C’est un principe élémentaire de bon sens que pour résoudre un conflit de façon appropriée, il faut commencer par le cerner correctement dans la restitution des faits qui sont à la source. Lorsqu’on s’écarte de cette ligne de conduite, on ne peut que se fourvoyer dans des erreurs, dans la recherche de solution au conflit. C’est ce qu’on note au sujet de la crise qui agite le CAR : au lieu de résoudre le conflit, on l’aggrave chaque jour à coup d’intoxications.
De nombreuses personnes se plaisent à reprocher au Président fondateur du CAR de chercher à reprendre la direction du parti. Or, tous ceux qui ont suivi de près la genèse de la crise, savent que ce n’est pas de Me Agboyibo que vient l’initiative de la question de son retour à la direction du parti. Dans son message du 26 février 2016 aux militants du CAR, il a souligné avec insistance que c’est Dr James Amaglo qui l’a interpellé dans des rencontres privées et surtout à la réunion du présidium du 23 novembre 2015 de revenir pour un temps à la tête du parti. Il a précisé qu’à cette réunion du 23 novembre 2015, un consensus s’est dégagé sur la proposition d’Amaglo. Il a ajouté que c’est parce que Dr Amaglo a changé de veste à la seconde réunion du 25 novembre 2015 que la crise à pris naissance avec l’apparition des deux camps.
Nous notons que c’est à partir des propos de Dr Amaglo que Me Apevon, Président du CAR a rédigé le passage de sa réaction du 7 mars 2016 concernant l’origine de la crise. Selon ces propos Dr Amaglo prétend « n’avoir jamais rencontré (Me Agboyibo) pour le convaincre de quoi que ce soit » au sujet du renouvellement de la tête du parti.
Telles sont les deux versions sur l’origine de la crise. Personne ne devrait porter de jugement sur la responsabilité de la crise sans être en mesure de situer laquelle des deux versions est conforme à la vérité. Comme l’a si bien souligné notre confrère Canard Indépendant dans sa parution du 11 mars 2016, « la question que bon nombre de Togolais se posent dès l’entame de cette crise est de savoir qui dit la vérité entre les deux responsables du CAR». Et comme un autre confrère, l’Agence Afreepress y a insisté dans un article, « il faut se demander si Dr James Amaglo a réellement essayé de convaincre Me Yawovi Agboyibo de revenir à la tête du parti avant de se reprendre ou c’est plutôt le natif de Kouvé qui a lui-même éprouvé l’envie de revenir à son ancien poste de Président du parti ? »
Tout jugement porté dans l’affaire sans avoir de réponse à cette question ne peut qu’entraîner à des erreurs et conduire à l’aggravation de la crise. Personne ne peut à la place de Me Agboyibo accepter de s’investir au règlement de la crise pendant que des éléments s’emploient à salir son nom à partir des faits qui ne reposent sur rien.
L’attitude que Me Agboyibo a jusqu’ici adoptée se comprend d’autant plus qu’il dispose d’éléments pertinents qui montrent sans ambigüité que Dr Amaglo l’a rencontré plus d’une fois en privé à propos du renouvellement de la tête du CAR. Dr Amaglo doit avoir le courage de reconnaître au moins qu’après la réunion du 23 novembre 2015, il est revenu seul dans la nuit chez Me Agboyibo pour un entretien et qu’il a oublié son bloc-notes en partant. Pourquoi est-il revenu si ce n’est parce qu’il a subi des pressions après la réunion au point d’éprouver le besoin de préparer Me Agboyibo à accepter son changement de veste à la seconde réunion annoncée pour le 25 novembre 2015.
Dr Amaglo a par son manque de courage engendré une crise sérieuse au CAR. Le dénouement de la crise passe par un prix à payer : Dr Amaglo doit se surpasser pour reconnaitre qu’il a induit Me Apevon en erreur en lui faisant écrire dans sa réaction du 7 mars 2016 qu’il n’a eu aucune rencontre privée avec Me Agboyibo à propos du renouvellement de la tête du parti.