par Edmond Bertrand
Le Pr Edmond Bertrand est Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan, membre correspondant de l’Académie française de médecine. Il a exercé pendant trente ans en Afrique dans les centres ruraux, les hôpitaux régionaux et les CHU.
Dès 1900, la lutte contre le paludisme semblait devoir réussir puisqu’on savait presque tout de la maladie.
Et pourtant, plus de cent ans après, il est toujours là ! Ses signes étaient déjà connus dans l’Antiquité, notamment ceux de sa forme typique : fièvre avec frissons, puis chaleur, puis sueurs. Aujourd’hui, on connaît évidemment d’autres aspects de la pathologie. À partir du XVIIIe siècle en Europe, on guérit les malades avec l’écorce de quinquina, que les Amérindiens utilisaient depuis longtemps. Dès 1820, on utilise son principe actif, la quinine. Le parasite coupable, le plasmodium, fut découvert par Laveran en 1878 ; dès lors, la recherche du parasite dans le sang permet d’affirmer le diagnostic.
Sa transmission par l’anophèle femelle (moustique dont la piqûre est indolore) a été démontrée par Manson, qui a fait piquer son fils par un moustique infecté. La prévention paraissait simple : il suffisait d’éliminer les moustiques ou d’éviter leurs piqûres. D’où la règle : « Pas piqué, pas malade.»
Et pourtant le paludisme reste redoutable. En 2015, on lui a attribué, selon l’OMS, 214 millions de malades et 430 000 décès. L’Afrique subsaharienne paie le plus lourd tribut, avec 80 % des cas et plus de trois quarts des décès. D’une part parce que le parasite le plus fréquent, Plasmodium falciparum, est aussi le plus redoutable ; d’autre part parce que les malades n’ont pas toujours accès au traitement malgré l’augmentation importante des aides internationales accordées à la lutte contre le paludisme.... suite de l'article sur Jeune Afrique