« Le bon gouvernement est celui où les citoyens sont élevés dans le respect des lois, dans l’amour de la patrie et du genre humain, qui est la grande patrie » (Fénelon, Dialogues des Morts et Fables, écrits composés pour l’éducation du duc de Bourgogne)
« L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté », enseigne Jean-Jacques Rousseau. Le Code électoral en vigueur a été conçu de façon unilatérale par le gouvernement de Faure Gnassingbé et adopté par l’Assemblée nationale totalement acquise à sa cause. Mais ce sont ceux qui ont fait la loi, qui sont les premiers à la violer. Un phénomène qui est récurrent à chaque compétition électorale. Seuls leurs adversaires politiques sont tenus de respecter les lois qu’ils élaborent.
En effet, l’achat des consciences en période électorale est proscrit par le Code électoral togolais qui bat le record de charcutage, c’est-à-dire modifié plus d’une dizaine de fois. « Pendant la durée de la campagne électorale, sont interdites : les pratiques publicitaires à caractère commercial par la voie de presse, de radiodiffusion et de télévision, les dons et libéralités en argent ou en nature à des fins de propagande pour influencer ou tenter d’influencer le vote ; l’utilisation des biens ou moyens d’une personne morale de droit public, d’une institution ou d’un organisme public aux mêmes fins », dispose l’article 72 de la loi électorale. En revanche, Faure Gnassingbé et son parti s’en moquent éperdument. Ayant affamé les Togolais à dessein, ils profitent de chaque compétition électorale pour leur distribuer des sacs de riz griffés « UNIR » contre leurs voix. Et dès que le hold-up électoral est opéré, ces populations paupérisées sont laissées à elles-mêmes, sans une graine de riz, sans couverture sociale, sans centre de santé … en attendant le prochain round électoral. De plus, plusieurs candidats du parti de Faure Gnassingbé utilisent les moyens de l’Etat pour leur campagne. Même des présidents d’institutions de la République – Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) et Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) - dont la fonction requiert un minimum d’obligation de réserve, ont battu campagne pour UNIR dans leur localité respective.
L’autre menace qui plane sur le scrutin du 25 juillet est le vote des étrangers. Bien que le Code électoral l’interdise, le pouvoir a tendance à faire voter des étrangers installés au Togo ou des populations des localités frontalières. Déjà, Bassabi Kagbara, tête de liste de la Coalition Arc-en-ciel de la circonscription de Blitta, tire la sonnette d’alarme. Selon lui, dans les villages béninois comme N’djeléi, Tchalaidè, Dolouda, Hilou, Madjatom, Banwarè, Tinougou, Nyénékoi, Kafaga et Yomdé, des gens sont mobilisés pour venir voter dans cette circonscription. Le même candidat évoque aussi le cas de la préfecture de Dankpen frontalière avec le Ghana, et de prendre à témoin les partenaires du processus électoral au Togo, car ses militants avertissent qu’ils ne sont plus prêts à laisser des Béninois et Ghanéens venir voter sur leur territoire. Péril en la demeure donc !
En outre, le vote par anticipation des forces de sécurité et de défense hier remet sur le tapis la question du vote par dérogation qui reste la voie royale aux votes multiples. Et en attendant que ce problème ne soit réglé, gageons que les corps habillés vont rompre cette fois-ci avec cette vieille habitude qui consiste à revenir voter le jour du scrutin en tenue civile.