Gerry Taama sur la Présidentielle béninoise: «Il est quasi impossible qu’un homme d’affaires réussisse autant qu’un Ajavon ou un Talon sans être intimement lié au pouvoir»

Diplomatie

Publié le jeudi 17 mars 2016 | Gerry TAAMA

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Gerry Taama lance officiellement l’Observatoire Africain de la Démocratie et de la Sécurité (OADS) né en février 2014
Lomé, le 17 septembre 2015. Brother Home. L`OADS officiellement présenté en public.

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"Depuis Siou où je continue à jouer à l’apprenti fermier, je suis l’actualité béninoise avec un vif intérêt, teinté il est vrai d’une certaine amertume. Les élections présidentielles béninoises sont porteuses d’une dizaine de leçons, dont j’ai décidé de ne commenter que les trois plus importantes.
Première leçon, il y a du bon dans l’alternance. Le changement de l’exécutif du fait de la limitation du nombre de mandats fournit de vraies opportunités de changement de régime.

De nouvelles alliances se forgent, des politiciens qui changent de crémerie donnent une vitalité certaine à la démocratie. C’est la limitation du nombre de mandats qui prodigue un sens à l’élection à deux tours. Et le cas béninois est la meilleure illustration de ce phénomène. Yayi boni a gagné facilement son second mandat, mais ne réussira pas manifestement à faire élire son dauphin.
Deuxième leçon, en politique l’argent a un délicieux parfum de victoire.

Quand je pense aux 50 millions que moi j’ai mis de ma poche pour nos élections, et les sommes faramineuses qu’on dépensées les Ajavon, les Talon, les ABT et autre Koukpaki, je me dis que nos 1,6 % sont finalement pas si mauvais que ça. C’est un rapport investissement/résultats efficace. Quand je me rappelle de nos convois chétifs (3 à 6 voitures pour tous les candidats de l’opposition à l’intérieur du pays) alors que les cortèges de l’autre côté font des kilomètres. Quand je revois l’image peu avantageuse de la voiture du chef de file de l’opposition, exposée dans la cour de l’hôtel centrale, en panne, pneu avant enlevé, alors que ABT fait campagne en hélicoptère, la différence entre opposants est criarde. Il faut dire que rapporté au Togo, il est quasi impossible qu’un homme d’affaires réussisse autant qu’un Ajavon ou un Talon sans être intimement lié au pouvoir. Ceux que je connais, Kakpovi et Agba Bertin sont plus ou moins en cavale. Et ceux qui donnaient l’impression d’avoir de la ressource financière et qui ont tenté l’expérience électorale (Nicolas Lawson et Agbeyome Kodjo) ont eu des résultats tellement désespérants qu’on ne peut les citer en exemple. Il y a du bon dans l’argent et aucun opposant n’en a plus au Togo.

Troisième leçons. Il y a du bon dans des institutions fortes et indépendantes. Durant tout le processus, la CENA, la Cour constitutionnelle, la HAAC, l’Assemblée nationale, voire la justice ont constamment fait preuve d’une autonomie exemplaire, donnant au Bénin l’image lénifiante d’un pays où la démocratie est solidement enracinée.

Voilà, je m’arrête là. A l’évidence, nous autres Togolais, nous sommes condamnés à contempler avec envie et dépit, nos camarades béninois se gargariser des bienfaits de la démocratie. Mais rassurons nous, chaque peuple mérite ses dirigeants. Et au vue du déroulement de la précédente élection présidentielle togolaise, les Togolais méritent amplement les leurs".

Gerry

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