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Sommet sur la sécurité maritime : Claudy Siar, le monsieur «Génération consciente» en propagande pour le régime de Faure Gnassingbé
Publié le dimanche 2 octobre 2016  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait
Centre-ville de Lomé vu depuis l`immeuble de la BTCI
Lomé, le 2 septembre 2015. Activités quotidiennes sur le boulevard circulaire, côté nord.


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«Pour changer le monde, il ne faut pas juste le regarder et prier. Il faut être activiste du changement». Cette citation d’une poétesse belge a été reprise par l’animateur radio et d’évènementiels Claudy Siar. Promoteur du concept de « génération consciente », l’Antillais se présente toujours comme un panafricaniste engagé, un modèle pour ses « frères » jeunes africains, un défenseur des opprimés. Récemment dans la crise au Gabon, il n’a pas hésité un seul instant à revêtir le manteau d’un activiste défenseur du peuple. Il publiera une série de citations pour inciter les Gabonais à ne rien lâcher, mais à aller jusqu’au bout de leur lutte.

« Un peuple qui ne veut pas payer le prix de la liberté est voué à supporter des despotes », publiera-t-il par exemple, reprenant l’auteur iranien Shrin Ebadi. En son propre compte, il publiera, entre autres, ces tweets : « Aux peuples opprimés ; préférez-vous la paix dans la tromperie ou l’incertitude d’une vie meilleure dans la liberté ? », « On n’a que les dirigeants qu’on mérite ou que les dirigeants qu’on accepte ». Visiblement très remonté, il partagera même cette citation de Nelson Mandela qui disait: « Rien ne sert de dialoguer avec un gouvernement dont la seule réponse s’exprime par des attaques sauvages contre des citoyens non-armés et sans défense ».


On voit bien que Claudy Siar est très engagé, dans le cas gabonais. Naturellement, il a senti, comme nous tous, comme un abus qu’un clan règne sur un pays et ses richesses pendant un demi-siècle. Mais il est une telle incohérence que la même personne qui se montre particulièrement virulente dans ses sorties contre le régime de Bongo, se retrouve à dealer en douce avec celui des Gnassingbé au Togo.


Au Gabon, Claudy Siar soutenait ceux qui refusaient un deuxième mandat à Ali Bongo. Et pourtant, il met son agence à la disposition de la propagande de Faure Gnassingbé qui, comme Ali Bongo, a hérité du pouvoir de son père. Et lui, il est à son 3e mandat, après 38 ans de règne de son père. Le régime gabonais auquel il s’oppose, désormais à visage découvert, n’est pourtant pas aussi répressif que celui de Lomé. On n’a pas connu au Gabon des massacres comme celui de 2005, perpétré par un régime qui continue de traîner plus de 500 cadavres dans son placard en refusant de faire justice aux rescapés qui ont introduit des plaintes restées sans la moindre suite depuis des années. Et ce, malgré les condamnations de la Cour de la CEDEAO.


Interpellé sur Twitter, Claudy Siar se défend que l’évènement est un sommet de l’Union Africaine qui se tient simplement à Lomé. Il a oublié avoir avoué, lui-même, qu’en juin dernier, c’était sur invitation du ministre en charge de la propagande, que dis-je, de la Communication du pouvoir de Faure Gnassingbé qu’il avait fait le déplacement de Lomé. On se rappelle bien que l’homme avait brandi comme un trophée à l’Assemblée nationale de Lomé, la loi portant statut des artistes, alors même que ceux pour qui la loi avait été votée, les artistes togolais, n’avaient été pas invités. Même pas un seul ! Quelques rares fois qu’ils s’y s’étaient présentés, ils l’avaient fait par simple curiosité, et non sur une invitation. Et même sur ce plan, celui qui se présente comme le promoteur des artistes africains aurait pu réclamer, ne serait-ce que pour masquer le jeu, que les artistes locaux puissent être invités. Ce n’était visiblement pas son choix. Ses deals avec le régime l’ont aveuglé. Totalement !


Sur Twitter, l’homme se défend en faisant croire que ce sommet est simplement une activité « panafricaine » qui ne se tient qu’à Lomé. Soit ! Mais il manque de dire la vérité, pleine et entière. Celle qui devrait le pousser à avouer que c’est le régime de Faure Gnassingbé qui a sollicité son agence pour la campagne internationale autour du fameux sommet dont les dépensent choquent l’opinion publique togolaise.

Alors qu’on croyait que l’homme était simplement chargé de faire venir la presse internationale au Togo, on apprend plutôt que le cahier de charge de son agence est plus étendu que cela. Son agence aurait même réalisé un film de propagande pour le sommet. Selon les informations, alors que la presse locale se voit proposer des contrats infantilisants, son agence est dotée de moyens pour prendre en charge le transport et le séjour des représentants des médias internationaux à Lomé. On apprend même qu’ils seront logés dans un nouvel hôtel huppé de la capitale en bordure de mer. On comprend donc que l’homme se taillera bel et bien une importante part dans les plus de deux milliards mobilisés pour la propagande autour de ce sommet.


Si Claudy Siar était un Richard Attias, on le dénoncerait quand même, pour complicité de pillage et gaspillage des ressources publiques des Togolais. Mais Claudy n’est pas (en tout cas prétend ne pas être) un capitaliste froid sans état d’âme. On ne peut prétendre défendre certaines valeurs humaines et être tout le temps dans des combines obscures avec des régimes répressifs et fermés comme celui du Togo qui n’ont d’autres fins que de polir l’image d’une dictature.


Pendant que Claudy Siar et les siens font les va-et-vient au Togo, avec des jours bien gras, il y a des Togolais qui, eux n’ont pas le droit de revenir dans leur propre pays. Simplement parce qu’ils ne regardent pas dans la même direction que le pouvoir. L’ancien président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), Koffi Kounté est devenu un exilé juste parce qu’il a fait un rapport constatant des pratiques de torture sur des citoyens togolais. L’ancien ministre François Boko est devenu paria pour avoir alerté l’opinion du massacre qui se préparait en 2005. La liste de ces Togolais est longue. Ceux qui ont osé faire le pas, les opposants Folikpo et Antoine Randolph, ont été appréhendés et envoyés au gnouf avant d’être relâchés pour qu’ils quittent le pays. Alberto Olympio vient d’être insidieusement et abusivement interdit de séjour au Togo par une décision d’une justice totalement aux ordres du pouvoir.


Le montant que ce régime déploie pour allécher des gens comme Claudy Siar fait plusieurs fois le montant que l’Etat consent comme aide (une disposition constitutionnelle) à toute la presse togolaise. Si Claudy Siar pouvait avoir le courage de faire le tour des hôpitaux publics togolais, pendant ses séjours togolais, il se rendrait compte du nombre de Togolais qui meurent gratuitement, parfois faute de 1.000 francs ou d’un matériel qui ne devrait coûter rien du tout.

Aux portes des blocs opératoires du plus grand CHU du Togo, même l’eau courante devient souvent un luxe. Les chirurgiens sont obligés de prescrire sur ordonnance des sachets d’eau aux patients. Eh oui, c’est cela le Togo des profiteurs que fréquente la bande à Claudy Siar. On voit bien qu’il est difficile qu’une cohérence se dégage entre les incantations de certains pseudos panafricanistes et leurs actes. C’est bien le cas Claudy. Toi-même tu sais !

Mensah K.



L’ALTERNATIVE - N°559 du 30 Septembre 2016



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