D’une part, des injures à l’endroit du Président National au cours d’une réunion informelle des prétendus présidents fédéraux du Parti, d’autre part des empoignades au cours d’une rencontre à Vogan, tel était le spectacle ahurissant, éhonté qu’ ont offert la semaine dernière des cadres du parti dit des « déshérités ».
Ainsi, la crise au Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) a pris une autre tournure qui risque d’envenimer la situation délétère qui prévaut au sein des cadres du parti divisés en deux courants. Chaque camp tente de justifier ses actions en ignorant bien sûr les textes qui régissent les activités du parti.
D’ après nos investigations, en dehors des causes lointaines déjà connues, l’élément qui a fait déborder le vase est lié à la présidentielle de 2015. En effet, selon des sources proches des deux camps, il s’agirait de l’argent offert par le pouvoir qui devrait en principe être destiné à tous les cadres du CAR, pour avoir aider Faure Gnassingbé à rester au pouvoir à la suite de cette élection présidentielle 2015. Les mêmes sources indiquent que Me Agboyibo aurait bloqué l’argent, pour son usage personnel.
Il se dit au sein du Comité directeur et du bureau exécutif du parti que le bélier noir, au lieu de partager le magot équitablement aux cadres du parti, aurait tout simplement procédé à un partage inégal, en se basant sur l’affinité ou la loyauté de certains à son égard. Bref, il aurait utilisé l’argent pour manipuler ses fidèles, afin de soutenir son retour à la tête du parti. Des informations que nous prenons avec beaucoup de pincettes. Mais une chose est sûre, l’homme qui est au centre de la crise demeure Me Agboyibo.
Il faut rappeler qu’il a été toujours une béquille du pouvoir RPT/UNIR. De temps en temps, il surfe sur cette complicité pour détruire la dynamique populaire. Uniquement à cause de l’argent, dit-on souvent. Si l’alternance politique tarde à être une réalité au Togo, des gens pensent que Me Agboyibo et ses sbires en ont pour quelque chose. La haine politique du bélier noir de Kouvé l’a transformé en « démon politique» à travers des accords secrets, des compromissions politiques dont il fut l’un des grands acteurs.
A partir de cette crise, les Togolais connaissent petit-à-petit le vrai visage du CAR et de Me Agboyibo. Des dissensions apparaissent la vérité. Des cadres avouent publiquement qu’ils ont longtemps vénéré Me Agboyibo. Ils l’ont même déifié. C’est pourquoi donc l’homme pense qu’il est au-dessus de tout le monde. Même sorti du bureau national, il avait toujours le dernier mot, jusqu’à ce que la crise éclate publiquement.
Des sources disent qu’auparavant les réunions du bureau national, au lieu de se tenir au siège du parti, se tenaient dans le salon du «président d’honneur ou fondateur ». Une preuve suffisante qui justifie la mainmise de Me Agboyibo sur les activités du parti. On susurre qu’il aurait investi beaucoup d’argent dans la vie du parti. Aujourd’hui, il se sent lésé, lorsque les nouveaux dirigeants du parti voudraient insuffler une nouvelle orientation au parti. C’est à-dire diriger le parti, selon les normes républicaines ou par des méthodes orthodoxes.
Les évènements de la semaine dernière prouvent que Me Agboyibo a du mal à se départir des méthodes peu orthodoxes qui se traduisent par les manipulations des consciences à base d’argent pour détruire son adversaire. La réunion informelle tenue dans un hôtel de la place à l’insu du président national, Me Apevon, qui était à l’étranger, donne raison à ceux qui pensent que Me Agboyibo était derrière cette mise en scène dont la finalité serait d’organiser un congrès pour remplacer Me Apevon. D’ailleurs, beaucoup d’analystes politiques s’accordent à dire que le séjour des délégués venus de l’intérieur du pays pour participer à cette réunion serait couvert par Me Agboyibo. Ils se basent sur les témoignages faits par certains délégués sortis de cette réunion.
De plus, le bureau national et de surcroit le Président National du CAR n’était pas au courant de cette réunion qui a servi de cadre aux partisans de Me Agboyibo, pour lancer des piques à l’endroit du camp adverse et exiger un congrès. Il est vrai que le congrès du parti devrait normalement être convoqué depuis 2012, date de la fin du mandat de Me Apevon. Pourquoi ce dernier ne l’a-t-il pas convoqué jusqu’à présent ? Ces crises latentes ont-elles retardé l’organisation du congrès ? Des évènements actuels justifient le retard pris par ce congrès.
D’ailleurs, Me Agboyibo lui-même ne l’a-t-il pas demandé au bureau de sursoir l’organisation du congrès, dès le début des hostilités, pour, dit-on, amener le calme dans la maison avant ce congrès ? Pourquoi subitement, au paroxysme de la crise, il appelle au congrès pour le renouvellement des instances du parti ? Cette obsession d’aller au congrès, dans ces conditions tumultueuses, ne justifie- t-elle pas son retour à la tête du parti ou le choix qu’il porte sur la personne de Jean Kissi qui lui est très fidèle, c’est-à-dire qui est devenu un béni-béni-oui pour lui ? En tout cas, des sources indiquent déjà une division au sein du parti. Et l’on susurre que Me Apevon et ses acolytes voudraient purement et simplement quitter le CAR pour créer un autre parti, comme l’a fait Jean-Pierre FABRE au lendemain de la présidentielle de 2010 lorsque l’Union des Forces de Changement (UFC) traversait une crise.
Dans tous les cas, les Togolais attendent avec impatience le dénouement de ce feuilleton qui a cours au sein du Comité d’Action pour le Renouveau.