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A propos des élections locales, des acteurs se positionnent/Dosseh SOHEY : «Il est temps d’encourager les candidatures des paysans et femmes de marché aux élections locales afin de leur permettre de briser la chaîne de l’endoctrinement»
Publié le mercredi 8 juin 2016  |  Emergence Togo




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Réformes politiques et élections locales, voilà deux préoccupations majeures qui retiennent aujourd’hui l’attention des différents acteurs au Togo. L’irréversibilité du processus démocratique, quoique chancelant parfois, impose la réalité selon laquelle ces réformes et élections locales tant réclamées aussi bien par les politiques que par la société civile verront incessamment le jour dans les mois ou les années à venir. Les unes pourront précéder les autres, mais l’évidence de leur tenue n’est pas à contester.


C’est dans cette perspective que nous avons approché Dosseh SOHEY, Président du Comité de Réflexion et d’Action pour la Promotion des Droits de l’Homme (CRAPH) et Coordonnateur Général Adjoint du réseau Horizon Mahatma Gandhi (HOMAGAN) afin d’avoir son point de vue. Pour lui, les paysans et les femmes de marché sont les premiers concernés lorsqu’il s’agit des élections locales. Lisez plutôt.

L’Engagement : Bonjour M. Dosseh SOHEY. Que peut comprendre de votre position par rapport à l’implication active des paysans dans le processus débouchant sur les élections locales ?
Dosseh SOHEY : Permettez-moi de vous remercier pour l’intérêt que vous portez à ma personne. Mes sentiments de gratitude vont également à l’endroit de nos paysans et femmes de marché. D’entrée de jeu, je m’en vais vous retourner la question : à part Le Tout-Puissant Le Créateur, quels sont ceux grâce à qui nous vivons, du chef de l’Etat au citoyen lambda ? Bien sûr ce sont les paysans. Il suffit qu’ils enclenchent un mouvement de grève dans le monde entier pour se rendre comptent que les armes les plus sophistiquées et meurtrières sont en deçà de leur force. En outre, selon les statistiques, plus de 60% de la population sont paysans. Il n’est pas longtemps, on parle de l’autosuffisance alimentaire assurée par les mêmes paysans. Pourtant, combien de paysans avons-nous au gouvernement ?

Combien de paysans avons-nous à l’Assemblée nationale ? Combien de paysans comptent les instances décisionnelles ? Déjà, vous vous rendez compte que l’inégalité est au comble, le panurgisme est au paroxysme. L’élite, si elle en est encore une, est totalement coupée de la masse pour se conformer à la réalité capitaliste selon laquelle le monde est un panier à crabes. En tant que tel, il faut maintenir la masse au fond du panier pour sauvegarder son hégémonie, sécuriser l’intégrité de sa suzeraineté. D’où l’axiome désapprobateur : « je milite au nom du peuple même sans le peuple pourvu que ce militantisme me profite au détriment dudit peuple qui ne trouve pas toujours son compte ».


On nous dira que les paysans ne sont pas suffisamment instruits pour être au niveau des « grands ». Encore faudrait-il rappeler que leur ignorance est parfois promue à dessein pour s’assurer qu’ils sont éternellement des moutons de panurge facilement contrôlables.


Le jour où ils se rendront véritablement compte de leur force issue d’une large fusion, ils pourront téléguider à leur aise tout ce monde qui se réclame de la bande élitiste.


Sinon comment peut-on comprendre que les élections locales donnent priorité aux populations locales de gérer elles-mêmes leurs localités et que les politiques s’activent encore à parachuter leurs militants pour venir les diriger ?


Dans les coins reculés, il existe des organisations paysannes, des groupements, des coopératives agricoles très bien organisés et qui n’ont rien à envier aux personnages à col blanc issus des rangs politiques. Le réseau HOMAGAN auquel appartient le CRAPH, en lançant cet appel, invite ces groupements et coopératives déjà organisés à prendre leur destin en main en postulant pour les locales en perspective. Ils sont plus concernés par le développement de leurs communautés que des partis politiques sans engagement ni conviction par rapport aux problèmes auxquels ils sont confrontés sur le terrain.


Cette fois-ci, les paysans doivent saisir l’occasion pour porter leur choix sur des personnages qui sont pour quelque chose dans le développement de leur localité.


Sinon quel crédit accorder à un politique face à un acteur de développement qui, depuis belle lurette, prend part activement dans le processus d’émergence de son milieu ? Quand on parle du développement d’une localité, la responsabilité première ne doit et n’incombe pas à quelqu’un qui ne représente que l’ombre de sa formation politique. C’est en cela qu’il urge de s’associer à toute initiative visant à en appeler à la conscience paysanne pour son éveil. Les paysans demeurent les acteurs privilégiés et incontournables de la gouvernance locale. Ne pas y prendre part en étant candidats, ils seront comptables devant l’histoire. Le politique, contrairement au paysan, affûte ses armes pour gérer à sa place. Le premier n’est pas tenu de prendre en compte toutes les doléances du second, pratique politique oblige ! Comment peut-on promouvoir la démocratie à la base sans l’implication réelle de la base ? Paradoxe !



Le constat qui se dégage est que le paysan a l’intelligence nécessaire pour la gestion de son milieu, mais le politique aussi a la maligne pour décourager toute entreprise visant à concurrencer la sienne. D’où la mise en œuvre des stratagèmes par le patronat politique pour détourner le prolétariat paysan de cette accession à la souveraineté locale. Ce qui est sûr, lorsque les groupements, coopératives agricoles et autres se désengagent au profit des partis politiques, on assistera indubitablement aux balbutiements tout au début puisque les dernières élections locales remontent à 1987. La routine en matière de gouvernance locale s’est estompée depuis. En d’autres termes, les nouveaux élus s’essayeront pour une bonne partie de leur mandature parce qu’ils sont en phase avec l’ère du renouveau.


L’instauration de la journée nationale du paysan, au-delà de la fanfaronnade politique, devrait être aussi une des occasions de transcender l’objectif premier assigné à de telles rencontres pour enclencher un mouvement révolutionnaire culturel. Révolution, pas celle sanguinaire, mais mentale. Cet éveil de conscience doit faire voler en éclats ce système clos pour mettre la minorité en union étroite avec le peuple.


Le paysan doit savoir que si méritoires que soient ses efforts, et si brillants que soient les résultats obtenus, il demeurera toujours au fond du gouffre aussi longtemps que l’éclosion d’une pensée nouvelle ne l’affecte.


Dorénavant, le paysan doit choisir de bons leaders, et ce, conformément à la pensée chinoise : « le patron qui ne considère pas comme au-dessous de lui de se livrer au même travail que le plus humble de ses collaborateurs, non seulement s’enrichit lui-même par cette expérience, mais établit avec les membres de l’équipe des rapports d’égalité, qui sont essentiels pour assurer une meilleure participation de tous à la tâche commune. » A l’issue des locales, il ne doit pas être question d’une quelconque spécialisation systématique entre gouvernants locaux et paysans prolétaires. La hiérarchie administrative n’aura exercé qu’une tâche modeste et de coordination. Tout le monde doit être au cœur de l’action afin de sauver notre pays de cette démocratie maladive dont souffrent plusieurs nations.


Le réseau HOMAGAN entend mobiliser toutes les énergies en faveur de l’approche participative de la classe paysanne, appauvrie et non pauvre.

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