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Les locales au Togo/Le CRAPH appelle les paysans à la mobilisation
Publié le lundi 4 avril 2016  |  Emergence Togo


© Autre presse par DR
Le président Faure Gnassingbé à Dapaong pour offrir du matériel agricole aux populations
Samedi 17 mai 2014. Dapaong. Le président Faure Gnassingbé offre du matériel agricole aux populations


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Candidatures, éligibilité, élections : le patronat politique a su bien trouver des termes appropriés pour assujettir le prolétariat paysan, longtemps dominé à la manière du rapport nord-sud d’avant indépendances. Les appréhensions malhonnêtes et dominatrices provenant des populations urbanisées à l’endroit du paysan tirent leur légitimité de la promiscuité des centres éducatifs dits modernes et de niveau supérieur qu’elles bénéficient. Nul n’ignore que les hameaux, loin d’être dotés d’infrastructures éducatives adéquates, se contentent de hangars difficilement achevés pour l’éducation. La politique étant perçue comme l’affaire de la classe élitiste, ou dans une large mesure, des intellectuels, pas besoin d’un autre alibi pour prendre en otage le destin de toute une communauté totalement éclipsée quand il s’agit de postuler pour les différents rendez-vous électoraux.

En revanche, la même communauté est très courtisée lorsqu’il est question de solliciter ses suffrages. Autrement, elle participe à ces grandes compétitions avec en amont l’étiquette de non-alignée au regard de son statut d’ «intellectuelle limitée». En aval, elle est l’actrice de premier rang en raison de sa forte mobilisation. Elle constitue donc un bétail électoral. Ce troc des rôles donne naissance au règne absolu des cumulards, ces experts qui confisquent le monopole du discours politique, économique, social et philosophique. Ils s’en sont faits vraiment un monopole.

La politique ne peut plus être un art d’agrément, encore moins une activité de prestige. La position du Comité de Réflexion et d’Action pour la Promotion des Droits de l’Homme (CRAPH) n’est pas synonyme d’un ressentiment désapprobateur à l’égard du politique.


DU CHAMP A LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE ?
Jusque-là, la machine tient bon. Car, le pasteur à l’échelon national doit avoir le background requis, intellectuellement comme culturellement, pour se tailler une place de choix dans un monde plus moderne qu’il ne fut jamais. Le président de la République ne doit pas seulement maîtriser les valeurs culturelles de son pays, il a l’obligation de s’inscrire dans un conglomérat où l’intellectualisme va de paire avec la diplomatie internationale. Son imposition au plan international au profit de son pays tient compte indubitablement et d’une certaine manière de ses aptitudes intello-culturelles assorties d’un leadership avéré. D’où l’assèchement des paysans au milieu des prétendants à la course pour la présidence. De ce qui précède, la classe paysanne ne peut pas, et ne doit pas être en rupture de banc avec l’élite.

Sous un autre angle, si le prolétariat paysan a conscience de réclamer l’égalité des chances sans contester, ou plutôt imposer une autre définition de la compétition à connotation capitaliste, il ne mesurera son mouvement qu’au succès médiatique. Combattre cette prééminence, ce déséquilibre est possible. Mais alors, comment pourrait-on être efficace contre un système s’il se trouve, par ailleurs, que l’on est pour rien ? Le rôle inavoué de l’élite est justement de maintenir cette puissance de choix. Par contre, elle ne doit pas perdre de vue qu’ « un chef de guérilla qui a conscience de n’avoir pas dû la victoire à l’aide extérieure, mais aux partisans jaillis du terroir à son appel, ne craint pas de se montrer indocile aux injonctions du dehors. Il a la capacité, il a l’obligation, d’ouvrir une voie nationale, conforme au génie de son peuple. »

Ici, l’éducation dont le paysan doit se prévaloir pour se tailler une place au sein des grands n’est pas forcément liée à la manière classique du processus de scolarisation. Cette éducation-là peut ressembler à l’exercice d’une profession assorti d’études. Des personnalités à travers l’histoire ont bien choisi cette alternative. De ce point de vue, la classe paysanne n’est pas encore exclue totalement de l’équipe dirigeante bien qu’elle soit à la traine, n’est-ce pas ? Tout est question d’abnégation et de sacrifice. Encore faudrait-il que les conditions de vie et de travail des paysans leur offrent la possibilité de résoudre outre mesure l’équation champ-éducation si ce n’est en faveur de leur progéniture.


