Marche forcée vers une cinquième république taillée sur mesure pour Faure Gnassingbé.
Il n’y aura plus de débats sur les réformes à l’Assemblée nationale. Point barre, vient d’asséner le pouvoir en place. La proposition de loi portant réformes institutionnelle et constitutionnelle introduite par l’ANC et l’ADDI à l’Assemblée nationale est jetée à la poubelle.
Le Président de la Commission des Lois, Labitoko Kalila (UNIR), a mis «définitivement fin à toutes discutions sur les réformes constitutionnelles introduites par les députés de l’anc et d’Addi,ce malgré les protestations des signataires de la proposition de loi», a déclaré le député Ouro-Tchagnao.
Selon les indiscrétions de Me Dodji Apevon, président du CAR, d’après Christophe Tchao, président du groupe parlementaire UNIR, le pouvoir ne veut plus entendre parler de IVème République et est dans une dynamique d’aller vers une cinquième république (sic).
Le pouvoir reprocherait d’ailleurs à l’ANC son absence aux travaux du HCRRUN qui offrent une perspective plus vaste sur les réformes.
Voie libre
Il s’agit de toute évidence d’un bel enterrement par le pouvoir UNIR de l’Accord politique global de 2006, des conclusions de la Commission Justice, Vérité et Réconciliation. Faure Gnassingbé met apparemment en œuvre son plan d’une cinquième république. Au cours d’un voyage en Allemagne en juin, il a déclaré à la Deutsche Welle vouloir confier à une « commission dirigée par des intellectuels » une réflexion sur le pays. Il est de notoriété publique que la commission sera dirigée par le jeune président de l’Université Dodzi Kokoroko, un affidé du pouvoir.
La voie semble toute tracée par une constitution taillée sur mesure pour Faure Gnassingbé. Dans un pays où les élections sont caractérisées par la fraude, il n’y a pas de doute que le référendum passera comme une lettre à la poste.
Arrivé au pouvoir par une marche macabre sur le corps de 400 à 500 de ces concitoyens, voire 1.000 selon certaines organisations des droits de l’homme, Faure Gnassingbé se maintient au pouvoir grâce à une constitution émasculée, qui lui donne une mainmise sur tout l’appareil de l’Etat, l’Administration, la Justice et le Parlement.
Le sort réservé aux réformes arrive pourtant dans un contexte politique caractérisé par le scandale politico-financier dit du Wacemgate, du nom de l’entreprise de grande exploitation du clinker, dont les bénéfices sont envoyés sur un compte offshore au Panama. Le Premier ministre petit actionnaire recevrait 10 millions comme « cadeau » de cette entreprise. Une collusion entre intérêts privés et publics qui ne semble ébranler aucunement un pouvoir soutenu par une armée tribale adossée à une mafia financière internationale.