Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Togo    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article




  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

Interview/Horacio FREITAS: «Nous avons perdu trop de temps à rechercher la réconciliation que je ne vois pas venir depuis tant de temps»
Publié le mercredi 11 mai 2016  |  aLome.com


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Passation de service à la FTF après la mise en place d`un nouveau bureau de cette Fédération
Lomé, le 15 février 2016. Le Comité de normalisation de la FTF passe la main au bureau du colonel AKPOVY.


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier


Qu’est-ce qui fait l’actualité du ministre Horacio FREITAS qui vient de rendre de loyaux et républicains services au foot togolais, à travers le dernier Comité de normalisation en date? L’intéressé a fait avec nous le tour de la question, à la faveur d’une interview, en abordant plusieurs sujets.


Que devient le ministre Horacio FREITAS depuis la fin de ses derniers services en date rendus au sport togolais, en présidant le Comité de Normalisation de la Fédération Togolaise de Football (FTF)?

Horacio FREITAS: C’est Dieu qui a bien voulu nous aider à rendre service au football togolais et depuis le 15 février 2016 où nous avons passé la main aux membres du nouveau Comité Exécutif de la FTF, en l’occurrence à son président, le Colonel Guy AKPOVY, Horacio FREITAS refait partie des «oubliés de la République», comme depuis 2000 où je suis à la maison.

Vous avez travaillé dans ce comité avec Yves BETE qui est passé de vie à trépas dans un brusque et tragique accident. Quelle image vous laissera l’homme?



Comme je l’ai déjà dit à certains de vos confrères, Yves était un monsieur très poli, qui mesurait toujours ses propos empreints d’intelligence et de finesse d’esprit. Lorsqu’on arrivait à percer la carapace qu’il prenait le soin de se donner pour se protéger contre les coups qui ne manquent jamais dans toute société, c’était un collaborateur charmant et perfectionniste. Nos relations grandissaient positivement lorsque le coup fatal arriva. Je garde un excellent souvenir de lui. Paix à son âme.


Peut-on espérer un redécollage idoine du football togolais sur le court et le moyen termes? A quel prix?



En fait, le football togolais en tant que discipline sportive n’avait pas de gros problèmes puisque en plus du Mondial 2006, les Eperviers ont atteint leur meilleur niveau lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations (CAN)! Ce sont plutôt les dirigeants qui étaient le problème de notre football. Avec les premiers pas du nouveau Comité, il y a de l’espoir.
Maintenant que la maison est en bonne partie «assainie» et confiée à un homme de discipline et d’autorité, nous pouvons espérer de bons résultats, et parler de redécollage de notre football.

Vous avez démontré durant votre passage à la tête du Comité de Normalisation que vous pouvez encore être utile au Sport, au Togo et en Afrique. Monsieur FREITAS, pourquoi ne vous retrouve-t-on pas dans les plus hautes instances décisionnelles du Sport sur le continent noir?

On ne veut pas me voir évoluer pour aller plus loin et plus haut. On dirait que c’est pour moi que les mots jalousie et ingratitude ont été créés. En un mot, c’est parce que nous sommes au Togo et que je m’appelle Horacio FREITAS. On vient de décorer plusieurs compatriotes lors de la fête de l’indépendance; qui a pensé décorer Horacio FREITAS pour services rendus comme athlète et dirigeant au sport togolais? Personne.
En quelque sorte, j’ai le malheur d’être le fils de Paulin FREITAS, un ancien ministre d’Etat de Sylvanus OLYMPIO et moi-même je fus un opposant radical au Président EYADEMA jusqu’à la Conférence Nationale, avant de cohabiter politiquement avec lui par la suite.

Beaucoup ne m’ont jamais pardonné mon origine ethnique, mon choix politique d’alors ni les dons que Dieu m’a donnés pour le Sport. Si j’étais un citoyen d’un autre pays, je vous laisse imaginer à quel niveau j’évoluerais. Mais, rendons grâce à Dieu car, au moins, je suis vivant et plutôt en bonne forme.

Avez-vous définitivement mis un terme à votre riche parcours d’acteur culturel au Togo et en Afrique?


En effet, après avoir été scénariste, acteur, producteur de quelques courts ou longs métrages ou de séries télévisées, organisateur de Festivals de films, je suis heureux de passer la main aux jeunes qui m’épatent comme Steven AF, avec son film «SOLIM» que j’ai trouvé extraordinaire, ou Maxime TCHINCOUN dont le court-métrage «LES AVALES DU GRAND BLEU» dans lequel je tenais un petit rôle a reçu un prix au dernier FESPACO de Ouagadougou. Je demeure modestement le conseiller de beaucoup de jeunes dans tous les domaines. En outre, je continue d’écrire ce que je peux appeler les petits souvenirs d’un petit ministre d’un petit pays en superficie, mais une grande nation.

