Le Togo, notre chère patrie, est un pays bizarre où il se passe souvent des choses étranges.
Depuis les événements du 05 Octobre 1990 dont les hommes au pouvoir n’aiment pas entendre parler, le pays a connu une évolution erratique due au comportement irréaliste de la classe politique dans son ensemble.
Nous ne le dirons jamais suffisamment assez. Notre petit pays peut devenir le paradis terrestre si nous nous en donnons la peine. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Et c’est bien dommage.
Faure GNASSINGBE est Président de la République depuis 11 ans. Il a succédé à son père qui a passé 38 ans au pouvoir. Une bonne partie des Togolais n’ont jamais accepté cette situation. Ils ont refusé d’avaler la couleuvre. Ils font donc de l’amalgame et sont persuadés que le RPT et l’UNIR sont un et indivisible et que Faure et EYADEMA, c’est du pareil au même. Cette vision des choses est parcellaire, inexacte, erronée et inconséquente.
Faure est une force tranquille. Il n’aime pas la pression des hommes, quitte à se soumettre à la pression des événements. Faure n’est pas EYADEMA parce que les deux ne sont pas de la même génération, de la même époque, ni du même moule.
Faure est un homme dont il est difficile, très difficile, de cerner les contours. Il est prêt à gérer les incertitudes et marche toujours à son rythme. Faure aujourd’hui est le seul maître à bord du bateau togolais. Ses plus proches collaborateurs le respectent et n’osent pas émettre des avis sur lui. Il n’a jamais ordonné la mise à mort d’un Togolais. C’est une évidence que personne ne peut nier.
En revan-che, EYADEMA, un militaire, était craint. Il terrorisait son entourage sans le vouloir et sans le savoir parce que, en définitive, c’était un homme de bon cœur, très expérimenté et qui aimait profondément le Togo même si dans sa vision, le pouvoir prime tout. L’homme privilégiait la vérité.
Voilà deux hommes qui ne sont liés que par des liens filiaux.
La probléma-tique des réformes n’a pas été le fait de Faure.
Dans la foulée de la Conférence Nationale, le Togo, sous l’impulsion de l’opposition, a adopté au forceps la Constitution de 1992.
Après le dialogue intertogolais en 1999 qui devrait être finalisé par le passage du Président CHIRAC à Lomé en 1999 pour sceller définitivement le départ apaisé d’EYADEMA, l’opposition incarnée par l’UFC, représentée sur le terrain par Jean-Pierre FABRE, a fait une entrave suicidaire dont nous payons le prix aujourd’hui.
Après donc le passage de Jacques CHIRAC à Lomé et l’échec de la conclusion des négociations par le seul fait de Jean Pierre FABRE, l’opposition s’est mise dans une posture d’insatisfaction et a adopté le boycott comme principe politique. Aussi et si bien que la politique de la chaise vide a été privilégiée. Conséquence, l’opposition s’était abstenue de participer aux législatives de 2002, ne serait-ce que pour obtenir une minorité de blocage susceptible d’empêcher le fameux toilettage de la Constitution de 1992 qui a tout plombé.
Avec ce toilettage, la limitation du mandat présidentiel a été déverrouillée. Et c’était de bonne guerre, parce que EYADEMA, à moins d’accepter de finir au bout d’une corde, n’avait obtenu aucune garantie pour abandonner, sous pression, le pouvoir, son seul rempart.
Aujourd’hui, on s’étonne de constater que FABRE réclame à cor et à cri une réforme constitutionnelle devenue son programme d’action qui lui permettra d’exister comme chef de file de l’opposition. Il se plaint paradoxalement qu’il ne bénéficie pas des avantages financiers et matériels liés à son statut. Mais, en même temps, lui-même ne respecte que sélectivement les clauses de la même loi en refusant d’assister à des manifestations pourtant liées à l’existence et à la souveraineté même de la Nation.
Que dire, sinon que Faure, détenteur du pouvoir, est face à l’histoire et qu’il doit agir vite et bien. Nous ne ferons jamais un plaidoyer en faveur du Président de la République parce que nous savons que l’homme sait où il va et ce qu’il fait. Même s’il lui arrive de se tromper, nous considérons que c’est humain. Il peut se ressaisir. L’essentiel, à nos yeux, c’est que le Président Faure GNASSINGBE a le devoir sacré de finaliser les réformes constitutionnelles et institutionnelles tant galvaudées. Il doit les mener rapidement à terme en dehors des échéances électorales, dans la sérénité la plus absolue.
Si OLYMPIO est le père de l’Indépendance, EYADEMA, le père de la Nation, Faure est incontestablement le père de la modernisation du Togo.
Modernisation dans toute sa plénitude. Nous n’ignorons pas qu’il existe autour du Président des forces totalement rétrogrades et négatives qui lui conseillent de prendre du temps. Malheureusement, le temps n’appartient pas à un homme. L’homme doit agir dans le temps et l’espace.
Les réformes doivent se faire pour éviter la spirale infernale dans laquelle nous nous enlisons avec des débats sans fin.
Pour Faure, les réformes constitutionnelles et institutionnelles dont on parle tant n’ont plus d’enjeu fondamental.
FABRE a accordé récemment une interview à notre confrère la Dépêche. Nous y reviendrons pour décrypter ses propos. Mais en attendant, nous savons une chose. FABRE est un populiste et le populisme est synonyme d’exclusion. Pour les populistes, tous ceux qui ne sont pas d’accord avec leur vision sont jetés dans la poubelle. Le populisme c’est l’anti pluralisme. On nie aux autres toute légitimité. Les populistes croient qu’ils sont les seuls vrais représentants du peuple. Ils croient détenir le monopole moral de représentativité. Ils sont persuadés que tous ceux qui ne sont pas d’accord avec cette ligne sont considérés comme les ennemis du peuple. Les populistes ne sont pas des démocrates. Nous devons user des ressorts intellectuels pour lutter contre les populistes.
FABRE est populiste. Tout ce qu’il dit est faux, archi-faux. Nous le mettons au défi de prouver le contraire.