″ On n’emporte pas la patrie à la semelle de ses souliers″ (DANTON)
Le Togo ne sort pas du néant. Il est là et sera là pour toujours, car les Hommes passent et le Togo demeure.
Au fait, nous est-il arrivé une fois, de nous demander pourquoi nous existons et à quoi sert notre vie, en d’autres termes quel est le sens de la vie ?
Notre dénominateur commun, le Togo a traversé, contre vents et marées, bon an mal an, des intempéries politiques avec des turbulences très violentes. Mais là où le bât blesse, c’est que les dirigeants politiques qui se sont imposés au peuple en s’emparant du pouvoir semblent, apparemment, se soucier peu de son bien être.
Bientôt vingt six (26) ans, le Togo, en effet, depuis le 05 octobre 1990, est rentré dans le processus de démocratisation. Les jeunes qui ont porté ce processus ont été purement et simplement trahis par leurs aînés qui n’avaient, tel qu’il apparaît aujourd’hui, aucun idéal, aucune vision pour cette jeunesse qui ne réclamait que du travail et de meilleures conditions de vie.
Ils ont oublié tous qu’on entre en politique avec trois armes :
• l’idéologie du parti
• le projet de société
• le programme de gouvernement,
La formation des militants est le premier exercice qui leur permet de s’approprier de la stratégie et des tactiques définies par les instances compétentes du parti. La stratégie relève du haut commandement, et, la tactique relève des organes gestion ou d’exécution. Lorsque tout cela est bien articulé, les bons réflexes, par anticipation, permettent d’aiguiller les actions, car en politique, il faut tout mettre en œuvre pour éviter de se faire surprendre par les événements.
Les jeunes qui ont déclenché le mouvement du 05 octobre 1990, sont devenus tous aujourd’hui des adultes. Et comme le monde est toujours monde avec la jeunesse, les mutations dans lesquelles l’humanité se trouve présentement engagée, sont dictées par l’engagement et la détermination de la jeunesse à travers le monde.
″Etre jeune, c’est pouvoir se dresser et secouer les chaînes d’une civilisation périmée″ (Thomas MANN).
Malheureusement, le manque d’ouverture d’esprit et l’absence totale de la culture du compromis ont permis à nos leaders d’abandonner, toute honte bue, cette population, la première richesse du Togo. Ils avaient tous des ambitions et animaient « la bourse des égos ». Le peuple est utilisé pour servir de brouette ou de porte-manteau dans cette tragi-comédie qu’ils ont mise en scène. La balançoire politique a permis à certains d’entre eux, de réussir leur transhumance politique. Le plus grand drame des Togolais n’est pas de mourir, mais, au contraire, de vivre sans un bon berger et sans but. Que de traumatismes ! Que de gémissements ! Que de grincements de dents ! A une petite lueur d’espoir, se succède aussitôt un sombre nuage de désespoir.
Tout comme le fleuve érode les berges ou y dépose les alluvions, le temps a fait son œuvre soit destructrice soit constructive sur le Togolais dont l’espérance de vie ne dépasse guère quarante (40) ans.
″Vulnerant omnes, ultima necat″, en parlant des heures, retenez que toutes blessent, la dernière tue.
Le Togo ainsi que sa population méritent mieux que cette misère éternelle de masse qu’on croirait planifiée et entretenue par certains de ses enfants. Pouvons-nous être fiers de notre pays ? Pourquoi les autorités politiques refusent-elles de placer l’Homme au centre de leurs préoccupations quotidiennes ? Quel tort les Togolais ont-ils commis pour être traités ainsi ? Autant de questions que l’on se pose et qui sont sans réponse.
En voulant avoir raison contre la raison, en voulant justifier l’injustifiable, le bon sens le plus élémentaire a quitté son champ spécifique pour aller trouver des justificatifs, dans la mentalité de certains indigents de la pensée universelle.
