovi Agboyibor s’est investi du titre de « président fondateur » pour mettre le pied dans le plat du congrès ordinaire électif au cours duquel seront renouvelées les instances du parti. La guerre de succession n’a pas attendu la fin définitive du second et dernier mandat de Maître Paul Dodji Apévon pour s’éclater au grand jour.
Dans son courrier en date du 26 février 2016, «président fondateur» a indiqué je cite : «pendant qu’on s’attelait ainsi à dénouer la crise, des éléments de l’un des bords en dissension, se sont organisés pour envoyer partout sur le territoire national, des appels téléphoniques et des textos avec un cliché d’intoxication tendant à faire croire que je serais en train de chercher à revenir au devant du parti et qu’il faut que tous les militants se mobilisent pour m’empêcher.
Loin de s’en tenir là, les intéressés ont ouvert contre ma personne, en circulant de maison en maison, et à travers les médias, une campagne de dénigrement basée sur des mensonges grotesques. L’indignation suscitée par ces agissements a tout naturellement aggravé la tension au sein du parti.
La cassure a franchi un seuil que personne ne pouvait soupçonner lorsqu’à la réunion du présidium du 15 février 2016, le Président Apévon a déclaré qu’il n’entend pas rechercher le consensus avec ceux qui ne sont pas de son bord. Ce constat illustre le niveau de gravité de la crise qui affecte le parti… C’est pourquoi, en ma qualité de PRESIDENT FONDATEUR du parti, je convie les uns et les autres à œuvrer en sorte que le congrès ne s’ouvre qu’après règlement de la crise que le CAR traverse, par une structure à créer à cet effet. » fin de citation.
Comme une réponse du berger à la bergère, non seulement Maître Apévon a affiché clairement sa position par rapport à l’intention de son mentor d’usurper le titre de « président fondateur », mais aussi, il apporte de l’eau au moulin de l’opinion par rapport aux manœuvres en cours pour baliser la voie de retour au bélier noir de Kouvé.
Dans sa lettre réponse ou réplique doit-on peut-être dire, Maître Paul Dodji Apévon écrit : « Je voudrais d’abord m’étonner du titre de « président fondateur » dont vous vous êtes affublé et au nom duquel vous vous êtes permis de vous adresser directement aux responsables et militants du parti, titre que vous êtes allé chercher on ne sait où puisque, en dehors de la qualité de membre fondateur, aucun de nos textes ne l’a prévu…
Je vous rappelle que c’est Monsieur NADOR, l’un des principaux artisans de votre retour, qui a été le premier à organiser à son domicile le dimanche 24 janvier 2016, une réunion des responsables et militants du grand Lomé au cours de laquelle il a donné à boire et à manger à ceux qu’il a conviés pour mieux les manipuler… Mais en attendant, je voudrais vous faire observer qu’il n’est pas saint de votre part de chercher toujours à vous donner bonne conscience en vous refugiant derrière les entretiens supposés ou réels que vous aurez eus avec le Docteur AMAGLO et qui vous auraient décidé à vouloir revenir à la tête du parti… Je conteste donc vigoureusement votre manipulation des militants et de l’opinion qui consiste à affirmer faussement que le 23 novembre 2015 personne n’a émis d’objection à votre retour à la tête du parti et qu’il aurait eu consensus sur le sujet…
Je voudrais me permettre de demander comment vos suppôts et vous-même pensez honnêtement à un règlement de la crise lorsque vous l’aggravez par une autre conspiration qui consiste à évincer le directoire actuel du parti et à le remplacer par la structure que vous préconisez dans votre message et dont vous avez abondamment parlée lors des deux dernières réunions du présidium ». Des citations qui disent long sur le degré d’infection du CAR qui serait atteint, ma foi du syndrome qui a complètement décimé l’Union des Forces de Changement (UFC). En effet, si ailleurs, les partis politiques sont considérés comme un patrimoine commun, au Togo ils sont jusque-là des propriétés privés des personnes qui les président. Ce qui explique l’avènement de ces messieurs qui sont à la fois, le président, le secrétaire général, le trésorier…, bref tout le parti se résume en leur petite personne. Ce qui se passe au CAR n’étonne guère quand on sait pertinemment que des signes précurseurs ont suffisamment renseigné sur l’atmosphère délétère qui prévaut dans cette famille politique « clanisée » où natifs de Vo et Yoto affrontent ceux de Kouvé.
Les sorties intempestives de Maître Apollinaire Yaovi Madji Agboyibor dans la fièvre du débat sur les réformes et aussi en période pré-élection présidentielle ont amené des observateurs avisés à annoncer les couleurs de cette guéguerre qui s’éclate, comme un cadavre en pleine décomposition. Ce qui signifie donc que l’irréparable est atteint à moins d’uns sursaut d’orgueil du bélier noir. Même si ces éminents hommes politiques qui pullulent au sein du CAR arrivaient à rafistoler les fissures, le mal est déjà commis et les conséquences sont forcément la probable perte de certains militants pas les moindres qui n’ont pas signé de pacte avec la honte.
Tout ceci met également à nu la dictature enfantine qui gangrène le parti des déshérités. Ce qui rejoint la thèse de ceux qui pensent que le CAR n’est pas différent du parti au pouvoir, le RPT/UNIR. Nous y reviendrons.