C'est aujourd'hui la dernière journée de la rencontre Milky way for development, organisée à Abuja, au Nigeria. Pendant deux jours, des acteurs du secteur laitier de toute l'Afrique de l'Ouest se sont réunis pour parler de l'avenir de la filière. Aujourd'hui l'exploitation du lait local reste anecdotique alors que la demande ne fait qu'augmenter. Les importations de lait en poudre en revanche ont triplé ces quinze dernières années.
Ibrahima Bacoum est éleveur à Badenko, dans la région de Kayes au Mali. Depuis huit ans, ses 150 vaches ne produisent que du lait. Soutenu par l'ONG ICD, qui a mis en place une mini-laiterie à Badenko, Ibrahima arrive à vivre dignement même si les difficultés subsistent.
«Pendant la saison sèche il faut payer les aliments du bétail : le son de blé, le son de maïs, le tourteau de coton. L'année passée on a payé le tourteau entre 140 000 et 150 000 francs CFA la tonne. Ça coûte cher. On ne peut pas s'en sortir sans vendre des bœufs. On a beaucoup de problèmes. Pendant l'hivernage par exemple, on ne sait pas où écouler le lait. On n'a pas les moyens de le conserver alors on est obligé de vendre le lait frais. On le bazarde pour 150 - 200 francs CFA le litre alors que pendant la saison sèche, on le vend 300 francs CFA. »
Lait en poudre
Autre problème de taille : lutter contre la concurrence du lait en poudre en provenance de l'Union européenne ou de la Nouvelle-Zélande. L'Afrique de l'Ouest en importe plus de 2 millions de tonnes par an.
«L'éleveur nomade ici vend son lait cru sur le marché 1 euro le litre, explique Nancy Jones qui a créé en 1998 la laiterie Tivisky en Mauritanie.
Les usines l'achètent à 50 centimes d'euros le litre. En Europe, les usines l'achètent à 30 centimes. Et le lait en poudre reconstitué revient à 25 centimes. Donc des usines ouvrent en Afrique pour reconstituer de la poudre. Evidemment aux gouvernements africains on dit que le lait en poudre est bien parce qu'il n'est pas cher et donc accessible aux personnes les plus pauvres. Moi quand on me fait cette remarque, je rétorque que les éleveurs qui travaillent pour ma laiterie, et bien, ils ne sont plus pauvres ! » ... suite de l'article sur RFI