Le Togo est maintenu dans la crise socio- politique qui est devenue un fonds de commerce pour certains. Le GRAD en son temps, avait fait des propositions de sortie de crise, face au refus catégorique du pouvoir, et, à la complaisance de l’opposition, de mettre en œuvre les recommandations de l’Accord Politique Global (APG). Les parties prenantes ne se sont pas du tout gênées pour mettre en place le comité de suivi qui a pour mission de veiller à l’application de l’APG (Point 5.2). Cette désinvolture suffit à condamner à l’indignité nationale toutes celles et tous ceux qui ont craché sur la souveraineté de tout un peuple.
Une lecture méthodique de la recommandation relative aux réformes constitutionnelles, permet de retenir trois (03) mots au point 3.2. de l’APG″… le régime politique…″ C’est précisément pour cela, que le GRAD pense que ces trois mots disent tout et imposent un commerce intellectuel avec des Togolais de bon aloi. Après cinquante cinq (55) ans d’indépendance, il est de bon ton qu’on fasse le bilan et qu’on se pose la question de savoir le régime politique qui conviendrait mieux aux lumières et aux ténèbres de notre pays. Le débat est nécessaire et les compétences pour l’animer existent et ne demandent qu’à être sollicitées à cet effet. Du choix du régime politique qui sera retenu, découleront automatiquement les institutions qui vont être mises en place. Le GRAD, pour sa part, a semé les graines de la réflexion dans son mémorandum de 2013. Il a proposé qu’une Assemblée Constituante soit l’instance souveraine appropriée pour débattre de cette question et faire le choix du type de régime qu’il faut pour le Togo.
L’actualité récente nous rappelle le cas de la Tunisie. Malgré les difficultés, les Tunisiens ont réussi, avec leur assemblée constituante, à faire adopter une loi fondamentale et à organiser des élections transparentes et démocratiques. Malheureusement, on s’est vite rendu compte, avec le second suicide par électrocution d’un autre Tunisien, que les problèmes qui ont déclenché le printemps arabe ont refait surface. Un débat franc sur tous les problèmes de fond – sans exclusive - permettrait à la Tunisie de sortir de l’auberge.
Ayant refusé de sortir le Togo de la crise pour des raisons que seuls les acteurs politiques de cette mésaventure connaissent, un pseudo accord a permis de transmettre à l’Assemblée nationale un projet de loi contenant quelques réformettes. Contre toute attente, les députés représentant le pouvoir ont rejeté ledit projet sans autre forme d’explication. Sous d’autres cieux, le premier ministre et son gouvernement auraient dû présenter leur démission. Au Togo, cet affront est passé comme un fait divers, et, mieux encore, comme une onction. C’est depuis cette période que le Togo est sorti de la crise socio-politique pour devenir lui-même une véritable crise.
Face à l’impasse, le GRAD a sorti un communiqué, dans lequel il a fait le constat d’échec de la classe politique. Il a invité les organisations de la société civile à prendre conscience de la situation, et, le peuple à prendre en main sa destinée et sa souveraineté.
En 2015, les clubs électoraux, estampillés par abus de langage, de partis politiques, ont organisé et participé, dans une ambiance délétère, à un scrutin au cours duquel, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), a, dans ses fourberies habituelles, remporté tous les Oscars dans la série du ″ Jamais Vu″ et tous les Césars dans la série ″J’y suis, j’y reste″.
Le Togo est- il debout ?
Le Togo étant devenu lui-même une crise, tout Togolais animé par un authentique sentiment de patriotisme ne peut répondre que par la négative. Il ne peut en être autrement. Trop de déclarations d’intention sans actes concrets. Trop de gaspillage d’énergie pour des futilités. Pourquoi sommes-nous descendus inutilement bas dans la « bassesse » ? Tout simplement parce-que nous n’avons rien compris à notre existence sur la terre de nos Aïeux.
Tenez-vous bien, lorsque le nourrisson annonce sa venue dans le monde, très souvent par son premier cri, le geste qu’il fait par la suite, lequel est assez symptomatique de la condition humaine, est celui de le voir porter sa main à la bouche. Cela est valable pour tous les Togolais qui mangent difficilement une fois par jour ″ Primum vivere, deinde philosophari″ en d’autres termes, vivre d’abord, philosopher ensuite.
