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Défi de l’accord climat à New York/«Si l’humanité rate l’opportunité d’assurer l’électrification de l’Afrique de façon propre, il faudra oublier à jamais tous les objectifs de développement durable à l’échelle planétaire», selon Nicolas KAZADI
Publié le jeudi 28 avril 2016  |  Emergence Togo




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Responsable de l’Unité des Stratégies et Politiques du PNUD pour le Togo, Nicolas KAZADI nous livre ses perspectives pour le Togo et pour l’Afrique après la signature de l’Accord climat à New York le 22 avril 2016. Selon lui, l’électrification propre de l’Afrique à l’horizon 2030 est l’une des clés de succès de l’Accord climat. Il répond aux questions d’Emergence-togo.com.

Emergence-togo.com : Bonjour Monsieur Nicolas KAZADI. La convention attachée à l’accord obtenu à Paris lors de la COP21 a été soumise à la signature des Etats à grand bruit ce vendredi 22 avril à New York. On a l’impression que le protocolaire se prolonge alors qu’on présente les défis environnementaux de la planète comme urgents et vitaux. Qu’en pensez-vous ?
Nicolas KAZADI : Comme vous le dites, ce n’est qu’une impression, je dirais heureusement ! Il s’agit d’un Accord que les Etats ont voulu contraignant et il est important qu’il suive toutes les exigences juridiques pour sa mise en vigueur. Par ailleurs, l’extraoridinaire mobilisation qu’il suscite est en soit quelque chose d’inédit puisque c’est la première fois que l’on atteint autant de signatures (175) en une seule journée, pour une convention internationale. Jusque-là, le record était détenu par la Convention internationale sur le droit de la mer de 1982, dite Convention de Montego Bay. Elle avait été signée par 119 pays. On est donc du lourd et jusqu’à présent, les choses se passent plutôt très bien.

Combien de temps cela prendra avant de voir la Convention mise en œuvre et quel en sera le déclanchement ?


La Convention entrera juridiquement en vigueur une fois que les deux conditions suivantes seront conjointement remplies : qu’elle soit ratifiée par au moins 55 Etats et que cela porte au moins sur 55 % des émissions mondiales. On ne peut prévoir le temps que cela prendra, mais au regard du nombre de pays qui ont signé la Convention à New York et des engagements précis pris par les 2 plus grands émetteurs que sont la Chine et les USA, on peut penser que cette double condition sera remplie assez vite, probablement avant la fin de cette année. Si tel est le cas, la Convention pourra entrer en vigueur bien avant 2020.

Faudra-t-il attendre que la Convention entre en vigueur pour voir tous ces engagements mis en œuvre par les différents Etats ?


Pas du tout. Les engagements pris à Paris ne partent pas du néant. Tous les pays sont déjà engagés dans différents programmes allant dans le sens de la Convention. Avec l’entrée en vigueur de la Convention, les engagements pris deviendront contraignants et leur mise en œuvre ira en s’accelérant.

Venons-en au Togo, qui est un pays pilote dans la mise en œuvre du développement durable d’après le Conseil économique et social de l’ONU. Que devons-nous espérer maintenant que la Convention est signée ?


En effet, le Togo est un pays pilote du fait du niveau élevé d’engagement des autorités pour la mise en œuvre du développement durable. Le pays a de bonnes raisons pour se mobiliser car non seulement il tient à rattraper son retard dans la mise en œuvre du développement humain, mais il est également très exposé aux risques de la montée des eaux qui rognent sa côte, à l’avancée du désert dans son septentrion et aux caprices de la pluviométrie, qui a un impact considérable sur l’agriculture. Mais il y a encore d’autres implications et défis importants. Selon les scientifiques, dans la pire hypothèse, si l’on n’y prend garde , l’érosion côtière pourrait aller jusqu’à menacer l’existence même du port de Lomé, le poumon de l’économie du pays. En matière énergétique, les prévisions officielles indiquent un triplement des besoins en énergie électrique entre 2012 et 2024 alors que les projets en cours laissent apparaître au mieux un doublement de l’offre énergétique pour la même période. Le choix des solutions est beaucoup moins aisé qu’on ne le pense car chaque option a ses avantages et inconvénients, notamment sur l’environnement, sans parler des contraintes et imprévus.