LA BARRE REPOSITIONNEE, LA MAYONNAISE NE PREND PAS TOUJOURS

La classe paysanne, telle que conçue sur la terre de nos aïeux, est loin, très loin de la présidence de la République. Atteindre ce point culminant est l’œuvre d’un dévouement sans commune mesure. Il est vrai que Mao Tse-tung de la Chine soit passé du champ à la présidence. Avec la foi, ce qui parait irréel devient rationnel. Mais cette assertion relève d’une autre espace. Puisque le paysan dont il est question ici ne cumule pas études et travaux champêtres. Loin d’être polyvalent, il est tout simplement, pour toute sa vie, uni-disciplinaire : le champ.

Si devenir président est une affaire élitiste, la députation n’exige pas autant de rigueur et d’abnégation. Dans les textes afférents à l’éligibilité aux différents postes électifs, celui du président requiert une certaine fermeté. Le député n’est pas forcément celui qui doit s’inscrire au rang de l’élite proprement dite. Savoir parler et écrire la langue officielle demeure la condition sine qua non. D’ailleurs, par ironie, l’on affirme qu’il suffit de savoir adopter l’attitude conformiste pour être éligible à ce poste. Ce, en raison du fait qu’appartenir à un groupe parlementaire est synonyme d’inertie en matière d’initiatives. L’adoption des textes passe souvent par le vote à main levée. Se conformer aux recommandations de son groupe parlementaire revient à s’aligner pour le vote d’une loi. Ce mouvement d’ensemble pour-contre-abstention ou de main levée apporte de l’eau au moulin à des langues indélicates qui taxent certains de députés muets ou moutons ; bien qu’il y ait des individualités qui sont des identités remarquables au parlement. L’indignation était au comble lorsqu’il s’était agi de revoir à la hausse le nombre de députés, nombre qui est passé de 81 à 91. D’autres également se sont montrés hostiles à la décision relative à l’augmentation de leur salaire.


Malgré cette fonction à portée de main, tout est mis en œuvre pour exclure subtilement les paysans de la course alors qu’il y en a qui ont le niveau requis et qui n’ont rien à envier à leurs porte-paroles à l’Assemblée nationale. Le patronat politique à l’appétit vorace réussit alors le pari. Pour parvenir à ses fins, toute initiative ou candidature en dehors des partis politique est jugée de deux sortes : si ce n’est pas l’opposition qui y voit une main du pouvoir derrière, c’est le pouvoir qui taxe de non-aligné. Cette aventure est parfois passible de châtiment par quelque moyen que ce soit. Tout dépend des moyens mis en œuvre par le « non-aligné ». Aussi, les partis taxés de menus fretins n’échappent-ils pas, dans la plupart des cas, à cet acharnement suicidaire. De ces pratiques en promotion, les mentalités sont condamnées à demeurer dans le confinement bien défini par des insatiables.

Pas un seul élément qui échappe à la loupe politique. Tout respire plus politique que jamais. Par conséquent, des images misérabilistes sont collées à la paysannerie pour l’écarter du jeu, ce qui l’a rongée de l’intérieur. Le pari est gagné, l’objectif est atteint, le politique en sort vainqueur. Pire, nonobstant cette mise en quarantaine, le paysan n’est même pas au cœur des préoccupations à l’hémicycle. Alors que ses doléances ont été inscrites dans l’agenda des candidats pendant la campagne électorale à l’intérieur du pays, celles-ci, sous l’effet du vent, sont souvent emportées sur le chemin du retour. Car, ce ne sont pas en réalité les préoccupations essentielles des prometteurs.

Au Togo, le paysannisme n’est pas prêt de s’inviter à l’hémicycle tant les attaques politiciennes sont toujours assorties d’artilleries lourdes. Le « campagnard », bien qu’il ait aussi des choses à faire valoir, se retranche dans son champ. Là au moins, il règne en maître. Quoi qu’il constitue un des maillons essentiels pour le développement du pays, son ignorance le contraint à prier humblement d’autres de s’exprimer à sa place. Les mandataires saisissent l’opportunité et s’offrent le luxe, non pas toujours dans l’intention que l’on pourrait supposer à de tels actes, mais dans l’espoir que plus de voix soient séduites de par leurs prouesses pour les prochaines joutes électorales. L’« intelligentsia paysanne » est vraiment à rude épreuve.

Selon les statistiques, environ 70% de la population sont paysans. Il n’est pas longtemps, on parle de l’autosuffisance alimentaire assurée par les mêmes paysans. Quel pourcentage de paysans au gouvernement ? Au parlement ? L’hérésie est trop prononcée, la contradiction est à son comble. Ce contre-sens ne trouve d’explication que dans un monde où la minorité maligne est appelée à s’accaparer de toutes les richesses. Cette minorité est attribuable à tous les acteurs toutes tendances confondues, aux parties prenantes aux différentes instances décisionnelles du pays. Ils sont des représentants du peuple.