C’est un précepte des anciens philosophes, par lequel on se moque de ceux qui ne savent que philosopher ou discuter et ne sont pas capables de se créer des moyens d’existence.
Au Togo, avec le renversement de l’échelle des valeurs, on a pris l’habitude de gouverner avec des humeurs et non avec des compétences.
Tout ce qui était autrefois considéré comme vice est, de notre époque, érigé au rang des vertus supérieures. De la base jusqu’au sommet de l’Etat, il y a des comportements et des propos qui ne sont pas conformes à nos valeurs et à nos notions d’éthique. De mauvaises attitudes et habitudes, malheureusement institutionnalisées, sont monnaie courante dans les maisons, les quartiers, les écoles et les rues. Les insultes et les violences verbales dans un passé récent, en l’occurrence au temps du parti unique et jusqu’à la mort de son Président fondateur étaient une industrie dont les activités bien encadrées, permettaient à certains Togolais, de se faire quelques sous. Aujourd’hui les insultes et les violences verbales sont devenues une distraction quotidienne dans notre pays.
Le Togo est dans un état de délabrement avancé sur tous les plans moral : social, politique, économique, financier, environnemental, sanitaire, éducatif etc.
Dans ce désordre généralisé où l’immensité des dégâts choque plus d’un Togolais, une confrérie d’acteurs politiques et hommes d’affaires participe au pillage systématique des ressources nationales –la corruption aidant - et à la déconstruction du pays.
Aujourd’hui, l’argent tient lieu de morale et détruit tout ce qui nous reste d’humanité. On trouve dans notre pays, en paraphrasant, Montesquieu, « des Togolais qui sont autant au-dessus des autres par leurs richesses qu’ils sont au- dessous de tout le monde par leur naissance ». Alors, il est aisé de comprendre que « de tels gens ne sont ni parents, ni amis, ni citoyens, ni chrétiens, ni peut-être des hommes ; ils ont de l’argent » (La BRUYERE)
Dans cette liturgie de l’argent, sont très actifs notamment :
• une catégorie de journalistes qui s’évertuent, en faisant des arrangements avec la vérité, sans grande conviction d’ailleurs, de trafiquer un vulgaire mensonge pour protéger une grande vérité,
• des mercenaires religieux qui, au nom de la parole de Dieu, ruinent allègrement les consommateurs du dimanche,
• des mutilés intellectuels qui sont à l’affût des promotions et des postes à pourvoir,
• des pseudo-élites, fragilisées par leur vénalité qui sont devenues des aboyeurs de foire pour avoir des sinécures,
• des sergents de batailles qui, à l’affût des réalisations personnelles, nagent dans les compromissions et concussions pour leur réussite sociale.
La population est la première richesse d’un pays. Lorsqu’elle n’est pas valorisée, il est certain que le pays ne pourra jamais être au rendez-vous du développement. On ne bâtit pas un pays avec la politique du verbe.
″Après le pain, l’éducation est le premier besoin du peuple″. (DANTON)
Au Togo, le pain et l’éducation sont des denrées rares. Sans le peuple, rien ne peut réussir, et sans lui, évidement, rien ne peut échouer.
Une bonne éducation, un logement décent, un salaire conséquent, une bonne politique sanitaire, un environnement sain etc., font partie des droits les plus élémentaires. L’absence de tout cela, conduit inéluctablement à l’insécurité.
″La pauvreté est une forme de violence″ (GHANDI).
Dans le cas de notre pays, on est passé de la pauvreté acquise à la misère imposée. Cette misère entretenue est, selon le GRAD, une forme de ségrégation.
Dans le domaine de la santé, les journaux de la place ont publié des articles, avec des photos à l’appui, sur l’état de nos structures sanitaires. Le cas le plus frappant, est celui du CHU Sylvanus OLYMPIO. La plupart des patients qui entrent dans cet enclos, ont l’assurance involontaire de sortir par la morgue.
