L'utilisation d'un piège à moustiques récemment mis au point et faisant appel à l'odeur humaine a eu pour effet de faire baisser de 70 pourcent la population du moustique du paludisme le plus important sur l'île kenyane de Rusinga. Le résultat: une baisse de 30 pourcent des cas d'infection par le paludisme. C'est ce qui ressort d'une étude réalisée par des chercheurs des Pays-Bas, du Kenya et de la Suisse.
Un piège à moustiques récemment mis au point parvient à duper les moustiques vecteurs du paludisme. Il attire les insectes grâce à un leurre naturel -- l'odeur humaine-- composé d'acide lactique et d'autres substances dégagées par la peau humaine. Les moustiques qui s'approchent du piège sont aspirés par un ventilateur à énergie solaire.
Une étude réalisée par une équipe de chercheurs de l'Université de Wageningen, le Centre International de Physiologie et d'écologie des Insectes au Kenya (ICIPE) et l'Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH) montre que le piège a eu pour effet une baisse de 70 pourcent de la population des anophèles sur l'île kenyane de Rusinga. Le nombre d'infections paludéennes a baissé de 30 pourcent. Il s'agit de la première étude démontrant l'effet bénéfique des pièges à moustiques sur la santé. Dès lors, le piège pourrait devenir un outil décisif dans l'éradication de la maladie. L'étude a été publiée en juillet 2016 dans la revue scientifique "The Lancet".
Selon Willem Takken de l'Université de Wageningen et co-auteur de l'étude, le piège élimine les moustiques sans recours aux insecticides. Il n'y a pas d'effet nocif sur l'environnement et il est fort peu probable que les moustiques puissent développer une résistance, ajoute Takken.
Le chercheur note que le succès de la nouvelle approche repose sur l'effet combiné du piège à appât odorant, des moustiquaires et d'une stratégie sociale solide. Les pièges à appât odorant fonctionnent à l'électricité, mais l'île de Rusinga dans le lac Victoria n'a pas de réseau d'approvisionnement électrique. Des panneaux solaires ont donc été installés sur le toit des maisons. Cela a permis non seulement d'alimenter les pièges à moustiques en électricité mais aussi de fournir de l'électricité aux maisons pour l'éclairage et pour la recharge des téléphones mobiles. De vastes efforts ont également été déployés en matière d'éducation au paludisme et pour inciter les habitants de Rusinga à s'impliquer activement dans le projet. Sur la durée du projet, tous les foyers de Rusinga ont pu être équipés de pièges à moustiques. En tout, 4500 pièges ont été installés.
Le virus Zika et la dengue
Le piège à appât odorant est également susceptible d'offrir une solution à des maladies comme la dengue et le virus Zika, affirme Tom Smith de Swiss TPH; il ajoute que Aedes aegypti, le vecteur du virus Zika et de la dengue, est attiré par l'odeur humaine et est susceptible d'être endigué par de tels pièges.
Paludisme: coûts humains et économiques
Toutes les 30 secondes, un enfant meurt du paludisme. Cette maladie coûte à l'Afrique douze milliards de dollars par an en frais de santé et en pertes de productivité, notamment dans le secteur agricole. Il est donc vital pour la production vivrière dans le monde de combattre le paludisme sans recourir aux insecticides. L'OMS s'est fixé pour objectif l'éradication de cette maladie à l'horizon 2030. C'est pourquoi de nouveaux investissements sont nécessaires pour la mise au point de médicaments et de vaccins dans la lutte contre les moustiques.... suite de l'article sur Autre presse