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De la lutte pour les réformes au Togo: A ceux qui font les mêmes choses, ceux qui ne font rien et/ou qui torpillent
Publié le mercredi 25 mai 2016  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Déjeuner de presse du parti OBUTS sur la décentralisation
Lomé, le 14 mai 2016. Siège du parti OBUTS. Déjeuner de presse centré autour du débat passionné sur la tenue des élections locales au Togo depuis 1987


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Il y a manifestement au Togo, parmi ceux qui disent s’inscrire dans la lutte démocratique, trois groupes de personnes. Ceux qui font quelque chose, ceux qui ne font rien et ceux qui se contentent de torpiller tout ce que font ceux qui, eux au moins, prennent quelques initiatives. Quel que soit ce que fait chacun, le résultat est là ; rien ne semble bouger et le pouvoir, en face, a le temps de dérouler tranquillement son plan de conservation du pouvoir.

Samedi 21 mai dernier, la coalition politique CAP 2015 et ses partenaires ont organisé à Lomé une marche pour réclamer les réformes politiques promises par Faure Gnassingbé depuis dix ans. Ebranlée à partir de Kodjindji, dans le quartier Bè, comme d’habitude, pourrait-on dire, la colonne de milliers de manifestants a arpenté les rues du centre-ville de Lomé avant de chuter à la plage. Les organisateurs avaient annoncé vouloir se diriger en face de la Présidence, mais ils devront se contenter de la Place dite du Changement, non loin tout de même de la Présidence.

Plusieurs interventions ont été enregistrées et celle, peut-être la plus attendue, de Jean-Pierre Fabre, Chef de file de l’opposition et président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), principal parti du CAP 2015, qui va annoncer une prochaine marche sur le 04 juin prochain. Encore ? Se demandent plusieurs analystes. Retombe-t-on dans les mêmes scenarios classiques : marches Kodjindji-Plage sur plusieurs mois ?


Beaucoup de personnes, souvent au service du pouvoir, tournent en dérision les nombreuses marches organisées par le Front Républicain pour l’Alternance et le Changement, (FRAC) portée essentiellement à l’époque par l’UFC dont les membres créeront plus tard l’ANC. Il faut dire que la
plupart de ces railleurs sont dans un rôle de démobilisation. Mais il y a une vérité à considérer dans ces railleries, ni le FRAC, ni le CAP 2015 ne sont arrivés à obtenir satisfaction après leurs nombreuses marches. Au départ pour réclamer la victoire de la présidentielle de 2010, les marches ont eu, plus tard, d’autres objectifs dont les réformes.

La dernière, pour les réformes était très attendue. La toute première marche, après la présidentielle d’avril 2015 (en dehors de quelques tentatives non abouties), la marche de la dernière fois était très attendue, par les militants et, probablement aussi, par le pouvoir qui, lui, aurait voulu avoir une idée de la capacité de mobilisation de l’opposition après plusieurs déconvenues ces dernières années faites surtout de graves divisions internes. Elle a eu lieu, cette marche. Sans Anicroches majeures. Aucun affrontement, aucun gaz tiré, aucun blessé, aucun pneu brûlé… Et puis après?



Si tant est que l’objectif des manifestations de rue est de pousser le pouvoir si récalcitrant à enfin tenir parole, il ne suffira pas de mobiliser quelques milliers de personnes, les faire marcher dans les rues de Lomé pour obtenir les réformes. Tout le monde le sait, et les organisateurs des marches ne devraient pas feindre de le savoir. Même les évêques ont reconnu dans leur dernière lettre la nécessité parfois de « secouer » le régime pour lui faire concéder des avancées au profit des populations. Le rapport de force actuel est si favorable au pouvoir qu’il a le temps de faire des diversions et narguer les opinions nationale et internationale toutes favorables à la démocratisation et à la modernisation de nos institutions publiques par les réformes.

Se contenter de marches qui ne dérangent absolument personne et qui n’ont d’écho que sur les itinéraires pratiqués par les manifestants et que certains vont jusqu’à qualifier même de footing de week-end, ne résoudra pas les problèmes posés. Il faut bien plus que cela. Tout le monde le sait. Autrement, les difficultés actuelles de l’opposition à mobiliser continueront à se renforcer tant qu’elle ne propose rien d’efficace et de limité dans le temps.


Depuis un quart de siècle les Togolais se mobilisent autour de l’opposition. Si aujourd’hui la lutte n’a pas abouti, ce n’est pas la faute du peuple qui en a payé tous les prix (même en vies humaines). Si la lutte en est encore là, c’est essentiellement et surtout dû aux incohérences, inconséquences, interminables transhumances, coup bas, sournoiseries, arrogances… des hommes politiques de notre pays.

