Pour un apaisement de la situation politique au Togo : Et si on essayait « une vice-présidence » ?
La tension politique qui prévaut au Togo en ce moment nous impose de réinventer une « Démocratie Togolaise ».
Selon Aimé CESAIRE, « il y a deux manières pour un peuple de se perdre : Par ségrégation, muré dans le singulier ou par dilution dans un universalisme à outrance ».
Si la démocratie a du mal à s’adapter à notre pays, INVENTONS notre démocratie !
Au-delà des questions de légitimité, une exigence de réalisme politique dans la représentativité des élus du peuple s’avère indispensable pour garantir la paix sociale et renouer avec l’Etat nation.
Si le Président de la République est élu au suffrage universel lors d’un scrutin national selon la constitution togolaise (Art. 59, alinéa 1), il n’en est pas de même pour le Président de l’Assemblée nationale qui est élu sur un scrutin de liste dans une circonscription électorale avec quelques milliers de voix seulement. Et pourtant c’est ce dernier qui assure l’intérim de la fonction présidentielle en cas de vacance de la présidence de la République (Art. 65, alinéa 1 de la constitution).
En considérant que le fond des reproches faits par l’opposition aux gouvernants réside principalement dans leur non-participation aux institutions de régulation et de contrôle du pouvoir ainsi qu’à la jouissance des richesses et privilèges publics, il serait judicieux d’imaginer un mécanisme réaliste et légitimé de participation des uns et des autres à la gestion de la chose publique.
Cette démocratie « apaisante » à la « togolaise » pourrait être à notre avis basée sur l’institution d’un poste de « VICE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE » après une réforme constitutionnelle.
*La Vice-présidence de la République au Togo : Une réalité anthropologique
Si la légitimité du Président de la République issu de l’élection présidentielle au suffrage universel ne souffre d’aucune contestation constitutionnelle en substance (basée sur la majorité des voix recueillies au niveau national), celle par contre du Président de l’Assemblée nationale en tant que « deuxième personnage de l’Etat » semble beaucoup moins évidente. Nous ne parlons pas de la légitimité de son élection comme député ni comme président de l’hémicycle par ses pairs, mais uniquement du privilège que lui confère l’Art. 65, alinéa 1 pour assurer l’intérim de la présidence de la République en cas de vacance du pouvoir.
Il serait logiquement efficient et équitable de conférer ce rôle à un Vice-président issu de l’élection présidentielle.
Dans le cas d’espèce, cette Vice-présidence pourrait revenir au candidat qui est arrivé en deuxième position lors de la dernière élection présidentielle compte tenu des suffrages qu’il a obtenu. Ceci aura pour vertus :
- De calmer les frustrations de l’opposition et de l’empêcher de se radicaliser ;
- De permettre au plus grand nombre d’acteurs politiques de se former à la gestion de la chose publique ;
- De permettre aux partis de l’opposition de participer à des gouvernements d’ouverture sans craindre d’être taxés de « Brutus», de « collabos » ;
- De calmer les tensions politiques………
* Moyens d’y parvenir : Le Référendum de modification constitutionnelle
Il est impératif de respecter la constitution dans le mécanisme de mise en place de la Vice-présidence et le référendum est l’instrument idoine.
En effet, qu’il soit d’initiative populaire (Art. 4 de la constitution), ou d’inspiration législative ou présidentielle (Art. 144), le référendum permet de faire une révision de nos lois fondamentales.
Ainsi la parole sera donnée au peuple ou à ses représentants « légitimes », peuple que tous les bords politiques semblent prendre virtuellement à témoin pour justifier leurs décisions et actes.
En attendant, le dialogue inclusif doit être la règle.
*Le dialogue national inclusif : De la nécessité de nommer un médiateur international
Le fait étant établi que les acteurs politiques togolais ne se font pas confiance, nous avons toujours proposé la nomination d’un médiateur international pour le règlement de la tension politique au Togo comme en 2006 avec le Président Blaise COMPARE. Nous nous réjouissons qu’enfin les acteurs s’accordent sur ce choix.
Dans cette optique, nous jugeons utile l’implication de deux pays européens, « amis » séculaires du Togo, à savoir la France et l’Allemagne.
En effet, leur connaissance approfondie du dossier politique togolais leur permettra d’être des acteurs objectifs (tant que faire se peut) de cette médiation.
Mais tout ceci sera subordonné à la mise en œuvre effective par le Pouvoir des décisions prises par le Dialogue Inter togolais d’août 2006 (l’Accord Politique Global), par exemple en ce qui concerne :
-Le fonctionnement régulier des institutions républicaines ;
-le respect des droits humains ;
-l’équité et la transparence des élections ;
-le caractère républicain de l’Armée et des Forces de l’ordre ;
-les questions de l’impunité ;
-le financement des partis politiques ;
-la prise en compte de la diaspora ………..
En outre, pour redonner confiance aux différents acteurs, les recommandations des rapports de la CVJR et de la CNDH doivent être mises en œuvre.
Et enfin, n’oublions jamais que « les révolutions veulent couper des têtes alors qu’il suffit souvent de changer simplement les cerveaux ».