L’onde de choc du résultat des dernières élections présidentielles aux Etats-Unis ne s’est toujours pas estompée. Encore groggy par la victoire de Donald TRUMP, des milliers d’Américains continuent de battre le pavé pour contester le nouveau locataire de la Maison Blanche. « Not my president » scandent les manifestants, jouant ainsi dans la rue, à l’image des pratiques de bon nombre d’oppositions en Afrique, un deuxième tour infructueux alors que le scrutin est définitivement fermé et l’issue acquise.
Le Républicain a gagné seul. Envers et contre l’etablishment, les anciens présidents en vie qui ont appelé à voter contre lui, les mass medias, les instituts de sondage, la société civile, une grande partie des apparatchiks de son propre camp, l’opinion internationale qui, pour une écrasante majorité, si elle avait eu le droit de vote, aurait porté ses suffrages sur Hillary CLINTON.
La campagne des organes de presse américains avec un écho très favorable dans le monde, présentant le magnat de l’immobilier au minimum comme un « idiot » ou « indigne » d’être le 45è président des Etats-Unis pour reprendre les mots du sortant, n’aura finalement pas beaucoup pesé. Sa victoire est donc un véritable pied de nez à cette large « coalition anti-trump ». C’est surtout l’expression de l’échec de Barack OBAMA.
En effet, si après huit années à la présidence, succède à l’ancien sénateur dont l’élection a suscité un élan inédit, un homme à qui tout l’oppose, au-delà de leur appartenance politique et de la nécessaire alternance qui est une donnée fondamentale aux Etats-Unis, c’est la démonstration que la soif d’un changement en profondeur était très forte. De sa politique et de celle de ses « semblables », les Américains ne voulaient pas en reprendre. En dépit de son fort engagement personnel et de celui de sa femme dans la campagne à un niveau jamais atteint auparavant, empruntant parfois des termes très durs pour décrire le candidat républicain. Un véritable camouflet pour le couple présidentiel que soulignent très peu d’analystes.
De fait, après deux mandats le pays est très divisé comme tous l’admettent, y compris les deux finalistes de l’élection. La violence n’a pas baissé, au contraire, la parole raciste ne s’est jamais autant libérée depuis des décennies, et les agressions basées sur la xénophobie se multiplier. A tout cela, Donald TRUMP n’est pas la cause, mais le symptôme. Prix Nobel de la Paix avant même d’entamer son administration, Barack OBAMA n’a pas ralenti le rythme des guerres que mènent les Américains dans le monde, sous différents prétextes. La planète n’est pas plus sûre aujourd’hui qu’elle ne l’était sous Georges W. BUSH, pourtant décrié comme un patent va-t-en guerre.
Mais surtout, les électeurs qui ont porté en triomphe un anti-système et qui ne sont pas tous de vilains racistes misogynes, ont voulu sanctionner une politique socio-économique qui les laisse au bord de la route. Leur vote est avant tout le cri de cœur de simples gens qui se sentent abandonnées, voient leurs conditions de vie se dégrader tous les jours malgré les promesses, n’ont plus ou peu d’emplois, sont angoissés par la mondialisation et appréhendent l’avenir de leurs enfants. Etc…
C’est connu : l’échec des politiques classiques et de la « caste » des dirigeants contribue à la montée du populisme et de l’extrémisme. On opposera à ceci l’ « obamacare » ; quoique important pour 20 millions d’Américains mais visiblement insuffisant comme bilan après 8 ans. Ou encore le niveau de popularité d’OBAMA. Encore faut-il que les sondages puissent encore être considérés comme crédibles, après leur dernier fiasco !