Alors que la situation de la population se dégrade et que les rares avancées démocratiques s’érodent, plusieurs ex-leaders, eux, sont aujourd’hui au frais et au beurre. Et depuis des années, rien de nouveau n’est proposé par la classe politique de l’opposition. Et les mobilisations de rue ont sérieusement commencé par s’émousser. Il faut le dire, c’est de plus en plus pénible pour l’opposition de se faire rejoindre dans la rue par des masses de plusieurs dizaines voire centaines de milliers de personnes. L’attitude du CAP au lendemain de la présidentielle n’a pas contribué à améliorer les choses.

Alors que les militants attendaient une réaction prompte des responsables du CAP, à la hauteur de la provocation de la bande à Taffa Tabiou à la Ceni, les leaders ont préféré se murer dans un silence pour se contenter quelques semaines plus tard d’un rapport, sans incidence aucune sur le processus électoral.


Les enjeux politiques de l’heure sont si importants qu’ils ne doivent plus être abordés avec la légèreté de ces dernières années. Autrement, autant s’abstenir de continuer par mobiliser les populations, sans résultats. Il y a la question des réformes qui devront régler définitivement celle de la dévolution du pouvoir dans notre pays et bien de questions comme celles du fonctionnement de nos institutions (Justice, Haac, Cour des Comptes, etc.).

Il y a la question, non moins importante et qui n’est pas totalement distincte de la première, des locales qui devront, elles, propulser le développement des différentes localités du pays. C’est de la vie de millions de Togolais résidant au Togo ou dans la diaspora qu’il s’agit. On a assez badiné pour continuer par prendre des initiatives sans issue ou annoncer des actions dont on est pertinemment sûr qu’elles n’aboutiront à rien du tout. Il est temps de créer un vrai rapport de force et aller jusqu’au bout de l’épreuve pour contraindre le régime, à prendre la mesure de la gravité dont il est question.


Et ceux qui ne font rien ou les torpilleurs?

Dans le lot de ceux qui ont la prétention d’agir dans l’espace au Togo, il y a une catégorie spéciale : celle de ceux qui ne font rien et qui se contentent de torpiller les initiatives des autres. Dans cette catégorie, il y a les minuscules partis qui se savent incapables de mobiliser dix personnes dans une quelconque manifestation de rue, pour réclamer jusqu’à obtenir un quelconque résultat.


Totalement incapables de s’offrir loyalement les moyens de leurs ambitions, et dépourvus de la vertu fondamentale d’humilité qui demande qu’on soit disposé à faire des concessions lorsqu’on est appelé à faire équipe avec d’autres, qui sont surtout plus forts que soi, ils se livrent à du chantage politique et surtout torpillent toute initiative venant de leurs anciens camarades. Leur position est classique : se cacher derrière des alibis qu’on présente comme des critiques avec pour objectifs de semer la confusion dans les esprits. Ils sont surtout caractérisés par l’inaction totale. La preuve, depuis la dernière présidentielle, un silence de cimetière s’est installé dans les quartiers généraux des partis, en dehors de quelques murmures et de commérages de bas étages.


Et il a fallu que le CAP 2015 annonce une reprise de ses manifestations pour que de pseudo-opposants trouvent des occasions de faire le tour des médias ou multiplient des déclarations pour saper la mobilisation. Plusieurs d’entre eux, possédés, comme un esprit, par l’envie, ne supportent pas de voir l’ANC (qu’ils voient derrière le CAP 2015) prendre et réussir une quelconque initiative. Que l’initiative soit salutaire ou pas, leur logique est claire : y mettre du sable. Souvent, leur combat contre les forces démocratiques qui incarnent le mieux les aspirations du peuple n’est qu’un appel du pied au pouvoir, dans l’espoir d’une suite favorable. Tout cela, au détriment de la lutte démocratique au Togo. Ces partis et leurs pseudo leaders font de la sous-traitance pour le pouvoir RPT-UNIR.

S’il y a actuellement des détracteurs de la lutte au Togo, ce sont surtout ces pseudo-opposants qui, pour leur ventre et leur confort personnel, sont prêts à tout, et le peuple prend acte de tous leurs agissements. Naïvement, dans leur logique, ils croient dur comme fer que l’alternance n’est pas pour demain et que leur va-et-vient est sans éventuel risque pour eux. Du coup, ils ne se privent de prendre des postures bizarres, même les plus ignobles possibles. Sauf que, eux et leurs commanditaires peuvent avoir tout prévu. Mais le peuple a toujours le dernier mot. Et tout peut arriver à tout moment. Comprenne qui pourra.

Mensah K.

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