LOME - Les Togolais sont appelés aux urnes jeudi pour renouveler leur Assemblée Nationale, au cours d’un scrutin où l’opposition, divisée, va tenter de défier le pouvoir après de nombreuses manifestations hostiles au gouvernement.
Ces élections sont le plus récent chapitre d’une longue transition vers la démocratie, le Togo ayant été gouverné d’une main de fer pendant plus de 30 ans par Gnassingbé Eyadéma, jusqu’à sa mort en 2005.
Porté au pouvoir par l’armée, son fils Faure Gnassingbé lui a succédé en 2005. Il a remporté en 2005 puis en 2010 des scrutins présidentiels dont les résultats ont été contestés par l’opposition.
Le parti du président Gnassingbé avait raflé 50 sièges sur 81 lors des législatives de 2007.
Cette fois-ci, 91 sièges seront à pourvoir et 26 partis politiques vont
prendre part aux élections.
Le collectif "Sauvons le Togo" (CST) et la coalition Arc-en-Ciel, qui rassemblent plusieurs partis d’opposition et des membres de la société civile, ont manifesté ces derniers mois pour réclamer des réformes préalables au scrutin, initialement prévu en octobre 2012.
Malgré les manifestations de ces derniers mois, la campagne électorale s’est déroulée dans le calme. L’opposition accuse cependant les partisans du parti au pouvoir d’avoir attaqué mardi le convoi d’un de ses candidats à Kloto, au nord de Lomé.
Le gouvernement a dit mener l’enquête sur cet incident mais n’a pas voulu faire plus de commentaires à ce sujet.
Plusieurs partis d’opposition avaient menacé de boycotter le scrutin, mais ils ont finalement décidé d’y participer après avoir obtenu notamment des scrutateurs dans les bureaux de vote et des financements publics pour leur campagne.
A la veille des élections, cependant, des membres de l’opposition ont accusé le parti au pouvoir de frauder et ils ont appelé à un nouveau report du scrutin.
Jean-Pierre Fabre, une des figures de l’opposition, a dit à l’AFP refuser malgré tout de boycotter le scrutin parce qu’il ne souhaitait pas "laisser les autres en tête-à-tête avec le pouvoir".
M. Fabre, chef de l’Alliance nationale pour le changement (ANC, opposition) et principal adversaire de Gnassingbé à la présidentielle de 2010, fait liste commune avec le CST pour ce scrutin.
C’est la ministre de la promotion de la Femme Patricia Dagban-Zonvidé qui conduit à Lomé la liste de l’Union pour la République (UNIR, au pouvoir).
Elle a dit à l’AFP souhaiter "une majorité confortable pour permettre au chef de l’Etat de continuer ce qu’il a commencé depuis 2005", notamment de grands travaux d’infrastructures.
Le parti de Gilchrist Olympio, figure historique de l’opposition et fils du premier président togolais, prend aussi part au scrutin, même si lui-même n’apparaît pas sur les listes.
M. Olympio, dont le père a été assassiné en 1963 lors d’un coup d’Etat auquel a pris part le père de l’actuel président, a conclu un accord avec le pouvoir en 2010, à l’issue duquel son parti est entré au gouvernement.
Les bureaux de vote doivent ouvrir à 07H00 GMT et fermer à 16H00 GMT. Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant plusieurs jours.
La Cédéao et l’Union Africaine ont déployé des observateurs sur le terrain pour veiller au bon déroulement du scrutin.