Ces élus ont des parents paysans, certes. Mais une fois quitter le milieu, ils sont très vite corrompus par la longue vie urbaine aux réalités autres. A titre d’exemple : la kyrielle d’agronomes disponibles au sortir de l’université préfère plutôt déambuler dans la rue à défaut de se tailler une place dans un bureau que de retourner au champ partager la vie paysanne avec les partenaires d’hier. Ce qui revient toujours à dire qu’aucun interlocuteur ne peut défendre efficacement la cause paysanne que le paysan lui-même au milieu des siens.

En outre, cette exclusion dont est victime le paysan frappe impitoyablement la jeunesse lorsqu’il s’agit de sa représentativité au sein des instances. Autrement, sa présence dans les esprits, nous fait-on croire, n’est pas proportionnelle avec sa représentativité dans les différents organes de l’appareil de l’Etat. La minorité est toujours coupée de la masse. Ce qui confirme une fois encore qu’il y a un hold-up opéré sur la chose politique. Dans le cadre des élections, il est souvent remarqué que les jeunes ne sont pas insérés dans les rangs des politiques faute de moyens et d’expérience, à en croire les « doyens ». Fort de ce subterfuge, la classe politique les manipule tout simplement à son aise.

APPEL A LA MOBILISATION POUR SORTIR DE L’ENGRENAGE
Lorsqu’on s’apercevra que les aînés ne vont pas toujours en politique par conviction et que de nos jours, ils jouent plus sur l’ignorance de la masse que sur la mise en œuvre des idéologies politiques, des grands courants de pensée politiques, on réussira à faire tomber sans grand effort la muraille mythique qui entoure la politique au Togo. Ces aînés ne sont plus des modèles. Leurs partis politiques, faute d’une formation civique continue aux militants, optent plutôt pour le militantisme dans le but de sauvegarder des voix. La chose politique ne doit plus être l’apanage de quelques uns, qui sont pour la plupart à la recherche de repère.

Aujourd’hui, le Togo rentre dans une nouvelle ère : les locales. Elles arrivent incontestablement, incessamment. Après avoir raté les différentes messes électorales, la classe paysanne n’a plus droit à l’erreur. On parle de la démocratie à la base. Fondamentalement, c’est l’affaire de tous, la paysannerie en premier lieu puisque c’est elle qui détient ses propres secrets à la base. Evidemment, le patronat politique s’active déjà pour lui ravir la vedette, comme à l’accoutumée. Il est encore aux aguets pour positionner des militants, souvent parachutés. Le Comité de Réflexion et d’Action pour la Promotion des Droits de l’Homme (CRAPH) lance un appel pressant aux populations à la base afin de prendre conscience de leur rôle prépondérant dans la gestion de la chose communautaire.


Dans les coins reculés, il existe des organisations paysannes, des groupements, des coopératives agricoles très bien organisés et qui n’ont rien à envier aux personnages à col blanc issus des rangs politiques. Le CRAPH, en lançant cet appel, invite ces groupements et coopératives déjà organisés à prendre leur destin en main en postulant pour les locales en perspective. Ils sont plus concernés par le développement de leurs communautés que des partis politiques sans engagement ni conviction par rapport aux problèmes auxquels ils sont confrontés sur le terrain.

Cette fois-ci, le paysan doit saisir l’occasion pour porter son choix sur des personnages qui sont pour quelque chose dans le développement de sa localité. Il est vrai que c’est une compétition politique par essence, mais cela ne l’empêche pas d’y participer en tant que citoyen et acteur de développement.

Sinon quel crédit accorder à un politique face à un acteur qui, depuis belle lurette, prend part activement dans le processus d’émergence de son milieu ? Quand on parle du développement d’une localité, la responsabilité première ne doit et n’incombe pas à quelqu’un qui ne représente que l’ombre de sa formation politique. C’est en cela qu’il urge de s’associer à toute initiative visant à en appeler à la conscience paysanne pour son éveil. Le paysan demeure l’acteur privilégié et incontournable de la gouvernance locale. Ne pas y prendre part, il sera comptable devant l’histoire. Le politique, lui, affûte ses armes pour gérer à sa place. Celui-ci n’est pas tenu de prendre en compte toutes les doléances de celui-là, pratique politique oblige ! Comment peut-on promouvoir la démocratie à la base sans l’implication réelle de la base ? Paradoxe !