Maintenant que les Objectifs de développement durable et la Convention Climat ont été adoptés, comment cela va-t-il s’articuler concrêtement sur le terrain car on a l’impression qu’on parle de la même chose ?


Ça parle peut-être de la même chose, mais sous des angles d’approche différents. La Convention Climat est un engagement global, portant sur des engagements nationaux d’atténuation des émissions à effet de serre qui produit le phénomène du réchauffement de la terre, afin de contenir ce réchauffement en deçà de 2 degrés par rapport à l’ère pré industrielle. Elle porte aussi sur les mesures à prendre pour mieux s’adapter aux effets déjà ressentis du dérèglement climatique. Les ODD eux vont plus en détail sur la manière dont l’activité économique et sociale va se mettre en œuvre en faveur du développement mais sans détruire l’environnement ni affecter le climat. En somme, les ODD, tout comme l’Accord de Paris, reposent sur les 3 principes fondateurs de la Convention cadre des Nations unies sur le climat que sont : le principe de précaution, le principe des responsabilités communes mais différenciées et le principe du droit au développement.

Concrètement, où en est-on au Togo dans la mise en œuvre des ODD ?

Le Togo dispose d’une feuille de route pour la mise en œuvre du développement durable. Ce qu’il faut retenir, c’est que le gouvernement a décidé de concevoir et de mettre en œuvre un Plan national de développement sur 5 ans, qui prendra le relai de la SCAPE qui finit en 2017 et qui intègrera à la fois les ODD, les engagements issus de la Convention Climat, d’autres engagements pris au niveau continental, notamment l’Agenda 2063 de l’Union africaine, ainsi que les engagements politiques strictement nationaux.

Vous n’avez pas mentionné la vision Togo-2030. Quelle est la crédibilité de ce processus lorsqu’on sait que rien que les ODD, c’est 17 objectifs, 169 cibles et plus de 300 indicateurs ? Si on ajoute les autres processus, est-ce que le Plan National de Développement ne va pas ressembler à une usine à gaz ?

Effectivement j’aurais dû mentionner la vision Togo-2030. Cet exercice est en cours de finalisation. On en connait déjà les grandes lignes et je peux vous assurer que tous ces processus vont dans la même direction. Ils ne s’opposent pas mais se complètent. Il reviendra au Togo d’en sortir ses priorités et son chemin vers la durabilité. Le Ministère du Plan est totalement engagé dans ces processus, en liaison étroite avec le Ministère de l’environnement et les autres. Il est prévu l’élaboration d’un Atlas des ODD, une sorte de matrice qui fait l’état des lieux de chaque ODD au Togo. A partir de cela, après consultation des différentes parties prenantes, les autorités pourront procéder à la priorisation des objectifs, activités, cibles et indicateurs de résultats. Il s’agira de cibler les objectifs et indicateurs qui offrent le plus d’externalités positives par rapport aux défis et aspirations du pays, sans oublier la question transversale des capacités qui est cruciale.
S’agissant du climat, à Paris, le Togo s’est engagé à réduire ses émissions nocives de 11,14 % en 2030 par rapport à 2010 qui est l’année de référence. Si des financements adéquats lui sont apportés, le pays portera son objectif à 31,14 % sur la même période. Ces objectifs qui concernent principalement l’atténuation vont guider les stratégies, politiques, programmes et projets en matière d’approvisionnement énergétique, de modèle de production agricole, de transport, d’habitat et autres. On voit bien le lien entre la COP21 et les ODD et la manière dont cela va se mettre en œuvre au quotidien. C’est très concret en fait.
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