Nicodème Habia : « Au cours de cette année, nous avons connu des élections législatives qui ont été truquées avec l’assentiment du président national de l’UFC »
Togo - Nicodème Ayao Habia , l’ancien Vice-président de l’Union des Forces de Changement (UFC), exclu des rangs de cette formation politique avec trois de ses compagnons de lutte n’a pas perdu de sa verve. L’homme qui voue une « grande admiration » à Nelson Mandela, se prononce sur la disparition de l’ancien Président Sud-africain. Sur le plan national, Nicodème Habia s’attarde sur quelques grands évènements qui ont marqué la vie sociopolitique du Togo au cours de 2013. Selon lui, Gilchrist Olympio, aurait cautionné des manipulations lors des élections législatives du 25 juillet 2013. « Au cours de cette année, nous avons connu des élections législatives qui ont été truquées avec l’assentiment du président national de l'UFC, remettant ainsi en cause la voix à une alternance pacifique au Togo », a-t-il dit. Lire l’entretien.
Afreepress : Bonjour Honorable Habia Nicodème, le monde entier a pleuré la mort de Nelson Mandela, un homme que vous aimez particulièrement. Quel a été votre sentiment en apprenant son décès ?
Habia Nicodème : Il y a de cela quelques mois que la nation arc-en-ciel et nous qui l’adorons, avons commencé par nous préparer à cette éventualité. C’est toujours émouvant de voir un jour que celui qui a mené une lutte âpre et qui reste l’icône de l’Afrique et du monde n’est plus.
Chez nous lorsqu’un sage meurt on dit qu’il est en voyage. MADIBA est en voyage ce qui veut dire qu'il est toujours parmi nous. Il vivra toujours à côté de nous et surtout nous qui luttons sans relâche pour l’avènement de la démocratie au Togo. Il demeure une vitrine pour nous dans nos actes aux quotidiens.
Afreepress: Qu’avez-vous appris de sa vie ? Grâce à Mandela Habia Nicodème est-il devenu un homme meilleur, qui pardonne, qui oublie tout le mal qu’on a pu lui faire ?
Habia Nicodème : On a tiré de MADIBA beaucoup de chose. Il a démontré de la fermeté dans sa soif de libéralisation de l’Afrique du Sud. A son peuple, il a montré qu’il y a toujours une solution à toute situation et que l’on doit toujours chercher le meilleur pour son peuple. Au monde entier, il a été un exemple d'humilité, de pardon et d’engagement pour un idéal.
Afreepress: Comment d’après vous, l’exemple de Nelson Mandela peut servir pour la réconciliation et le pardon au Togo ?
Habia Nicodème : Après toutes les souffrances endurées, MANDELA n'a pas cherché à s’accrocher et à s'éterniser au pouvoir.
C'est seulement par l'honnêteté politique et surtout l'alternance qu’on peut parvenir à la réconciliation entre togolais. C’est ce qu’a lancé le président ghanéen John MAHAMA à Pretoria en Afrique du Sud aux chefs d'Etats en leur demandant de ne pas s'accrocher au pouvoir par le biais des manipulations et de la révision de leur constitution.
Afreepress: En tant qu’homme politique vous suivez l’actualité depuis le début de l’année 2013. Qu’est-ce qui vous a marqué ?
Habia Nicodème : L’année 2013 n’a pas été différente. Il y a eu des turbulences, des troubles sociopolitiques au cours de cette année comme en 2012. Il y a eu la manipulation de la justice, des emprisonnements d’hommes politiques.
Au cours de cette année, nous avons connu des élections législatives qui ont été truquées avec l’assentiment du président national de l'UFC, remettant ainsi en cause la voix à une alternance pacifique au Togo.
On se souvient de la mort l’année dernière d’Etienne YAKANOU et dont jusqu’à ce jour nous ne connaissons pas les causes réelles.
Afreepress: Habia Nicodème pourrait-il être candidat aux élections locales ou présidentielles à venir ?
Habia Nicodème : J’ai l’habitude de dire que nous sommes toujours en révolution et nous ne sommes pas encore sortis de cette révolution pour parler de démocratie. En révolution on a besoin d’une seule personne pour conduire les troupes c’est pourquoi j’avais parlé dans une de mes interview de l’unicité de candidature aux élections présidentielles. Il est permis à tout togolais d’être candidat, mais dans la situation actuelle de notre pays est-ce que c’est la bonne solution ?