Monsieur le Président
Assemblée nationale
LOME – TOGO
Objet : Lettre d’orientation
Monsieur le Président,
Nous vivons depuis 11 ans le naufrage de la raison, de la justice et de la vérité. Le régime, qui régente le pays, a changé à la fois d’échelle et de nature. Il a massacré des centaines de togolais en 2005 pour se renouveler. Il se maintient dans l’ostracisme et par toutes sortes de violence, d’arbitraire, de mensonge et de subterfuge. En complicité avec des étrangers, il endette massivement le pays et pille nos ressources nationales. Ce n’est plus un homme qui incarne ce régime despotique mais un petit groupe d’individus sans morale et sans consistance.
La constitution en vigueur, grâce à laquelle vous exercez le pouvoir législatif en vertu des dispositions de son Titre III, est joyeusement et cyniquement foulée aux pieds. Le régime désincarné et déshumanisé bafoue avec effronterie les articles 51 à 57 de cette constitution.
C’est tellement évident que cela devient vulgaire mais révoltant pour ceux qui aiment notre pays et son peuple. Aucun membre de votre Assemblée nationale n’a pensé présenter une proposition de loi pour la mise en place du Sénat ou pour la révision de la constitution en vue de sa suppression. Il en est de même pour le Conseil Economique et Social prévu par le Titre X (Articles 132 à 136) de cette constitution. Quelle forfaiture !
Monsieur le Président, toutes les lois que vous avez votées depuis 11 ans sont en conséquence illégales. Elles violent gravement les dispositions de l’Article 81, alinéas 2 et 3 de la constitution en vigueur. Un tel mépris de cette constitution est non seulement un dédain pour vos propres actes mais également une haute trahison de notre nation.
En plus de ces scandaleuses violations, le régime maintient dans le pays et pour la masse du peuple une misère insupportable, une malheureuse inégalité et des conditions d’immoralité, d’injustice et d’oppression. Même le Chef de l’Etat a dû dénoncer cet abominable délit et ce maraudage insupportable de nos ressources par cette minorité d’oisifs et de délinquants économiques et sociaux.
Monsieur le Président, comment l’Assemblée nationale que vous présidez a-t-elle osé supprimer l’allocation de départ à la retraite que nous avions initiée pour soulager les nouveaux retraités et entretenir une économie de marché dans notre pays ? Il y a là un aveuglement et un caractère anti-social hautement détestable. Ce qui constitue la République, c’est le respect de la constitution en vigueur et surtout la bonté des mœurs. Ce n’est pas la délocalisation des séances de l’Assemblée nationale et des conseils des ministres dans les préfectures. La République ne doit pas devenir du folklore.
Epris de justice, de liberté et de progrès, le PRR vous lance un appel pressant à vous ressaisir et sollicite le peuple à faire du Togo le modèle des nations africaines, à remplir les vœux de la nature, à accomplir les destins de l’humanité et à absoudre la providence du long règne du crime et de la tyrannie.
Monsieur le Président, c’est fraternellement que je vous rappelle que c’est la longue suite des injustices et des trahisons des élites qui provoque les révolutions. Incapable d’initier elle-même les réformes dont le pays a besoin pour évoluer, l’institution que vous présidez n’a pas et plus le droit de rejeter ou de bloquer un quelconque projet de réformes constitutionnelles et institutionnelles soumis à son adoption par le gouvernement. Elle s’exposera alors à sa dissolution ou à l’exercice de la souveraineté populaire.
Je vous prie de trouver ici, Monsieur le Président, l’assurance de mes sentiments patriotiques et dévoués.