Vous êtes aussi politique…. Que devient votre parti? Pourquoi est-il aphone à l’heure où, plus que jamais, la classe politique locale est en train de se recomposer après 25 ans de lutte démocratique peu fructueuse?




Politique ??? En tout cas, je ne peux pas nier que je suis aussi un homme politique. Mon parti Unité Togolaise et Réconciliation (UTR) créé en 1991 et dont j’étais le Premier Secrétaire Général Adjoint aux côtés de feu Marc ATIDEPE est tombé dans les oubliettes depuis mon départ en exil en 1993, faute de moyens pour le ressusciter et surtout par manque d’ambition véritable. Fils du grand nationaliste Paulin FREITAS, je suis naturellement de l’opposition, mais, avec mon expérience, j’ai choisi de rester politiquement neutre pour être tranquille. J’estime que nous avons perdu trop de temps à rechercher la réconciliation que je ne vois pas venir depuis tant de temps et il y a eu trop de trahisons et de déceptions.

Presque un an après la dernière présidentielle au Togo, le pays n’a pas connu de significatives avancées en termes de consensus politique. Pourtant, ce ne sont pas les chantiers politiques qui manquent ! A qui la faute, face à la paupérisation des populations locales, en dépit des politiques sociales mises en branle depuis 2010 par le pouvoir Faure GNASSINGBE?



Il n’y a pas un seul pays au monde où la crise économique et financière ne sévit pas; a fortiori, dans nos pays en voie de développement qui recherchent la voie de l’émergence, tout est encore plus difficile.
Les chantiers politiques sont minés par des intérêts partisans et l’argent circule dans un cercle très fermé. Avec le ministère du Développement à la base, les autorités arrivent à réduire la pauvreté de façon sensible, mais le chantier est vaste et les besoins sont immenses; tout le monde n’aura pas la chance de bénéficier de ces aides; la vie est injuste…

Le Burkina Faso en 2015 et le Bénin en 2016, viennent de connaître des alternances démocratiques et pacifiques. Le Togo reste pointé du doigt comme le mauvais exemple en matière d’alternance par les observateurs de la démocratie en Afrique occidentale. Tare togolaise ou inconséquence des leaders politiques incarnant l’alternance depuis 1990?

Avec cette histoire d’alternance, chaque pays va à son rythme en fonction de son histoire personnelle et de la qualité ou des défauts des femmes et des hommes politiques qui gèrent la vie du pays. Nous sommes en retard par rapport aux pays voisins que vous avez cités (le Président COMPAORE n’a pas quitté le pouvoir dans le calme hein), mais nous sommes de très loin en avance sur le Zimbabwe, la Guinée Equatoriale, le Cameroun, le Soudan ou le Congo-Brazza pour ne citer que ces pays-là ; tout est relatif.
Vous savez bien que ce n’est pas faute d’avoir lutté et essayé d’arracher l’alternance au Togo ; nous avons des femmes et des hommes politiques de qualité au Togo, mais, à mon humble avis, c’est que l’heure de Dieu n’a pas encore sonné; alors, patience.



Le Togo, votre pays de naissance fête son 56ème anniversaire d’accession à la souveraineté internationale cette année. Quels ardents vœux peut-on lui formuler?

Des vœux de paix, de sécurité, de réussite et de progrès économiques avec un développement harmonieux dont les bénéfices seraient distribués jusque dans les hameaux les plus reculés à nos compatriotes.
Que tous nos compatriotes soient soignés dans des centres de santé équipés du minimum et que les écoles en toit de chaume et des pierres à la place des bancs deviennent un mauvais souvenir ou des vestiges pour les touristes.
Une vie politique animée contrairement à la léthargie ambiante actuelle. L’électricité et l’eau potable pour tous, c’est le minimum que nous devrions avoir après 56 ans dits d’indépendance ! Enfin, et c’est le plus important, que le SMIG soit revu à la hausse car, nous devons être les derniers de la classe en Afrique occidentale.



Qu’est-ce qui fera votre actualité personnelle durant les prochains mois sur le plan politique, sportif ou culturel?

Tout dépendra de Dieu, mais honnêtement, si les autorités de mon pays continuent de me laisser «pourrir» à la maison comme depuis 15 ans, alors, je ne m’occuperai plus que de ma famille, de mes enfants et petits-enfants. La famille FREITAS dont je suis d’ailleurs le chef a besoin de moi.
Le Togo que j’ai servi avec passion, s’est servi de moi et m’a pressé comme une orange pour me jeter par la suite. C’est dommage, mais, je le répète, la vie n’est pas juste et le mot ingratitude existe pour qualifier certaines situations comme la mienne. Comme disait feu mon Papa adoré, «Fais le bien parce que c’est le bien; n’attends pas que les hommes te remercient, tu seras déçu», fin de citation et merci pour avoir pensé à ma modeste personne pour cet entretien.

Interview réalisée par Edem Gadegbeku

 Commentaires