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Exclusif: Equipements douteux, acquis au marché noir... la nouvelle aérogare pas à l’abri de risques et menaces
Publié le mercredi 26 octobre 2016  |  L'Alternative


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Inauguration de la nouvelle aérogare de Lomé
Lomé, le 25 avril 2016. Aéroport AIGE. Faure GNASSINGBE inaugure la nouvelle aérogare, en présence de plusieurs opérateurs économiques et officiels divers.


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Lorsque le 13 septembre 2016 dans notre parution N° 554 du 13 septembre, nous écrivions : «Nouvelle aérogare de Lomé ; la chinoiserie de Faure et copains déjà inondée par une petite pluie », le sieur Dokisime Gnama Latta, président du comité de pilotage du réaménagement et de l’extension de l’aéroport international Gnassingbé Eyadema de Lomé s’est mis en transe, tel un diable tombé dans l’eau bénite.

Dans son cirque habituel dont lui seul a le secret, il a convoyé en bus des journalistes sur le site 4 jours après la pluie pour leur faire constater que le chantier dont il a eu la charge ne souffre d’aucune anomalie, faisant passer la Rédaction de L’Alternative pour des affabulateurs, des individus antipatriotes. Dans la foulée, il s’est plaint, et c’est son droit le plus absolu de saisir la HAAC qui a auditionné le Directeur de Publication du journal en l’enjoignant de publier un rectificatif du fait que l’article ne serait pas accompagné de preuve tangible. Ce qui fut fait. Mais comme on ne brûle pas la case du voleur, mais on la décoiffe, selon un adage africain, nous avons tenu à rebondir sur ce dossier pour mettre en exergue le grand scandale qu’est la nouvelle aérogare de Lomé.

Le colonel Gnama Latta est un excellent pilote, l’un des plus diplômés de l’armée de l’air, c’est à son honneur, et il est important de le préciser. Pour le reste, c’est un homme qui a un curieux rapport à la vérité malgré son air de chrétien pieux et assidu. Dans la série de dossiers que nous consacrerons à la construction scandaleuse de la nouvelle aérogare, les Togolais, y compris Faure Gnassingbé, se feront une idée du patriotisme dont s’affuble le sieur Gnama Latta. Dans cette première phase, nous publions une série de trois documents assez révélateurs des magouilles organisées dans l’achat du matériel d’équipement de la nouvelle aérogare.



Dénommés « Rapport de formation sur les machines à rayon X de la nouvelle aérogare et du nouveau fret », ces documents renseignent l’opinion non seulement sur l’état défectueux du matériel acquis au prix des yeux de la tête, mais mettent aussi en lumière les risques d’insécurité auxquels cet aéroport est soumis en ce temps de menaces terroristes. La formation sur les nouvelles machines installées a commencé le 19 février 2015 et s’est achevée quelques jours plus tard. L’état des machines acquises à prix d’or sur le tableau qui suit est non seulement scandaleux mais aussi inquiétant. Scandaleux parce que la bande à Gnama Latta, et certainement Ninsao Gnofam, malgré les 115 milliards de francs CFA s’est arrangée pour acheter du matériel défectueux au marché noir dont certains ont été démontés, le repeindre en prenant soin de le renommer au nom d’une société qui ne l’a jamais vendu au Togo.


Un faux et usage de faux qui pourrait coûter sa crédibilité à l’aéroport de Lomé. Inquiétant ensuite pour la simple raison, comme l’indiquent les observations, que ces machines ne sont pas en mesure de détecter certaines menaces avec précision, ou parfois pas du tout. En ces temps de menaces terroristes, on peut conclure que le pays n’est pas à l’abri de risque, de même que les compagnies qui desservent Lomé.

Un examiner SX fragile, un générateur prétendu neuf hors service, du matériel défectueux de marque ANALOGIC, démonté, repeint et renommé L3, un tomographe défectueux, des machines fragiles dont les cartes sont changées toutes les semaines. Plus loin des équipements L3 OPTEX qui n’identifie pas avec exactitude la nature des menaces notamment la distinction entre explosif ou pas d’explosif. Ce matériel L3 OPTEX est tellement limité et défectueux qu’il affiche un taux de fausse alarme élevé. Qui plus est, L3 OPTEX a échoué aux tests de certification aux USA ( TSA) et en Europe (ECAC) comme le précise les observations du tableau.