Le constat qui se dégage est que le paysan a l’intelligence nécessaire pour la gestion de son milieu, mais le politique aussi a la maligne pour décourager toute entreprise visant à concurrencer la sienne. D’où la mise en œuvre des stratagèmes consistant à détourner le prolétariat paysan de cette accession à la souveraineté locale. Ce qui est sûr, lorsque les groupements, coopératives agricoles et autres se désengagent au profit des partis politiques, on assistera indubitablement aux balbutiements tout au début puisque les dernières élections locales remontent à 1987. La routine en matière de gouvernance locale s’est estompée depuis. En d’autres termes, les nouveaux élus s’essayeront pour une bonne partie de leur mandature parce qu’ils sont en phase avec l’ère du renouveau.

Groupements et coopératives sont confinés dans un rôle traditionnel qui devrait, de nos jours, être redéfini, vu leur prépondérance quand il s’agit de la participation à la construction du pays. Ils doivent aller au-delà de leur rôle d’avant-gardistes de l’autosuffisance alimentaire pour accéder à celui d’acteurs à part entière dans la gestion des affaires de la cité. Nous sommes dans un Etat gâteau où chacun veut prendre sa part sans un véritable engagement. A cela s’ajoute un panurgisme qui ne cesse de marquer l’ascendance. A titre illustratif : les acteurs politiques sont en-deçà, très loin de leur croyance de type magique : tranquillité terrestre, pureté céleste, paix majestueuse, harmonie suprême.



Il serait de bon aloi que la classe paysanne s’invite dans le débat communautaire, étant en territoire conquis au regard de son encrage dans le développement local.
Vue de loin, la chefferie traditionnelle est à même de distinguer les bras valides des « touristes », bras qui sont déjà pour quelque chose dans le développement local. Investie de cette charge, elle pourrait se voir attribuer un quota pour la désignation des élus locaux, quitte aux partis politiques et autres acteurs de se contenter du quota restant. Mais elle souffre énormément d’illégitimité quoique légale. La plupart du temps, la population n’est pas en odeur de sainteté avec son chef traditionnel en raison du mode de désignation de celui-ci. D’où l’invalidation de cette option relative au quota à attribuer à la chefferie traditionnelle.

En participant aux locales, le paysan, rompu à la tâche communautaire, enclenche le processus d’amincissement entre sa classe et celle dirigeante. L’embourgeoisement de plus en plus institutionnalisé au profit de celle-ci maintient celle-là au creux du vase. Longtemps demeurée dans la position de mendiante, la classe paysanne ne peut commencer par s’émanciper que lorsque qu’il y a un éveil de conscience collectif.

Le paysan est confronté à d’innombrables difficultés. Avec l’épineux problème lié au foncier, les surfaces cultivables ne sont plus garanties. L’engrais dont il se sert pour la culture est aux mains du politique. Solliciter celui-ci pour lui venir en aide, la détérioration des termes de l’échange s’invite dans le partenariat : le rapport de force étant à son désavantage, quelques semences et produits chimiques, ajoutés aux outils rudimentaires suffisent pour emporter en échange tout son grenier fait au prix de pénibles efforts. Tout se passe exactement à la manière Nord-Sud en matière commerciale. Personne, si ce n’est lui-même, ne peut valablement faire face à tous ces ennuis. Les locales lui offre, en effet, l’occasion de peser dans la balance. Fini donc l’attitude passive et d’hébétude !

L’instauration de la journée nationale du paysan, au-delà de la fanfaronnade politique, devrait être aussi une des occasions de transcender l’objectif premier assigné à de telles rencontres pour enclencher un mouvement révolutionnaire culturel. Révolution, pas celle sanguinaire, mais mentale. Cet éveil de conscience doit faire voler en éclats ce système clos pour mettre la minorité en union étroite avec le peuple.

Le paysan doit savoir que si méritoires que soient ses efforts, et si brillants que soient les résultats obtenus, il demeurera toujours au fond du gouffre aussi longtemps que l’éclosion d’une pensée nouvelle ne l’affecte.


Dorénavant, le paysan doit choisir de bons leaders, et ce, conformément à la pensée chinoise : «le patron qui ne considère pas comme au-dessous de lui de se livrer au même travail que le plus humble de ses collaborateurs, non seulement s’enrichit lui-même par cette expérience, mais établit avec les membres de l’équipe des rapports d’égalité, qui sont essentiels pour assurer une meilleure participation de tous à la tâche commune. »

A l’issue des locales, il ne doit pas être question d’une quelconque spécialisation systématique entre gouvernants locaux et paysans prolétaires. La hiérarchie administrative n’aura exercé qu’une tâche modeste et de coordination. Tout le monde doit être au cœur de l’action afin de sauver notre pays de cette démocratie maladive dont souffrent plusieurs nations.
Le CRAPH entend mobiliser toutes les énergies en faveur de l’approche participative de la classe paysanne, appauvrie et non pauvre.

Pour le Bureau Exécutif
Le Président

Dosseh SOHEY



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