L’homme de Défalé, Adji Otèth Ayassor est, sur cette photo, assis peinard, mais Dieu seul sait son niveau actuel de soucis.
Ce n’est peut-être qu’un secret de polichinelle, mais il vaut bien la peine de le souligner. Le trésor public togolais vit une tension sans précédent, les lignes sont au rouge, vraiment au rouge.
La liquidité se fait de plus en plus rare alors qu’au même moment les charges et besoins auxquels les finances doivent faire face augmentent au jour le jour.
Que faire dans un tel contexte où la tension sociale devient plus aiguë avec des fonctionnaires plus que jamais véhéments et exigeants sur leurs droits ?
Comment faire face à une dette intérieure de plus en plus croissante et qui met par terre l’activité de bon nombre d’entreprises locales à qui l’Etat doit des milliards de fcfa et ce depuis des années ?
Où trouver des ressources conséquentes et immédiates pour fluidifier les finances publiques en berne au moment où les partenaires au développement sont plus exigeants sur les réformes et la transparence dans la gestion de ces finances publiques ?
Plusieurs questions de cette nature taraudent l’esprit de Faure Gnassingbé et de son ministre de l’économie Adji Otèth Ayassor depuis des mois déjà.
Pour parer au plus pressant et maintenir une précaire subsistance, le ministère de l’économie et des finances a fait le pari de procéder par l’émission des bons de trésor.
Par le biais de la BCEAO, l’Etat du Togo vient encore d’exprimer un besoin de 25 milliards de fcfa qu’il entend payer par bons du trésor. L’opération a court jusqu’à la fin de ce mois de décembre et les bons seront payés dans un an avec de multiples intérêts.
En réalité ce n’est pas la première fois que le Togo recourt à ce genre de raccourcis pour avoir un peu de liquidité dans ses caisses.
Au-delà des emprunts obligataires et des prêts contractés par-ci par-là, plusieurs bons de trésors ont déjà été émis ces dernières années par l’Etat du Togo.
C’est dire combien l’on se trouve bien dans une situation de jonglage absolu où l’Etat vivote de façon quasi permanente.
Mais la question, la vraie question est de savoir pourquoi en est-on arrivé là alors que le pays a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE il y a juste quelques années ?
Comment Faure Gnassingbé et son ministre de l’économie peuvent-ils expliquer aux togolais que quatre ans seulement après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, le Togo soit retombé dans une telle précarité et une telle instabilité économique ?
Il suffit d’approcher un peu les entreprises chargées d’exécuter les travaux de construction de route à Lomé comme à l’intérieur du pays pour se rendre compte du niveau de difficulté que rencontrent les finances publiques togolaises.
Des marchés sont attribués à des entreprises mais sans décomptes. Les entreprises qui sont bien obligées de procéder par des prêts auprès des banques pour préfinancer les premières phases des travaux se retrouvent finalement dans une merde au bout de quelques mois.
Les agios sur les prêts et les garanties montent au jour le jour alors que l’Etat peine à décaisser les décomptes.
Au final le maigre bénéfice que l’entreprise devrait dégager sur le marché est happé par ces agios. Et bien souvent des travaux restent inachevés en attendant que l’Etat se résolve à agir, ce qui empiète naturellement sur les délais d’exécution de ces travaux. Mais à quoi cela sert-il alors de travailler avec l’Etat togolais ?
Voilà la pertinente question que la plupart des entreprises de BTP se posent aujourd’hui. Et donc la solution pour pallier à tout cela et intéresser autant que possible les décideurs afin de rester dans leur bonne grâce, est de surfacturer les marchés.
Mais oui. C’est juste une question d’intelligence !
Comment alors peut-on penser qu’avec autant de jonglage, l’Etat togolais peut réussir à équilibrer ses finances publiques et assurer une gestion saine et rationnelle de celles-ci ? C’est quasi impossible.
Mais le plus intrigant tient du gaspillage et de l’affectation des finances de l’Etat à des futilités que nous nous abstenons d’énumérer ici simplement par pudeur et élégance.
Mais il est très facile d’observer que l’essentiel des dettes qui sont remises à l’Etat après l’atteinte du PPTE et qui sont en principe destinées à faire face aux besoins sociaux et aux infrastructures de développement ont été pour l’essentiel deviées à d’autres fins peu recommandables.
Voilà pourquoi l’Etat du Togo a du mal à avoir du répondant devant les syndicats de l’enseignement et de la santé qui ne réclament que le minimum pour exister et travailler dans l’intérêt du peuple.
D’autre part, le premier Ministre Arthème Séléagodji Ahoomey-Zunu s’était amusé à dire aux députés lors de sa dernière déclaration de politique générale que le Togo avait une capacité d’endettement qui était de l’ordre de 45% contre une norme internationale de 70%. Où est-on aujourd’hui ?
Pourquoi tant de bailleurs refusent-ils d’accorder encore des prêts au Togo ou même d’investir chez nous malgré cette marge qu’est supposé présenter le pays ?
Il faut bien que les gens arrêtent un jour de se jouer de l’intelligence des togolais. Mais tout compte fait, le mensonge à beau quitter tôt, la vérité finira par le rattraper.
De très près, les togolais suivent les acrobaties de ce régime pour faire face aux différents défis qui se présentent au pays et ils auront le temps d’en juger pas eux-mêmes.