Quant au SMITHS DETECTION HI-SCAN 6040 aTix destiné à la détection automatique d’explosifs, le rapport indique qu’il existe une possibilité d’activer et de désactiver la détection automatique d’explosif. En d’autres termes contrairement à l’usage, l’homme a la possibilité de manier cet appareil et laisser passer des menaces dans les avions. La conclusion de ce premier rapport à la fin des observations résume en quelques phrases le scandale qui découle de l’achat des équipements. « Cette formation a été une formation très théorique. Il n y a pas eu de simulations des pannes pour pouvoir mieux connaitre les machines. Cette opération se fait au cours de la formation à l’usine. Il serait préférable d’envoyer les techniciens pour une formation approfondie en usine, comme on a toujours l’habitude de le faire dans l’ancienne aérogare.


Les machines de VISIOM ne sont pas fiables, si possible les remplacer, sinon la nouvelle aérogare n’est pas à l’abri des dysfonctionnements dès son ouverture, du moins changer les deux EDS et le tomographe ». Pourquoi cette formation a été uniquement théorique ? Parce que les techniciens n’ont pas été formés aux usines qui ont fabriqué les machines. Est-ce un oubli ou juste parce que Gnama Latta, Ninsao Gnofam et leurs complices ont préféré acheter les machines au marché noir, quitte à démonter, peindre et changer les marques plutôt que de les acheter dans une usine ?

Ce scandale d’achat d’équipements défectueux pour la nouvelle aérogare piloté par un colonel de l’armée de l’air, ressemble à celui du projet BIDC conduit là aussi par un autre colonel médecin proche de Faure Gnassingbé. Les 10 milliards du projet BIDC se sont évaporés dans la nature et les équipements acquis n’ont jamais fonctionné.

Le cas des trois scanners devenus des pièces détachées en est une illustration. Au regard des actes de prévarication graves de Gnama Latta et Ninsao Gnofam, et pour avoir une idée réelle du processus d’acquisition de ces équipements, la Rédaction de journal L’Alternative a saisi simultanément par courrier le 3 octobre 2016 les deux acteurs afin qu’ils mettent à sa disposition tous les documents liés à la construction de la nouvelle aérogare, et ce, en se basant sur l’article 2 de la Loi N° 2014-09 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques au Togo. Ces deux courriers (copie en fax similé) déchargés au cabinet du ministère des Infrastructures et des Transports le 4 octobre 2016 et le lendemain au secrétariat de l’ANAC, n’ont jamais eu de réponses, preuve suffisante du mépris manifeste et ostentatoire que ces commis de l’Etat appelés à gérer les affaires publiques ont vis-à-vis des contribuables. Le contraire aurait étonné plus d’un. Qu’à cela ne tienne, le feuilleton sur la mauvaise qualité des travaux de la nouvelle aérogare sur fond de détournements n’est qu ‘à ses débuts.

On dit souvent que l’armée, ce sont la discipline, l’honneur, l’exemplarité, la probité et valeur. Lorsqu’on confie la réalisation d’une telle infrastructure à un Colonel et qu’à la fin, lui et son réseau réalisent des travaux de mauvaise qualité exposant le pays à des dangers de toute sorte, point n’est besoin d’une quelconque contorsion pour dénoncer ce dernier. Gnama Latta doit enfiler son costume d’amuseur de galerie pour démontrer sa bonne foi, tant l’affaire est grave. A la Rédaction de L’Alternative, nous avons l’habitude des grands dossiers et nous ne cédons pas à des intimidations, surtout lorsque nous sommes en possession des documents probants. L’article consacré à l’inondation de la nouvelle aérogare n’est pas sorti de notre imagination fertile, et le sieur Gnama Latta le sait trop bien. Mais comme certains ont tenté de faire croire ou d’insinuer que l’objectif de cet article était de saboter le sommet sur la sécurité maritime (ce dont nous n’avons pas les moyens ou la capacité), nous avons accepté ce rectificatif, tout en promettant revenir sur le dossier. Nous y sommes.

«E pur si muove» (« Et pourtant elle tourne »), s’est exclamé Galilée, savant italien lorsqu’on le contraignait sous le coup de la condamnation, à démentir la thèse copernicienne sur la mobilité de la Terre. Et pourtant la nouvelle aérogare était exposée aux averses nonobstant les gesticulations de Gnama Latta et ses amis du ministère des Infrastructures et des Transports. Le feuilleton de la nouvelle aérogare de Lomé vient d’entrer dans une forte zone de turbulences et la suite s’annonce très mouvementée.


Ferdi-Nando


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