Les malades n’ont pas accès aux soins, parce qu’ils n’ont aucune relation personnelle, ne sont pas recommandés et ne disposent pas de moyens financiers. Quant au personnel médical, faute de moyen et d’équipement, il ne peut pas prodiguer des soins adéquats. Par ailleurs, il sied de rappeler, qu’une épidémie de méningite se déclare chaque année dans le septentrion, sans qu’aucune stratégie de prévention ne soit mise en place. Il faut attendre un certain nombre de décès pour commencer à faire la mouche du coche. Quel malheur !
Le GRAD estime, pour sa part, qu’il faut organiser chaque année des séances d’information et de sensibilisations sur toute étendue du territoire national. Il s’agira pour les autorités compétentes de prodiguer des conseils utiles en mettant l’accent sur les gestes qui sauvent avant de concevoir une stratégie de lutte contre telle ou telle pathologie.
Dans le domaine de l’éducation, c’est la faillite. Le manque d’équipement et de moyen, conjugué avec des effectifs pléthoriques, ne permettent pas dans cette promiscuité, à celles et à ceux qui sont chargés de transmettre la connaissance et le savoir, de dispenser des cours de bonne qualité et de bien encadrer les apprenants. Et lorsque les étudiants manifestent pour réclamer de bonnes conditions pour leurs activités intellectuelles, ils sont purement et simplement considérés comme des agitateurs manipulés par une main noire. Quelle abomination !
Dans l’administration togolaise, il se développe une certaine et inquiétante « ethnisation » des comportements sociaux, laquelle l’a plongée dans une incurie totale. Il y a plus de cigales que de fourmis dans la fonction publique. L’absentéisme est couronné de succès par le groupe de mots : il ou elle s’est levé(e). La corruption alimentaire entretient des relations incestueuses avec la médiocrité qui s’est installée dans le patrimoine national au détriment de la compétence intellectuelle. Certains préposés de service n’hésitent pas à manifester leur insolence pour camoufler leur incompétence. Les recrutements, aussi bien dans les secteurs public et parapublic que dans celui du privé, se font sur recommandation avec ticket ethnique ou clanique au détriment de toute évaluation objective.
Dans l’administration publique, les quelques agents qui sont encore consciencieux, se tuent à la tâche comme des vaches de trait, et sont surchargés de travail à cause de la paresse de ceux qui bossent comme des malades, de ceux qui se reposent avant la fatigue, et, enfin de ceux qui se sont spécialisés dans l’absentéisme sous le couvert de la formule magique ″ il ou elle s’est levé (e) ″. La paresse est une forme de corruption. L’homme est né pour l’action. ″Travailler est donc un devoir indispensable à l’homme social. Riche ou pauvre, puissant ou faible, tout citoyen oisif est un fripon″ (ROUSSEAU). De même, ne pas donner du travail à des citoyens qualifiés est tout simplement un crime. Le GRAD invite les autorités à dépolitiser l’administration et à faire la promotion de la compétence, seuls gages de son efficacité et de son efficience
Le Togo est devenu une sorte d’écuries d’Augias. Mentir est devenu une bravoure nationale. L’impunité, la corruption généralisée, les injustices, la précarité, les inégalités et la prédation encouragent les fantaisies criminelles. Il sied de rappeler que la corruption est une malédiction pour le pays.
Compte tenu de tout ce qui précède, le GRAD pense qu’il faut toujours privilégier le dialogue, être à l’écoute de la population, se ressaisir quand il est démontré qu’on s’est trompé. C’est tout cela qui fait l’Homme.
Enfin, le GRAD lance un appel patriotique à toutes les Togolaises et à tous les Togolais, qui sont prêts à bâtir la cité, à se mobiliser, pour qu’ensemble nous puissions, en trois (03) temps : essayer à partir du présent, d’exorciser le passé pour mieux réaliser le futur.
• Ensemble, pour le Togo d’abord,
• Ensemble, pour le Togo ensuite,
• Ensemble, pour le Togo toujours