Pour la énième fois, le parti majoritaire à l’Assemblée nationale, l’Union pour la République (UNIR) a démontré son refus de ne pas opérer les réformes constitutionnelles et institutionnelles.
En réponse à la proposition de loi (loi portant modification des articles 38, 52, 60, 62, 100, 101, 144, et 145 de la Constitution du 14 octobre 1992) sur ces réformes introduite en fin juin 2016 par le groupe parlementaire Alliance nationale pour le changement (ANC) et l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), les députés UNIR s’abritent derrière le Hautcommissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN) pour justifier leur immobilisme face aux réformes.
L’ambiance était tumultueuse le vendredi 05 août 2016 à l’Assemblée nationale. C’est ce qu’ont fait savoir les députés ANC lors d’un point de presse improvisé dans la soirée. Ils tenaient à informer l’opinion sur le nouveau coup de force opéré par l’UNIR par rapport à leur proposition de loi.
Du retour d’une concertation demandée par Labitoko Kadina, le président de la commission lors des travaux le vendredi dernier, ce dernier a, contre toute attente, arrêté les débats en faisant valoir un vote au niveau de la commission. Ce qui a provoqué de la stupéfaction chez les députés du groupe parlementaire ADDI/ANC. « Dans la pratique parlementaire, c’est la première fois que nous avons vécu cela. C’est un coup de force qui vient d’être opéré parce qu’on n’arrête pas les débats au parlement. On peut les suspendre et reprendre ou continuer les débats jusqu’au vote en plénière », s’est indigné Ouro Akpo Tchagnao, député ANC. Il a ajouté que lorsqu’ils ont interpellé le président de la commission sur sa décision, pour toute réponse, Labitoko Kadina a quitté la salle en faisant fi des règles élémentaires de respect pour l’Assemblée nationale.
Mais ils n’étaient pas au bout de leur déconvenue. Christophe Tchao, le président du groupe parlementaire UNIR pest qu’il y a trop de désordres, qu’on ne peut léguer une telle histoire politique à la postérité et qu’il faudrait mettre un terme à tout cela et aller au référendum pour entrer dans une nouvelle République.
En réalité, le but visé par l’UNIR, c’est de faire «payer» à l’ANC son refus de participer à l’atelier de HCRRUN. Aussi, les députés de la majorité parlementaire se rabattent-ils et se cramponnent-ils sur le HCRRUN. « Les membres du groupe parlementaire UNIR estiment que les élus ont la responsabilité d’oeuvrer à l’aboutissement du processus des réformes en ayant à l’esprit l’intérêt général et en évitant les considérations partisanes. C’est dans cette optique que plusieurs formations politiques représentées à l’Assemblée nationale ont pris part à l’atelier du HCRRUN et y ont apporté des contributions remarquables », a fait valoir UNIR dans un communiqué rendu public dans la soirée du 05 août dernier.
Or, la Commission pilotée par Mme Awa Nana Daboya n’a pas reçu mandat du peuple pour que le parti UNIR s’adosse sur le HCRRUN pour faire blocus à la proposition de loi. Ce que leur a rappelé Isabelle Ameganvi, présidente du groupe parlementaire ANC. Elle a demandé si le HCRRUN derrière lequel se réfugie l’UNIR « reçu un mandat souverain du peuple togolais » et « a la possibilité de voter les lois ». Des questions qui n’ont pas reçu des réponses favorables. Se sentant pris dans leur entourloupe, les députés UNIR ont versé dans des débats de bas étage, rabaissant leur fonction de représentants du peuple. « Je suis lessivée, ahurie et épuisée par le comportement de nos collègues de l’UNIR qui nous faisaient croire à un moment sous un hangar de tchouk », s’est dite outrée Isabelle Ameganvi.
Ce blocus volontairement imposé par les députés UNIR en se focalisant sur le HCRRUN a fait intervenir Me Dodji Apevon, président du groupe parlementaire du Comité d’action pour le renouveau (CAR) et dont les propos ont été rapportés par les députés ANC lors de leur point de presse. « Ce qui a été dit au HCRRUN et ce sur quoi les gens se sont entendus, qu’est-ce que cela a de différent par rapport à la proposition de loi qui est soumise aujourd’hui à l’Assemblée nationale pour qu’on veuille coûte que coûte renvoyer au HCRRUN pour faire quoi ? » s’est-il demandé. Mais décidé à user du dilatoire pour rejeter la proposition de loi ANC/ADDI, Christophe Tchao est curieusement revenu sur la Conférence nationale souveraine (CNS). Selon lui, c’est le S (Souveraine) qui aurait fait capoter la CNS puisqu’au départ, c’était la Conférence nationale qui était prévue. Des subterfuges qui sont avancés pour repousser aux calendes grecques la matérialisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles.
Tout compte fait, les députés UNIR ont encore raté le coche (comme souvent) de faire démentir l’opinion. Ils font tout pour retarder les réformes tant réclamées par le peuple. C’est pourquoi pour les députés de l’ANC, il revient au peuple de prendre ses responsabilités. « Il appartient au peuple togolais de prendre ses responsabilités. Nous demandons au peuple d’arbitrer », a déclaré Ouro-Akpo Tchagnao.