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Libre opinion/Le chômage en question
Publié le mercredi 27 avril 2016  |  Telegramme 228


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Commémoration des 56 ans d`indépendance du Togo sous le sceau du social
Lomé, le 24 avril 2016. Site de la Blue Zone. Lancement par Faure GNASSINGBE du programme Assurance du Fonds national de la finance inclusive (FNFI), et du Projet d’appui à l’employabilité et à l’insertion des jeunes dans les secteurs porteurs (PAEIJ-SP), financé par la Banque africaine de développement (BAD).


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Bien qu’il ne manque pas de réflexions sur la question du chômage, il me semble parfois que l’on manque à insister suffisamment dans nos sociétés où il y a pêle-mêle des lettrés, des insuffisamment instruits, des analphabètes, sur la diversité qui existe dans un groupe de personnes qui peuvent être appelés chômeurs. Il y a des gens qui ont une qualification, des diplômes et qui manquent à trouver du travail et des gens sans qualifications et donc sans diplômes qui eux aussi cherchent à trouver à s’employer.


Parmi les gens avec qualifications, on ne peut pas dire qu’il n’y a que des gens insuffisamment diplômés. Il y a également de la diversité et cela devrait aller des qualifications quasi insignifiantes à de très hautes qualifications voire des qualifications hyper pointues. Celui qui est au chômage a des difficultés à trouver un emploi correspondant à ses qualifications et à ses connaissances. Mais ce n’est certainement pas parce qu’il ne trouve pas d’emploi qu’il a perdu ses connaissances. La formation qualifiante il l’a bien eu. Comment par enchantement peut-il perdre ses connaissances.
A supposer que dans le domaine en question, on ne recrute que les soit disant « bons », cela ne veut pas dire que les moins bons aient perdus leurs connaissances ou même qu’ils soient nécessairement moins compétents que ceux que l’on a jugé sur un ensemble de critères prédéfinis comme étant bons.


L’idée préconçue de certains actifs est que ceux qui ont du mal à trouver du travail sont nécessairement incompétents. Ce qui ne dit pas toute la vérité sur la réalité. Plusieurs raisons peuvent être la cause d’un manque à trouver un emploi. J’insiste. Pour une personne diplômée ou ayant des qualifications particulières, ne pas avoir trouvé un emploi ne veut pas forcément dire que comme par magie on a perdu les connaissances acquises lors de la formation ou devrais-je dire les années de formation précédent la recherche d’emploi. Et plus l’on est chômeur de longue durée plus l’on devient suspect aux yeux des autres surtout quand on manque à perdre les connaissances acquises pendant les années précédent la recherche infructueuse d’emploi. De fait, certaines personnes vous considérant comme un inactif et en plus un inactif sur une longue durée, pensent que vous êtes un escroc, une fraude. Si vous aviez toutes ces connaissances que vous prétendez avoir pourquoi ne pas avoir trouvé d’emploi ?

Puisque de fait, il va de soi que si vous avez des qualifications vous trouverez toujours un emploi correspondant à votre qualification et à vos connaissances. Ce qui est très limité intellectuellement. Ne soyons pas naïf. Si pour certains la vie est un conte de fée cela n’est certainement pas le cas pour tout le monde.
De fait, il y a une bien fâcheuse tendance à nier les conditions dans lesquels on effectue une recherche d’emploi.

Et à croire qu’il n’y a que des paresseux ou des fainéants, c’est quand même extraordinaire de croire que tous les chômeurs sont des fainéants en puissance. Personne ne fait état des situations d’abus où il peut y avoir exclusion ou refus d’embauche pour des raisons ethniques, pour des raisons d’origine sociale, parfois même pour des raisons liées à l’endroit ou au lieu où l’on réside (puisque de fait, certains quartiers ont une réputation si mauvaise qu’aucune personne sensée ne voudra ou ne veut prendre le risque d’embaucher les personnes qui en sont issus.

Il peut y avoir d’autres raisons encore dont certaines peuvent être liées à la personne même du demandeur d’emploi qui lui-même peut avoir été victime ou peut être victime d’inhibitions particulières qu’il a du mal à surmonter. Même dans de tels cas, extrêmement rares, avoir ou avoir eu des inhibitions ne veut pas dire que l’on soit sans connaissances ou que l’on soit incompétent et encore moins fainéant ou partisan du moindre effort. Il nous semble qu’il faut savoir raison garder. La persécution des sans emplois, parce que c’est une persécution qui cache bien son nom, peut-être une chose facile.


La société parfois se présente pour parfaite alors qu’elle ne l’est pas. Il peut y avoir une inadéquation entre des gens ayant des qualifications, de la connaissance, et une société qui manque à fournir des terrains d’exercice de cette connaissance c’est-à-dire créer les conditions de l’emploi ou du recrutement des gens qualifiés. En imputer la faute au chômeur, tout le temps, ne me semble pas être un gage d’honnêteté et encore moins une démarche saine. Les situations sont en même temps diverses et singulières : diverses parce que nombreuses et singulières parce que chaque individu est unique et la précarité liée à ses difficultés à trouver un emploi lui sont également propres… propres à lui et rien qu’à lui. Tout cela rend les situations de chômage d’autant plus complexes.


Les individus ne sont pas interchangeables non plus. Les grandes généralisations peuvent être malsaines. Plus on est instruit, plus il nous semble qu’il faut se garder de faire de hâtives généralisations surtout dans des situations de détresse où ce sont ceux qui manquent à trouver un emploi qui sont en plus ceux à qui on demande de faire la preuve de leur non fainéantise et de leur caractère de « non parasite »... comme si le chômeur voulait nécessairement demeurer inactif pour pouvoir continuer à vivre aux crochets des autres. Même à supposer que cela soit vrai pour certains, cela est-il nécessairement vrai pour tous ? TOUS ? Vraiment ? C’est malsain. C’est très malsain.


Certains actifs ont tendance à oublier qu’ils peuvent se retrouver en situation de perte d’emploi. A ce moment là, ne deviendraient-ils pas eux aussi des chômeurs ? Et si on les percevait à ce moment là comme des « parasites » quel serait leur ressenti ? N’ayant plus de revenus puisqu’étant devenus inactifs, n’auront-ils pas à vivre aux dépends d’autrui même si ce n’est que temporairement ? Leur amour propre en prendrait-il un coup ?

Rassurés qu’ils sont aujourd’hui d’avoir un emploi, ils se permettent de porter un regard méprisant sur des gens dont certains pourraient être sinon plus qualifiés au moins aussi qualifiés voire aussi compétents qu’eux si seulement on leur faisait confiance ou pour certains, si seulement il se trouvait quelque bonne âme qui veuille bien leur mettre le pied à l’étrier. Oui… bien des actifs se sont fait mettre le pied à l’étrier et ils ont tendance à l’oublier. En tant qu’actifs ils ont le mépris facile. Un travail d’introspection s’impose. Un peu d’humilité ferait du bien à tout le monde.

Par Dr. Alexandre Nubukpo, Maître – Assistant, Département d’Anglais, Faculté des Lettres, Langues et Arts, Université de Lomé
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